Peut-on résoudre un problème social avec la technologie ? C’est la question que pose
la légalisation des brouilleurs de GSM. En principe, la réponse est non. On n’a pas eu besoin d’inventer l’extincteur à cigarette. Pourtant, plus personne ne fume
dans les lieux publics.Une chose est sûre : une prise de conscience collective vaut toujours mieux qu’un coup de bâton… Mais la situation est un peu plus complexe avec les téléphones portables, car leur problème n’est pas uniquement
social, il est aussi technique. Les mobiles sont autonomes et peuvent ‘ déranger ‘ à notre insu.On a tort de croire que seuls les rustres laissent leur téléphone torche illuminer trois rangées de fauteuils, au cinéma, en hurlant ‘ Choopeta ‘ en sonnerie polyphonique. La plupart des
gens oublient tout simplement de le passer en mode vibreur. Et quand ils répondent, spontanément, c’est malheureusement par réflexe. Et c’est souvent très gênés qu’ils chuchotent ‘ Désolé, je ne peux pas te
parler, je suis au ciné. ‘Le brouillage ne peut donc qu’améliorer les choses.
Etre accessible partout n’est pas un droit
C’est difficile à avouer pour un amoureux des gadgets, mais cette loi me plaît. Elle a même un énorme avantage : elle n’oblige personne à faire quoi que ce soit. Certains cinémas installeront des brouilleurs,
d’autres non. Pour peu que cela soit clairement signalé, on pourra choisir d’aller dans une salle brouillée ou dans une qui ne l’est pas.J’imagine que, d’ici peu, on verra apparaître des brouilleurs dans les restaurants, les églises ou les bibliothèques. J’aimerais même avoir un modèle personnel, que j’activerais pendant les dîners, pour
rappeler à l’ordre ceux qui ne peuvent s’empêcher de SMSer à table.Bientôt, le téléphone aura le même statut social que la cigarette. Dans le train, il y aura un wagon ‘ téléphone ‘. Au restaurant, une salle ‘ non GSM ‘. Libre ensuite à chacun de choisir.J’entends des gens dénoncer la lâcheté de cette loi, s’insurger contre la perte de leur liberté à cause du comportement de quelques-uns. A ceux-là, je réponds qu’être accessible partout n’est pas un droit.On accepte d’aller dans des endroits où il n’y a aucune couverture. On supporte qu’un problème réseau, météo ou un trop plein d’utilisateurs nous empêche de téléphoner. Alors pourquoi vouloir à tout prix être
joint pendant une séance de cinéma ?Une mauvaise nouvelle peut bien attendre deux heures, surtout si le film est bon. Et ne me parlez pas des chirurgiens en vadrouille ou des parents paranoïaques avec leur baby-sitter. Comment faisaient-ils il y a dix ans ?Il est évident que l’autorisation des brouilleurs de GSM va nous pénaliser tous. Mais elle nous protègera surtout des étourdis et des rustres pour qui savoir-vivre rime avec égoïsme.* Grand reporter à 01 InformatiqueProchaine chronique mardi 2 novembre
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