Avec la nouvelle version d’Opera 10.50, l’éditeur norvégien est parvenu à surprendre en lançant un navigateur ultrarapide, qui parvient même à détrôner Chrome selon nos tests. De passage à Paris, Charles McCathieNevile, son directeur normalisation et standards, est venu rendre visite à 01net. L’occasion de revenir sur quelques sujets chauds avec lui.
01net. : Avez-vous déjà profité du « ballot screen », cet écran multichoix imposé par la Commission européenne à Microsoft et qui invite les internautes à choisir leur navigateur Web ?
Charles McCathieNevile : J’ai vu comme vous l’article de Reuters [dans lequel Rolf Assev, directeur de la stratégie chez Opera indique que les téléchargements ont triplé, NDLR]. Mais il faut voir aussi que nous venons de lancer la version 10.50 du logiciel, ce qui fait naturellement monter le nombre de téléchargements. En tout cas, ça marche pas mal ! Mais on ne s’attendait pas non plus à ce que tous les utilisateurs changent pour Opera [rires].
Qu’attendez-vous de plus ?
On espère surtout un changement d’état d’esprit, une attitude plus ouverte, que les utilisateurs se rendent compte qu’ils peuvent changer de navigateur… Et que les développeurs Web se rendent compte aussi que travailler avec les standards Web est important.
Car on souhaite que cette exposition de la diversité des navigateurs permette de faire évoluer le Web. Il faut savoir que quand on est allé devant la Commission européenne, il y a deux ans [le norvégien a porté plainte en décembre 2007, NDLR], les développeurs devaient choisir entre le monopole – Internet Explorer – et les autres qui utilisaient les standards… Or même Microsoft a eu des problèmes pour faire passer ses utilisateurs d’IE6 à 7 ou 8, car trop souvent encore les sites sont développés pour IE6 ! Les évolutions sont, du coup, bien plus lentes…
Vous présentez la dernière version d’Opera comme le navigateur le plus rapide au monde…
Ce qui est intéressant, c’est que tout nos concurrents depuis deux ans ont connu le moment où ils étaient eux aussi « les plus rapides au monde ». Il y a trois ou quatre ans, Opera était bien plus rapide que tout le monde, mais personne ne s’en rendait compte, ce n’était pas important à ce moment-là !
Le concours du navigateur le plus rapide a commencé avec l’arrivée des applications Web complexes. Nous avons passé trop de temps à ne pas être les plus rapides, donc c’est notre tour maintenant ! Et c’est sérieux : notre moteur tourne extrêmement bien et la quasi-totalité des benchmarks le placent en tête de la course.
Comment voyez-vous l’arrivée de nouveaux concurrents comme Apple (Safari) ou Google (Chrome) ?
Nous sommes contents de jouer dans la cour des grands ! C’est vraiment plus dur maintenant, car nos concurrents sont de grandes entreprises, qui ont plus de budget, plus de marketing. Nous n’avons pas d’argent pour faire de la pub dans le métro [Google a fait campagne pour Chrome dans le métro parisien, NDLR].
Cela dit, l’effet jusqu’à aujourd’hui a été vraiment positif : à chaque fois qu’un nouveau concurrent arrive avec un nouveau navigateur, ça ouvre le marché. Et quand Google a lancé Chrome, nous avons eu une augmentation importante de nos téléchargements. Je crois que c’est simplement dû au fait que les utilisateurs se rendent compte qu’ils ont le choix.
Opera Mobile, paré pour l’App Store
Fin janvier, la fondation Mozilla s’est émue de l’utilisation du codec vidéo H.264 par YouTube pour tester HTML 5, et non pas d’un format libre comme Ogg/theora. Quelle est votre position et n’y a-t-il pas un risque de fragmentation ?
Ça fait trois ans qu’on expérimente la vidéo sans plug-in et nous défendons le format Ogg/Theora [comme Mozilla, NDLR]. Notre position, c’est qu’il faut avoir un standard qu’on puisse utiliser sans payer [au contraire de H.264, sous licence dans certains pays, NDLR]. Cela permet aux nouveaux entrants d’arriver sans dépenser des millions.
Google, lui, est un peu des deux côtés : il prend en charge Ogg/Theora dans Chrome… et utilise H.264 sur YouTube ! Bref, ils sont assez importants pour mettre les pieds partout. Nous avons essayé de faire adopter un standard pour la vidéo en HTML 5, mais il faut bien avouer que nous avons échoué. Il y a donc une fragmentation puisque tous les acteurs peuvent déjà choisir le codec qu’ils souhaitent !
Que pensez-vous de la sortie de Steve Jobs à propos de Flash, lorsqu’il annonce que cette technologie est dépassée et qu’il faut se tourner vers HTML 5 ?
A titre personnel, je ne suis pas friand de Flash, donc je pourrais m’en passer assez facilement… Mais sa disparition n’est pas pour demain ! Car HTML 5 ne suffit pas…
Ce que les gens de Macromedia [société rachetée par Adobe en 2005, NDLR] ont très bien fait à l’époque, ce sont de superbes outils de création pour Flash. Il va falloir refaire tous ces logiciels pour créer aussi facilement des documents HTML 5 que des documents Flash. On a les bases, mais il nous manque encore bon nombre d’outils.
Toujours à propos de Steve Jobs : Opera sur iPhone, c’est pour quand ?
C’est prêt ! On l’a montré, on a fait une preview au Mobile World Congress de Barcelone et nous sommes au point pour le proposer sur l’App Store. Mais il reste des problèmes à régler avec Apple, qui n’apprécie pas trop la concurrence… Cela a été beaucoup de travail, car Il nous a fallu réécrire le logiciel en partant de zéro, en Objective-C. En tout cas, nous aimerions le présenter sur l’App Store dans les semaines qui viennent.
Et sur Windows Mobile 7 ?
Nous avons lancé la semaine passée la version native d’Opera Mini pour Windows Mobile. Quant à la version 7, on va voir ! Mais ça ne sera sans doute pas trop compliqué étant donné que nous avons déjà porté Opera sur une vingtaine de plates-formes.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.