C’est une victoire pour le gouvernement. L’opérateur télécom Orange et l’opérateur de satellite Eutelsat se sont enfin entendus hier soir pour fournir une offre d’accès à Internet de “bon haut débit” (au moins 8 Mbit/s de débit descendant) grâce à une connexion par satellite. L’opérateur Eutelsat va commander le satellite Konnect VHTS (Very High Throughput Satellite) à Thales Alenia Space (TAS) et a conclu des accords de distribution avec Orange pour le grand public et Thales pour les gouvernements. La cible pour Orange, ce sont les zones isolées souffrant à la fois d’un ADSL peu performant et d’une faible connectivité mobile en raison de leur situation difficile d’accès. Il s’agit donc avant tout de territoires ruraux et de montagne. Un marché d’environ 400 000 foyers en France.
Les Américains rejetés
L’affaire n’était pas gagnée et n’a trouvé une issue qu’en raison d’un intense lobbying de l’Elysée, de la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Économie et des Finances Delphine Gény-Stephann et du secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Cohésion des territoires Julien Denormandie. Eutelsat et Orange n’avaient en effet pas du tout intérêt à s’allier, comme l’a relaté en détail le site La Tribune. Eutelsat avait déjà scellé des accords pour proposer les services d’un satellite de l’opérateur Viasat et du constructeur Boeing. Question de préférence nationale, le gouvernement n’a pas voulu de cette équation reposant sur deux groupes américains. Du côté d’Orange dont l’Etat est actionnaire, les réticences étaient grandes également pour des questions d’argent. Eutelsat aurait réclamé 1,2 milliards d’euros à l’opérateur historique au début des négociations. Toujours selon La Tribune, il se pourrait qu’Orange ait réussi à faire baisser ce prix à 150 millions d’euros sur sept ans. En échange, il pourra proposer des offres s’appuyant sur cette solution dans tous les pays européens où il est présent.
On ignore les performances attendues pour l’utilisateur
Le satellite n’entrera pas en fonction avant 2021 puisqu’il va falloir maintenant le construire et le lancer. Une échéance qui interviendra un an après la date butoir de 2020 à laquelle tous les Français devaient avoir accès à du bon haut débit, selon les engagements d’Emmanuel Macron. Le satellite sera doté d’une capacité de 500 Gbit/s en bande Ka. Eutelsat précise dans un communiqué de presse qu’“il embarquera à son bord le plus puissant processeur numérique jamais mis en orbite, capable d’allier flexibilité dans l’allocation de capacité, usage optimal du spectre et déploiement progressif du réseau au sol.” Mais les débits descendants et montants théoriques pour l’utilisateur ne sont pas détaillés. Autre problème, la latence qui reste le point faible des connexions par satellite. Cette dernière n’est pas non plus évoquée. Rappelons qu’Eutelsat fournit déjà des solutions d’accès à Internet par satellite via des services comme Tooway mais le débit est limité, ainsi que la capacité d’accueil de nouveaux clients.
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