L’Union fait la force ! Au sein du projet communautaire Prestospace, l’INA (Institut national de l’audiovisuel), la BBC, la RAI et trente et un partenaires européens font bloc pour sauver quelque 100 millions
d’heures d’archives audiovisuelles à l’avenir incertain.Le ‘ syndrome du vinaigre ‘, altération chimico-physique qui dégrade les supports en acétate de cellulose, la disparition de certains lecteurs de bandes et, surtout, les coûts élevés liés à la sauvegarde de ce patrimoine ne
laissent présager rien de bon. C’est sur la base de ce constat qu’a démarré, en février dernier, Prestospace.Ce projet coordonné par l’INA, d’une durée de quarante mois, s’inscrit dans le sixième programme cadre pour la recherche et le développement technologique (FP6) de la Commission européenne. La charge de travail est
évaluée à 1510 hommes/mois, et le montant de l’investissement total à 15,62 millions d’euros. L’objectif consiste à offrir aux télévisions, aux radios, aux institutions ou aux petites archives en général la possibilité
de sauvegarder leur patrimoine audiovisuel et, surtout, de l’exploiter.Prestospace se présente comme un vrai projet de R&D découpé en quatre grands domaines. Pour la partie sauvegarde, des outils automatiseront le transfert des supports audio et vidéo ?” cassettes, bobines ?”, un
robot se chargeant de la recopie. L’industrialisation des processus est de mise. En fonction du volume à traiter, deux pistes sont envisagées : faire venir les fonds audiovisuels au sein d” usines à sauvegarder ‘ ou
concevoir des unités mobiles se déplaçant d’un fonds à l’autre.
Concilier urgence et rentabilité
En matière de restauration, de nouveaux algorithmes seront élaborés. Prestospace s’oriente également vers des systèmes bande à bande. ‘ Le résultat de la restauration doit pouvoir être testé en temps
réel, avance Jean-Hugues Chenot, chef de projet technique. Il faut compter entre sept et huit heures de travail pour une heure restaurée. Au-delà, on obtient une très bonne restauration, mais inabordable sur le plan
financier. ‘Pour le stockage, Prestospace entend faire appel au marché et sensibiliser les fabricants de matériels aux enjeux spécifiques de la gestion d’archives audiovisuelles : récupération sur erreur, temps d’accès… En
revanche, Prestospace développera son propre logiciel de planification. Faut-il commencer par traiter les archives les plus endommagées ou plutôt débuter par les plus anciennes ?‘ L’équation économique à résoudre consiste à gérer l’urgence tout en analysant les coûts et les bénéfices sur le long terme. Une sauvegarde doit être rentable. C’est un prérequis indispensable pour
qu’un prescripteur s’engage à en financer une partie. ‘ Dernier volet : l’accès et la livraison. Si l’INA, la BBC ou la RAI disposent de leur propre workflow, Prestospace proposera aux acteurs de moindre importance des systèmes de livraison de masse. ‘ Cela peut revêtir différentes formes : un camion rempli de
supports de données ou une liaison louée à haut-débit. ‘ De même, Prestospace fournira aux petites archives un système clés en main de consultation à base de PC en réseau. Les divers catalogues publics pourront ensuite être
interconnectés par le biais d’un intranet. Orientée grand public, la recherche s’effectuera par contenu, par image ou par analyse sémantique.Enfin, en ce qui concerne les métadonnées, Prestospace reprend l’existant, tout en misant sur l’acquisition de nouvelles métadonnées au cours de la sauvegarde ?” par exemple, la qualité du signal vidéo. Un
système d’information reliera ces différentes briques afin d’assurer un suivi des processus en cours.
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