Pour tout fan de musique, le mot backstage a une résonance magique. Celle d’un lieu où l’on peut discuter avec un artiste ou un groupe, l’approcher un peu plus, entre connaisseurs. Un espace qu’une start-up
française, OpenDisc, tente de recréer en liant CD musicaux et sites Web spécifiques. Une expérience qui est suivie de près par les maisons de disques, désireuses de relancer leurs ventes.Guillaume Doret, directeur associé de la petite structure (cinq salariés), concevait autrefois des sites Web d’artistes. Aujourd’hui, les maisons de disque traversent une grave crise provoquée par la prolifération des morceaux piratés
sur le Web. D’où l’idée d’OpenDisc : récompenser les acheteurs de disques en leur offrant, via Internet, morceaux exclusifs, informations de première main et possibilité d’échanger avec les autres fans.
Des exclusivités réservées aux acheteurs de CD
Le dernier album de Faudel, Un autre Soleil, utilise cette technologie, indiquée par un logo sur la galette. Pour en profiter, il faut d’abord se connecter au site de l’artiste puis insérer le CD. Une fenêtre
s’ouvre alors, demandant quelques renseignements (nom, prénom, code postal, date d’anniversaire,…). Une fois les informations données, le fan du chanteur pourra découvrir un clip en avant-première et des vidéos de l’enregistrement de l’album,
sur une partie du site réservée aux possesseurs du CD.Sans le CD, cette zone est inaccessible puisque l’ordinateur ne peut s’y connecter qu’à l’aide d’un logiciel gravé sur le disque. OpenDisc se présente comme 100 % compatible avec les standards de lecture de CD et devrait donc
éviter les incompatibilités créées par les systèmes anticopie. Certains utilisateurs de Windows XP devront toutefois télécharger un patch, tandis que ceux de Mac OS X auront à patienter quelques mois.Le site de Faudel fait toutefois figure de parent pauvre face à ceux d’autres artistes. MC Solaar a ainsi composé une chanson spécifiquement pour son site OpenDisc. D’autres y font gagner des places pour des concerts privés. Jusqu’à
Stupeflip qui, pour tourner un clip lors d’une manifestation, a donné rendez-vous à ses fans en les contactant par e-mail.
Un bonus marketing pour les majors
Vu des maisons de disque, le bonus est avant tout marketing. Chaque utilisateur OpenDisc doit en effet donner quelques informations personnelles pour accéder au service. Ce qui a permis à un label de découvrir qu’un artiste français
ayant plus de vingt ans de carrière, donc avec un public a priori vieillissant, touchait en fait un public important de 25-34 ans. Une autre maison de disque a réalisé que l’un de ses artistes intéressait un public très
jeune. Et a décidé, en conséquence de passer ses publicités à l’heure des dessins animés sur TF1.OpenDisc se targue en effet de taux de retour élevés. ‘ 27 % des gens qui achètent des CD OpenDisc s’abonnent et vont sur le site spécifique, précise Guillaume Doret. Ce chiffre est très
variable. Avec un artiste touchant une large population, sur l’ensemble du territoire, le taux est plus faible qu’avec un groupe plus pointu. ‘Ayant lancé le premier CD OpenDisc fin 2000, avec Solaar pleure, la start-up en est encore au stade de la prospection. Les cinq majors et deux labels indépendants utilisent bien son système, mais sont loin de
l’avoir généralisé. A presque dix mille euros la licence pour chaque CD, le site OpenDisc n’est pas à la portée de toutes les bourses. Son utilisation par des poids lourds comme Patrick Bruel ou Doc Gyneco tient toutefois de
l’encouragement.La société va d’ailleurs franchir une étape, en ouvrant un bureau aux Etats-Unis. Mais devra y faire face à la concurrence de jeunes pousses locales, comme BandLink, qui lient aussi CD et contenu Web spécifique. Des initiatives qui vont
peut-être enfin pousser les maisons de disques à faire preuve dimagination.
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