Il y a déjà les logiciels libres. Il y aura peut-être les puces libres. Reprenant à leur actif les préceptes de Linus Torvalds, le père spirituel du système d’exploitation Linux, un groupe d’étudiants, de scientifiques et de professionnels américains regroupés sous la houlette d’OpenCores tentent d’appliquer son modèle de gratuité aux semi-conducteurs.Leur objectif : faciliter l’accès des start-up du secteur ou des petites sociétés spécialisées dans le design des composants à une banque de données graphiques. En fait, un répertoire de ” c?”urs de propriété intellectuelle “(IP cores) permettant la conception de processeurs, mémoires, contrôleurs et autres cartes mères.L’idée est de mettre gratuitement à la disposition du marché, grâce au Net, les parties fondamentales d’un puzzle, des blocs faisant parfois l’objet d’une réutilisation, mais qui exigeraient des millions de dollars d’investissements si ces sociétés prenaient en charge l’ensemble du programme de conception.En retour, OpenCores demande à ses adhérents de lui faire part de leurs travaux, des évolutions proposées ou des améliorations apportées sur ces noyaux de propriété intellectuelle lors de leurs projets respectifs.Faut-il le rappeler, c’est cette recette qui fut à l’origine du succès rencontré aujourd’hui par le système d’exploitation Linux.Entre autres travaux déclinés sur le site OpenCores.org, une équipe de développement travaille actuellement sur un c?”ur de processeur 32 bits basé sur la technologie Risc (OpenRisc 1000) tandis qu’une deuxième équipe planche sur l’architecture de la génération suivante OpenRisc 2000.Les développements en cours semblent privilégier la tendance du système sur puce (SoC) : en fait, un processeur entouré de fonctions spécifiques dédiées à son utilisation finale. Ces circuits, souvent utilisés dans la conception des décodeurs numériques, consoles de jeux et autres terminaux d’accès au Web sont l’une des spécialités de l’entreprise franco-italienne STMicroelectronics (STM), sixième fabricant mondial de semi-conducteurs.STM estime une telle démarche digne d’intérêt même si elle pose plusieurs questions : “Concevoir l’architecture d’un bloc représente un investissement important en terme de ressources. Son intégration nécessite la contribution d’autres fonctions : vérification, prototypage, développement de technologies, fabrication… Le concept est très intéressant et positif, mais de nombreux problèmes demeurent”, note Roberto Santecchi, responsable chez STM de la réutilisation des blocs de propriété intellectuelle.Moyennant quoi, il est peu probable que cette initiative fera de l’ombrage aux géants actuels. On voit mal l’architecture x86 des Pentium d’Intel être remise en question par les travaux d’OpenCores. Il n’empêche. Dans le monde du logiciel, l’expérience Linux a démontré l’intérêt d’une démarche fondée sur la transparence et le partage. Pour l’avoir ignoré, certains se retrouvent aujourd’hui à la traîne.
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