La rue Montgallet, dans le Xlle arrondissement de Paris, bien que d’apparence plutôt banale, est pourtant très célèbre. La raison : l’impressionnante concentration de revendeurs de matériel informatique,
proposant
des prix souvent très attractifs comparés aux grandes enseignes. Les clients, qui s’y pressent en permanence, ont pu assister, hier, lundi 6 mars, à une opération coup de poing
des forces de l’ordre.Cent quatre-vingts gendarmes ont en effet débarqué en fin de journée pour perquisitionner dans quatorze boutiques suspectées d’écouler des supports vierges sans payer les taxes afférentes (importation, TVA, copie privée), donc à
des prix imbattables. L’opération faisait suite à une commission rogatoire d’un juge du tribunal de grande instance de Pontoise. A l’issue de cette descente, treize gérants de magasins ont été menottés, emmenés puis placés en garde à vue
?” ils devraient y rester jusqu’à mercredi 17 heures ?”, un quatorzième étant introuvable.Les gendarmes ont saisi 60 000 euros et 75 000 CD et DVD vierges, ainsi que des documents comptables. L’opération a également permis de relever, dans ces quatorze magasins, une quinzaine d’infractions au travail illégal.
‘ A ma connaissance, c’est la plus grosse opération dans le genre ‘, indique le Lieutenant-colonel Jean-Philippe Lecouffe, commandant de la Section de recherche de la gendarmerie de Versailles.L” opération Montgallet ‘ est en fait le deuxième volet d’une action de la gendarmerie contre une entreprise de revente en gros située dans le Val-d’Oise, le 23 février dernier. Quatre personnes ont été
mises en examen. Et 220 000 euros et 60 000 supports vierges saisis.‘ Nous avons découvert une filière d’importation de supports vierges qui aboutissait rue Montgallet ‘, indique le lieutenant-colonel Lecouffe. A l’origine de cette enquête, démarrée fin
2004 : une plainte de la Sorecop, organisme de la Sacem chargé du recouvrement des taxes inhérentes à la propriété intellectuelle sur les supports vierges.
Une vingtaine de boutiques et une seule famille
Dans les boutiques visées, les CD et DVD vierges étaient vendus à des prix défiant toute concurrence. ‘ Le prix unitaire d’un disque était inférieur au prix même du seul montant des taxes qui auraient dû être
payées ‘, indique Jean-Philippe Lecouffe. Pour lui, il ne faut pas faire d’amalgame entre toutes les enseignes de Montgallet. ‘ Les victimes de ce trafic sont la Sacem, l’Etat, mais aussi les
autres commerçants du coin, qui travaillent dans la légalité. ‘Même si la gendarmerie ne souhaite pas le confirmer, le coup de filet rue Montgallet (et les rues avoisinantes, comme la rue de Charenton) semble avoir porté sur une même et seule famille, d’origine chinoise, qui possède dans le secteur
au moins une vingtaine de boutiques. ‘ Dès qu’ils sont arrivés, indique un revendeur de la rue Montgallet, le marché du XIIe arrondissement a explosé. Les prix ont été poussés vers le
bas, tout le monde a dû rogner sur ses marges. ‘
Mais sans pouvoir suivre pour autant : ‘ Dans les commerces de cette famille, qui lui donnent, vu leur nombre, un quasi-monopole, les CD étaient vendus 12 centimes l’unité. Moi, je les propose à 47
entimes. Evidemment, de ce fait, je n’en vends quasiment pas. Ces gens là ont déstabilisé l’activité de ce quartier, ils faisaient n’importe quoi. ‘Les magasins incriminés n’ont pas fermé pour autant. ‘ Notre action portait sur des infractions bien précises, indique le lieutenant-colonel Lecouffe. Mais ces enseignes vendent d’autres types
de matériel informatique. En même temps, il est clair qu’il y aura des suites administratives [qui pourraient occasionner des fermetures, NDLR]. Derrière les gendarmes passera notamment le fisc. ‘ Les
boutiques pourraient donc bel et bien baisser le rideau.
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