Les professionnels de la pub ne vont pas apprécier. L’éditeur Opera vient de présenter le premier navigateur pour postes fixes intégrant d’emblée une technologie anti-pub. Il est disponible en version développeur pour Windows, Linux et Mac. C’est une annonce intéressante, car jusqu’à présent, les fournisseurs de navigateurs laissaient cette fonction de filtrage aux extensions, comme celle de l’éditeur Adblock Plus. En septembre dernier, ce dernier avait, lui-aussi, présenté un navigateur anti-pub, mais il était limité aux terminaux mobiles.
Pour le coup, Opera va désormais plus loin que tous les autres. Selon l’éditeur, en intégrant l’anti-pub directement au niveau du moteur de rendu, le blocage serait nettement plus efficace et diminuerait le temps de chargement jusqu’à… 90 % ! En effet, plus il y a de pubs et de trackers sur une page web, plus le navigateur doit initier de connexions pour charger ce contenu tiers qui, dans certains cas, nécessitera nettement plus de temps que le contenu primaire.
Test de rapidité
Pour le prouver, Opera propose un module de test intégré baptisé « Speed test » qui indique les temps de chargement d’une page avec et sans technologie anti-pub. Les résultats que nous avons obtenus sont conformes aux prévisions. Sur la page forbes.com, nous avons effectivement pu réduire le temps de chargement de 89 %, avec un temps de chargement passant de 21 à 2 secondes. Sur cnn.com et foxnews.com, nous avons obtenu des scores respectivement de 87 % et 85 %. « Aujourd’hui, les publicités en ligne excessives nécessitent une quantité de bande passante comme jamais auparavant et ralentissent le chargement des pages. Parfois elles couvrent même le contenu que vous souhaitez voir », souligne Krystian Kolondra, senior vice president chez Opera, dans une note de blog.
Opera s’est également comparé à d’autres navigateurs munis d’une extension telle qu’AdBlock Plus. En moyenne, sa technologie anti-pub permettrait d’être « plus rapide de 45 % en moyenne ». Ce résultat s’appuie sur un test réalisé sur 66 pages web avec un ordinateur Windows 64bit avec 8 Go de RAM et un processeur AMD Phenom II X6.
Ce nouveau navigateur risque de plomber un peu plus les stratégies des publicitaires confrontés à une adoption massive de bloqueurs de pubs par les internautes. Selon Comscore/Sourcepoint, 27 % des internautes français surfent désormais avec un anti-pub, contre 24 % en Allemagne et 16 % au Canada. Autre mauvaise nouvelle : plus on est jeune, plus on est friand de ce type de technologie.
Script de détection
Mais les publicitaires n’ont pas dit leur dernier mot. Leur principal organe de représentation, l’Interactive Advertising Bureau, vient de publier un guide à destination des éditeurs de sites pour faire face à ce problème. Il propose un script de détection de technologie anti-pub et une tactique pour remettre l’internaute dans le droit chemin : il faut ainsi « expliquer » la valeur de la pub, « demander » aux internautes d’abandonner leur filtrage et, le cas échéant, « limiter » l’accès au contenu. Parallèlement, l’IAB milite désormais pour des publicités plus légères et moins intrusives. Il serait temps.
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