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Opt-in : les marchands français cherchent un compromis

Le conseil européen des ministres a tranché en faveur de l’opt-in. Mais dans l’Hexagone, les professionnels suivent une autre voie : celle d’un marketing par e-mail moins contraignant, autrement dit l’opt-out encadré.

Jusqu’ici, dans l’e-mailing, il fallait choisir son camp : opt-in ou opt-out. Pour les uns, le démarchage sur internet devait être calqué sur les règles publicitaires en vigueur dans les autres médias, où l’annonceur ne demande pas l’autorisation de prospecter. Ce fut la position opt-out de la Fédération des entreprises de vente à distance (Fevad), emmenée par le très influent Bernard Siouffi, récemment nommé au Comité d’orientation de la mission numérique mise en place à Bercy. Pour la Fevad, l’opt-out a été“un combat de la libre entreprise contre les esprits malthusiens qui, sous prétexte de protection de la vie privée, veulent bloquer la dynamique du commerce”.Face aux intérêts des vépécistes, le Syndicat national des entreprises de communication directe (SNCD) est vite devenu le refuge des spécialistes de l’e-mail marketing, farouchement attachés à l’opt-in, c’est-à-dire aux fichiers d’adresses d’internautes ayant donné leur consentement pour recevoir des messages publicitaires.En juin 2000, le SNCD a créé une commission E-direct, présidée par la directrice générale de Wanadoo Data, Valérie Papaud, et qui rassemble les principaux acteurs de la profession, de Consodata à Directinet. Le ton était donné par les ayatollahs de l’opt-in, ces jeunes pousses qui, en plein boom internet, ont levé des fonds grâce à un modèle économique gagé sur des adresses e-mails à fort rendement.Mais depuis la publication par la SNCD d’un code de déontologie de la profession, le 3 décembre, cette configuration tranchée n’est plus de mise. “L’heure est venue de sortir du carcan dans lequel le débat opt-in/opt-out a enfermé la profession”, lance Valérie Papaud. Dans les faits, la charte pose pour principe l’information préalable de l’internaute au moment de la collecte, et défend le droit de s’opposer à tout moment à l’envoi de messages publicitaires.

Position officielle du gouvernement

Pour la Fevad, ce régime d’opposition est sans aucun doute un motif de satisfaction. Le vice-président du SNCD, Alain Gosset, le reconnaît volontiers :“Les arguments portés par les vépécistes pour le dynamisme commercial ont fait leur chemin.” Cette convergence de vue, que l’on résume dans le jargon par ” l’opt-out très encadré “, aurait été retenue par Matignon comme position de la France pour le vote à Bruxelles, le 6 décembre, de la directive sur la sécurité des communications électroniques.Jusqu’ici, c’est le principe strictement opt-in qui avait prévalu en France, que ce soit pour le fax ou les automates d’appel, en vertu des ordonnances des 23 juillet et 25 août de l’année 2001. Une mesure jugée“restrictive pour le commerce”, mise en place pour suppléer à l’inefficacité de la liste d’opposition nationale Safran (gérée par France Telecom) dans la lutte contre le spamming.Pour l’e-mail, la Fevad continue toutefois de défendre une liste Robinson, sur le modèle du marketing direct, permettant à chaque citoyen de s’inscrire pour ne pas recevoir de publipostages publicitaires. La SNCD réaffirme quant à elle l’inefficacité de ce dispositif et plaide “pour la mise en place de liste d’opposition par “fichier source””. C’est finalement la seule concession que Bernard Siouffi et les vépécistes devront faire pour couronner“cette paix des braves “.

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Sébastien Fumaroli