Moins spectaculaire que celle du courtier Enron, la faillite de Global Crossing, opérateur international né en 1997, n’en est pas moins la plus importante de toute l’histoire des télécoms. Endetté à hauteur de 12,4 milliards de dollars après avoir déployé un réseau mondial de fibre optique, Global Crossing affichait 4,6 milliards de dollars de pertes sur les seuls neuf premiers mois de l’exercice 2001 pour un chiffre d’affaires de 2,4 milliards de dollars.L’aventure de Global Crossing ?” fondé par un ancien banquier d’affaires de Drexel Burnham Lambert ?” est caractéristique de la spéculation effrénée et de l’aveuglement qui entouraient ces nouveaux acteurs, censés ne faire qu’une bouchée des opérateurs historiques. Las, le bel édifice s’est effondré, laissant apparaître des surcapacités en bande passante qui outrepassent outrageusement la demande. Sans compter l’enquête en cours de la SEC américaine (commission boursière) au sujet de transactions apparemment frauduleuses.Désormais placé sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, Global Crossing (qui emploie 8 000 personnes) pourrait éviter la liquidation si les tribunaux américains acceptaient la solution proposée par Li Ka-Shing. Ce magnat de Hongkong, qui contrôle Hutchison Whampoa, s’est associé à Singapore Technologies pour faire une offre de reprise accompagnée d’une injection de 750 millions de dollars d’argent frais. “Racheter 750 millions de dollars un réseau international dans lequel ont été investis une quinzaine de milliards de dollars pourrait s’avérer judicieux”, relève un concurrent.Les déboires des opérateurs d’infrastructures ne sont pas un phénomène nouveau. Témoin l’effondrement, l’an dernier, de 360Networks, qui a coûté la bagatelle de 830 millions de dollars à Alcatel, son principal bailleur de fonds.
Serrage de boulons
Le groupe de Serge Tchuruk s’en tire à meilleur compte avec Global Crossing, qui ne lui laisse qu’une ardoise de 31 millions de dollars (contre 123 millions chez Lucent Technologies).Et la série noire n’est pas terminée. Level 3 affiche 4,9 milliards de dollars de pertes pour 1,53 milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2001. Pour s’en sortir, il supprime 75 % de son effectif tout en se recentrant sur ses principaux clients. Quant à l’opérateur européen Carrier 1, sa fin paraît proche.Également sous la surveillance de la communauté financière, le comportement de KPNQwest à court terme devrait constituer un bon indicateur de l’évolution de cette typologie d’acteurs. Plutôt optimiste, ce dernier pense être bien outillé pour surmonter la crise du secteur. “Notre petite taille est un atout”, estime Rhett Williams, le patron de l’activité Opérateurs et services aux ISP de KPNQwest.De même, le récent rachat, pour 510 millions de dollars, d’Ebone (dont 300 millions de dollars de reprise de dettes) serait une bonne affaire, sachant qu’environ 2,5 milliards de dollars avaient été investis dans ce réseau. Un contexte qui n’empêche pas KPNQwest (“seulement” 1,5 milliard de dollars de dettes) de serrer les boulons : l’effectif global de 3 200 personnes va être diminué de 25 %. Pour le reste, l’opérateur reste discrètement à l’affût d’opportunités en cas de très forte décote…
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