Réduire la fracture numérique fait partie des priorités de la présidence Macron. Son gouvernement a présenté cette semaine sa feuille de route pour accélérer le déploiement du très haut débit partout en France. Et surprise, à côté des box 4G et de la THD radio, le satellite figure en bonne place dans le mix technologique évoqué pour offrir 8 Mbit/s de débit fixe à tous dès 2020. Le texte évoque même des « solutions satellitaires nouvelles déployées à cet effet ». De quoi s’agit-il exactement ? Mystère. Mais les détails devraient être transmis dans deux mois. Une annonce qui tombe à pic en tous cas pour OneWeb, ce projet de constellation de 900 satellites en orbite basse qui prévoit de connecter la Terre entière.
Plus performant que les solutions satellitaires actuelles
« Nous sommes un opérateur de communication globale dont la vocation est d’apporter un internet haut débit et haute qualité partout dans le monde, que vous soyez en pleine campagne, en mer, dans un avion ou aux pôles », attaque d’emblée Eric Béranger, ce Français passé par Airbus et propulsé il y a un an à la tête de OneWeb. Cette société américaine a été créée en 2014 par Greg Wyler, un pionner de l’accès à Internet par satellite. Et elle peut s’appuyer sur des partenaires de poids comme Qualcomm, Virgin Group et Airbus avec lesquels elle a développé la joint-venture OneWeb Satellites, dédiée à la construction de satellites.
La promesse de OneWeb, c’est d’apporter un débit fixe et mobile de « plusieurs dizaines de Mbit/s », évoque Eric Béranger sans plus de précision. Le temps de latence sera minime : de l’ordre de seulement quelques dizaines de millisecondes, soit l’équivalent de ce que l’on obtient avec un raccordement terrestre. Logique puisque les satellites seront situés en orbite basse, soit à 1200 km d’altitude. C’est donc un énorme progrès par rapport aux solutions déjà existantes reposant sur des satellites géostationnaires à 36 000 km au-dessus du sol et pâtissant d’un PING élevé.
Les zones rurales et les périphéries des grandes villes
Pas question de commercialiser directement le service auprès du grand public. OneWeb vendra son offre aux opérateurs ou aux gouvernements. « Les abonnés grand public ne sauront même pas qu’ils passent par nous », souligne Eric Béranger. La connexion fixe sera vite accessible. A condition que l’usager s’équipe d’une antenne. Mais cette dernière sera de taille réduite et ne nécessitera aucune connaissance particulière. Concernant le mobile, Qualcomm s’active actuellement à développer une puce pouvant passer indifféremment du réseau cellulaire au satellitaire. Ce qui implique d’attendre des smartphones compatibles pour bénéficier de OneWeb dans le cadre d’un accès de type mobile.
En France, deux cas d’usage se profilent : un accès permanent dans les zones rurales et une augmentation de capacité en périphérie des grandes villes comme Paris où le profil d’usage apparaît très irrégulier. « Il y a aura toujours un pourcentage résiduel de la population qui ne pourra être raccordé en terrestre ou en faisceau hertzien. Parce que cela coûte trop cher », fait observer Eric Béranger. « L’avantage de OneWeb, c’est de proposer un déploiement rapide où tout le monde est logé à la même enseigne ».
Une mise en service fin 2019
Les projets qui veulent connecter la planète depuis les airs se sont multipliés ces dernières années, et en particulier les plateformes de haute altitude. Google continue de défendre son ballon Loon et Facebook son drone solaire Aquila. Mais les résultats semblent encore bien loin du compte. Elon Musk s’est également lancé dans l’aventure avec un projet similaire à celui de OneWeb piloté par sa société SpaceX mais il table sur 4 425 satellites (!). Il est aussi moins avancé dans le processus et ne prévoit pas de mise en service avant 2024.
OneWeb est le seul à avoir passé le cap de l’industrialisation. Une usine a été inaugurée le mois de juin dernier à Toulouse où sont construits actuellement les premiers satellites qui seront lancés au mois de mars prochain. « La couverture ne sera pas totalement achevée en 2020 mais nous couvriront suffisamment de pays pour lancer les premiers services dès la fin 2019 », prévoit Eric Béranger. Juste à temps pour coïncider avec le point d’étape du Plan France Très Haut Débit français.
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