On a testé Tok Tok Tok, le service qui fait les courses à votre place

Vous venez de vous installer avec vos amis pour un pique-nique au fin fond du bois de Vincennes. Et là, c’est le drame : vous avez oublié les boissons ! Pas de panique, une appli peut régler votre problème : TokTokTok est un service de livraison un peu particulier que vous mandatez pour faire vos courses à votre place et qui vous les remet en mains propres. Cloué au fond de votre lit avec une migraine ? Un « runner » ira chercher votre aspirine d’un coup de vélo, de rollers ou de scooter ! A condition d’habiter Paris ou sa petite couronne.

Nous avons testé le service et ça fonctionne plutôt bien. On fait son choix parmi 300 000 références dans des magasins partenaires qui vont de la FNAC au Monoprix en passant par des artisans ou des restaurateurs de quartier. Et on commande sur le site ou l’appli qui n’est disponible que sur iOS pour le moment. Smoking, livre de recettes, tablette, vaiselle ou bouquet de fleurs, l’échantillon des marchandises est vaste.

Il est 19h00 un vendredi soir et nous jetons notre dévolu sur un plateau italien de charcuterie et de fromage dans une épicerie fine du 12ème. Temps d’attente estimé en magasin : 9 minutes. Et livraison possible en proche banlieue où j’habite en une demi-heure. Banco. Ma commande est validée et la course contre la montre commence pour le runner que je suis en direct sur Google Maps grâce à son portable qui le géolocalise.

« Votre Runner vient d’effectuer vos achats », m’annonce-t-on par SMS. Sa progression est rapide et j’ai la surprise de le voir arriver dès 19h30 en bas de chez moi au moment où je reçois un dernier message : « tok tok tok, votre Runner est à votre porte. Merci de l’accueillir ». On regrette l’absence d’un décompte en temps réel avec une heure de livraison approximative qui se réactualiserait. Coût de la livraison, 10 euros tout de même. Mais le service est rapide, impeccable et le runner souriant. Et surtout, on accède très vite et sans bouger de chez soi, à des produits vendus dans des magasins physiques. Alors, je suis prête à recommencer l’expérience !

“Nous voulons redonner de la valeur à la livraison” (Serge Alleyne, le fondateur et CEO de Tok Tok Tok)

01net : Comment avez-vous mis au point Tok Tok Tok ?

Serge Alleyne : Cela a pris du temps. J’ai eu l’idée du service il y a deux ans et j’ai apporté la mise de fond financière pour développer le site et mettre en place la logistique. Il y a eu un an de tests en interne et environ 8 mois d’utilisation par des prescripteurs avant le lancement officiel au mois de septembre 2013. Il fallait savoir comment et dans quoi transporter les produits et calculer le délai de livraison en fonction de différents paramètres comme le moment de la journée.

Pendant tout ce temps, on a collecté de la data pour établir des modèles de prédiction. Aujourd’hui encore, toutes les commandes continuent d’enrichir notre système d’informations. Nous savons, par exemple, que dans certains cas, un runner à roller mettra moins de temps à honorer la commande qu’avec un scooter dans Paris.

Les runners sont-ils salariés ?

Non, ils touchent comme nous une commission sur la commande. On leur fournit l’uniforme, une carte pré-payée pour faire les achats, une casquette, les sacs pour transporter les marchandises et un smartphone avec une appli dédiée. Nous les sélectionnons et ils les formons en insistant sur leur présentation et leur élocution. Aujourd’hui, près de 200 runners travaillent pour nous aujourd’hui.

N’avez-vous pas peur de la concurrence d’Amazon Fresh ou du service de course d’Uber rush à New-York ou encore des systèmes de livraisons de course des supermarchés ?

Ce sont des services qui n’ont rien à voir avec nous. Amazon fonctionne avec des stocks. Les conserver coûte cher donc ce service Fresh est un moyen malin d’écouler les marchandises périssables avec un modèle prédictif assez simple à mettre en place. Quant à Uber, il s’agit de livraisons de plis. Il entre donc en concurrence avec des services de coursier mais pas avec nous.

Sinon, il existe bien deux/trois services similaires au notre mais aux Etats-Unis, comme celui de Postmates, par exemple. Enfin, pour ce qui est des livraisons de courses à domicile, elles ne sont pas immédiates, il faut un panier minimum et convenir d’un rendez-vous contraignant. Nous, nous fonctionnons sans stocks, à flux tendus et nous composons avec ce qui existe en magasin. On est donc plutôt complémentaires. Mais le retail reste un marché énorme à exploiter et des pure players comme Google ou eBay commencent à expérimenter des livraisons en 1 heure.

Que coûte en moyenne une livraison ?

De 10 à 15 euros environ. Depuis qu’Amazon expédie certains produits gratuitement, le client ne perçoit plus la valeur de la livraison. Nous voulons changer la donne : c’est un service qui se paye.

Comptez-vous vous étendre à d’autres villes ?

Oui, dans des villes françaises ou étrangères qui ont du sens. C’est-à-dire avec un maillage urbain dense. Paris en est un bon prototype à la différence de Londres, par exemple. Mais pour le moment, nous travaillons sur une nouvelle version du site et le lancement de l’appli Android pour l’été.