« Nous avons pris la décision de multiplier par deux la capacité des câbles transatlantiques très rapidement. C’est pratiquement déjà opérationnel », a annoncé au micro de RTL le patron d’Orange, Stéphane Richard, en fin de semaine dernière.
Il faisait ici référence aux câbles sous-marins qui relient les Etats-Unis à la France et qui sont particulièrement critiques.
80% du trafic Internet français en dépend puisque nous nous connectons tous massivement aux services américains des GAFAM. De plus, les internautes finissent tous par passer par les infrastructures historiques d’Orange, quel que soit leur opérateur. Orange est en effet le seul acteur français à être Tier 1, c’est-à-dire qu’il est capable de joindre tous les réseaux par une interconnexion directe (peering) sans passer par un transitaire. Il dispose notamment de plus de 450 000 km de câbles sous-marins.
Il devient complexe d’intervenir en pleine crise du coronavirus
Mais doubler les capacités transatlantiques n’est pas chose facile en pleine crise du coronavirus.
« Cela nécessite d’intervenir directement sur les sites aux extrémités de la chaîne », nous explique Jean-Luc Vuillemin, directeur général d’Orange International Networks. « A partir du moment où vous avez une fibre optique déployée et que le niveau de transmission est activé, il vous reste à multiplier le nombre de liens IP entre la station du câble sous-marin et les routeurs dans les data centers », précise-t-il.
Il faut même intervenir jusque dans la fameuse « Data Center Alley » située dans la région d’Ashburn, en Virginie du Nord, pas très loin de Washington et de la côte. C’est le point d’intersection des réseaux le plus dense au monde : il concentre 70% du trafic Internet mondial.
De nombreux pays ferment leurs eaux territoriales
Or, la côte Est fait partie des territoires touchés par la pandémie aux Etats-Unis.
« Les interventions physiques sont rendues plus compliquées notamment à New-York », témoigne encore le directeur des réseaux d’Orange à l’international.
L’opération va toutefois être menée à bien. Ailleurs dans le monde, la situation devient également tendue. Il sera plus difficile d’accéder aux sites en cas de panne ou de congestion.
« De nombreux pays, notamment en Afrique, sont en train de fermer leurs portes et leurs eaux territoriales. De plus, les équipes embarquées sur les navires câbliers ne peuvent pas être relayées puisque les liaisons en avion sont interrompues. Et nos équipages commencent à s’inquiéter et à demander à rentrer », détaille encore Jean-Luc Vuillemin.
En ces temps de crise, la solidarité entre opérateurs dans le monde joue à plein.
« Nous avons tous conscience de n’être qu’un seul maillon de la chaîne du réseau international. Nous nous tenons tous par la main en espérant que cela tienne. Mais la situation n’est pas critique. Nous maîtrisons la charge et avons encore des marges significatives pour absorber la hausse du trafic Internet », conclut Jean-Luc Vuillemin.
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