« La prochaine box d’Orange sera une non box », a annoncé Stéphane Richard sur le plateau de 01netTV ce jeudi 20 avril en marge du Show Hello. Contrairement aux apparences, cette formule choc n’a rien d’énigmatique. Ce que le patron d’Orange annonce, c’est la disparition d’ici trois à cinq ans du boîtier TV. Jusqu’à présent, la plupart des abonnés au triple play possédaient deux box : une pour le réseau et une pour la télévision. Mais la virtualisation est en marche. « Ce que nous allons faire, c’est garder un petit boîtier pour assurer la connexion et déplacer toute la puissance de calcul et de stockage pour les médias dans nos serveurs », a détaillé le patron d’Orange pour 01net.com. « Les fonctionnalités et les services seront basculés progressivement dans le cloud, dans notre réseau ».
La Livebox lancée l’année dernière sera l’ultime boîtier d’Orange
Orange considère que sa Livebox commercialisée en 2016 était probablement la dernière. Sortie dans un contexte hyper concurrentiel, elle a été conçue pour offrir un réseau Wi-Fi dopé et de l’Ultra HD pour rivaliser avec la Box Miami de Bouygues Telecom et la box THD de SFR, en attendant la sortie hypothétique de Freebox V7. Une époque révolue. « Nous avons eu des box de plus en plus puissantes de génération en génération, c’est probablement la fin de cette escalade », nous confirme Luc Bretones, directeur du Technocentre d’Orange et d’Orange Vallée.
Ce que conserveront les abonnés, c’est un tout petit boîtier pour assurer la connexion au réseau… Et certaines fonctions qui ne pourront être virtualisées, comme la gestion du réseau local, le Wi-Fi ou des technologies de diffusion comme le bluetooth. Mais il sera probablement bien plus petit et moins puissant à l’avenir. Tout le reste sera accessible depuis n’importe quel écran de votre foyer, via une simple application.
L’enregistrement stocké dans le cloud à partir de 2018
La première fonctionnalité à être externalisée sera l’enregistrement, comme on peut le voir notre vidéo ci-dessous. Elle est déjà déployée depuis quelques mois en Roumanie, le sera avant la fin de l’année en Pologne et France début 2018. « Avec une box physique, vous êtes limités dans la quantité d’enregistrement que vous voulez lancer », observe Luc Bretones. « Avec la virtualisation, il sera possible techniquement d’enregistrer un nombre de programmes infini simultanément ou en décalé ».
Autre nouveauté à court terme, le pilotage à distance de plusieurs box sous la forme d’un réseau virtuel qui va apparaître de façon unifiée du point de vue de l’utilisateur. Il permettra également d’accéder à tous les terminaux et objets connectés de la maison. Il faudra juste définir un administrateur, attribuer des droits à chaque membre, et paramétrer les terminaux et objets connectés de la maison. Ainsi, lorsque vous rentrerez de vacances, vous serez en mesure de lancer le diaporama de vos photos et de vos vidéos simultanément sur les box virtuelles de plusieurs membres de votre famille à l’autre bout de la France. Ou partager avec vos proches vos dernières séries TV préférées. A l’inverse, un étudiant pourra éditer un document chez lui et l’imprimer immédiatement chez ses parents.
Pour Orange, il n’y aura pas de grand soir. La révolution va se faire au jour le jour, service par service. Impossible, par exemple, de basculer immédiatement de l’IPTV, qui délivre actuellement la télévision aux abonnés via les box, aux services over the top de type Molotov. Les fans de football, par exemple, exigent une simultanéité du signal en direct, histoire de ne pas acclamer un but trois secondes après tout le monde. Et cela ne peut être assuré aujourd’hui qu’en passant par de l’IPTV. « Peut-être qu’un jour les capacités de réseau qui permettent de gérer des grandes quantités de flux Over The Top seront telles qu’on pourra tout y basculer. Mais ce n’est pas encore pour un avenir proche », prévient encore Luc Bretonès.
Des contenus et des services à la carte
Autre avantage à cette virtualisation, l’ultra-personnalisation. Les FAI proposent encore aujourd’hui des bouquets de chaînes en fonction des goûts les plus fédérateurs. Aucune chance que vous puissiez accéder à une chaîne vegan ou centrée sur la pêche à la carpe, si telle est votre passion. A l’avenir, il sera possible de souscrire chaque jour à la carte aux chaînes et aux services que l’on souhaite, pour la durée que l’on veut. Comme accéder à du cloud gaming durant le seul temps de vos vacances, par exemple. Il suffira de cocher une case dans une interface en ligne.
Orange n’est pas le seul à sonner l’heure de la virtualisation des box. Le mois dernier, lors de sa démonstration 5G, Bouygues Telecom avait présenté aux journalistes présents un projet de dématérialisation de box. Une application encore très expérimentale. Reste à savoir ce que nous réservent, à leur tour, SFR et surtout Free dans ce domaine. Ce dernier n’a toujours pas dévoilé sa Freebox V7, et il serait surprenant qu’il ne s’intéresse pas à cette question.
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