En Allemagne, la bataille des constructeurs automobiles sur internet pourrait bien être déclenchée par Opel. La filiale de l’Américain General Motors (GM) est le premier constructeur à proposer une partie de sa gamme sur son site. Depuis le 10 mars, les cinq modèles les plus demandés ?” l’Agila, la Corsa, l’Astra, la Vectra et l’Omega ?” sont mis en vente sur le web. Moyennant une caution de 52 euros (340 francs), le client peut passer commande, choisir son mode de financement et organiser la reprise de son ancien véhicule.
250 à 300 ventes sur 5 mois
Certes, cette expérience n’est pas inédite dans les filiales de GM. Il y a quelques mois, au Brésil, Chevrolet avait tenté de proposer un modèle sur le web. Sans suite apparente. L’opération réalisée par Opel, elle, va plus loin, puisque le constructeur propose au consommateur potentiel un large choix de modèles et options. Cependant, dans un premier temps, l’opération sera limitée à une période d’essai de cinq mois. ” Une voiture n’est pas un livre, les acheteurs doivent d’abord s’habituer à la vente sur internet “, explique-t-on au siège allemand du groupe. Les objectifs du constructeur restent d’ailleurs très modestes. Opel, qui a enregistré de lourdes pertes l’année dernière, ne table pas sur plus de 250 à 300 ventes sur toute la durée de la période de test.Mais pour y parvenir, le constructeur tire sur la corde sensible : les acheteurs bénéficieront d’une réduction de 7 à 11 % sur le prix de vente des véhicules. De fait, l’utilisation d’internet permet de réduire les coûts de distribution : selon les experts, ceux-ci s’élèvent en Allemagne à 35% du prix de vente ! Par ailleurs, la fabrication pourra s’effectuer plus rapidement et les frais liés au stockage seront considérablement réduits. Résultat : le délai de livraison ne dépassera pas ?” en principe ?” deux semaines. Pour autant, l’objectif du constructeur n’est pas de remplacer son réseau de vente. Au contraire, Opel a tenu à faire participer la quasi-totalité de ses concessionnaires d’outre-Rhin ?”soit 875 points de distribution?” à cette expérience. Pour ces derniers, la situation est pourtant délicate. Soit ils refusent de jouer le jeu, ce qui les met en délicatesse avec Opel, soit ils l’acceptent. Ils doivent alors modérer leurs tarifs pour que l’économie réalisée par le client soit conforme, à l’arrivée, à ce qui lui a été promis. Du coup, c’est toute l’économie du secteur automobile qui risque d’être bouleversée. Ferdinand Duden Höffer, du centre de recherche sur l’automobile à l’école supérieure de Gelsenkirchen, s’attend à de profonds changements : ” Internet va redéfinir entièrement la branche “.
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