Gare de Lyon à Paris. A première vue, rien ne distingue le TGV qui s’apprête à partir des autres trains. Si ce n’est de toutes petites protubérances qui affleurent au-dessus de la voiture bar. Ce sont des antennes qui captent le signal 3G et 4G des sites déployés par les opérateurs le long des voies de chemin de fer. Grâce à elles, les passagers de la ligne Paris Lyon peuvent accéder au Wi-Fi gratuit depuis le 15 décembre, date de lancement du service TGV Connect.
Une fois à bord, il suffit de se connecter au réseau Wi-Fi du même nom dans les paramètres de son terminal, puis d’ouvrir un navigateur. On atterrit alors sur le portail TGV Connect. Reste enfin à entrer le numéro de son billet pour se connecter. Pas besoin d’entrer une adresse mail et un mot de passe, avec le risque de se voir abreuver de publicités ensuite. Un bon point pour la SNCF. Le temps d’un aller-retour Paris-Lyon, nous avons pu expérimenter ce service, encore en beta.
Un accès à Internet limité en data et en usage
Première déception, la quantité de données accessible varie en fonction du prix dépensé pour son billet. Les voyageurs en première classe bénéficient de 1Go de data, tandis que les autres n’auront probablement accès qu’à 200 ou 500 Mo. “Nous allons observer l’usage des voyageurs pendant un mois. Et nous ajusterons la data en fonction des résultats”, observe Pierre Matuchet, le directeur marketing de Voyages SNCF. Lorsque l’on a atteint le quota fixé, le débit est ralenti mais l’accès n’est pas coupé.
Deuxième déconvenue, les usages sont bridés. Impossible d’accéder à l’App Store ou au Play Store pour télécharger une application, ou à un service en streaming vidéo de type Netflix. “Ce que l’on propose, c’est un usage raisonnable d’une ressource limitée”, se défend Pierre Matuchet. Navigation internet, consultation et envoi de mails, TGV Connect a pour vocation de fournir une connectivité peu gourmande. Nous avons pu malgré tout sans problème utiliser YouTube ou regarder des bandes annonces sur AlloCiné. Nous avons également posté des photos sans difficulté sur les réseaux sociaux et passé des appels en FaceTime de bonne qualité.
La technologie repose sur de la 4G
Pourtant, le débit est contraint, et c’est la troisième déconvenue de notre test. Le débit montant, notamment, est configuré pour rester deux fois inférieur au débit descendant. Et le débit montant dépend bien entendu du nombre de voyageurs greffés sur le même réseau Wi-Fi. Lors de ce test du service en beta, nous n’étions que quelques dizaines de voyageurs connectés, alors que la ligne TGV Paris-Lyon accueille couramment 550 personnes. Difficile donc de prévoir ce que sera la qualité du débit en conditions réelles.
Pour rappel, c’est l’opérateur Orange qui fournit à la SNCF de la 4G grâce à plus de 200 sites installés le long des 430 km de voies ferrées de la ligne Paris-Lyon. “La difficulté, c’est que le train roule à 300km/h”, souligne Luc Barnaud, directeur partenaires et opérateurs mobiles chez Orange France. “Chaque terminal bascule toutes les 15 secondes d’une antenne à une autre”, complète-t-il. Des antennes placées au-dessus du train captent le signal 4G, puis le transmettent au réseau en fibre optique qui équipe les rames. Il est ensuite passé en Wi-Fi et distribué aux passagers grâce à d’autres antennes. Il en faut quatre par rames pour fournir le service.
La qualité d’une petite connexion ADSL
Nous avons mesuré le débit Internet avec l’application 01net.com Speedtest sur un smartphone HTC, un Iphone, un iPad et une tablette Nexus. Les quatre appareils ont obtenu à peu près les mêmes résultats. A savoir entre 1,7 et 2,8 Mbit/s en débit descendant et entre 1,1 et 1,4 Mbit/s en débit montant, pour un ping situé entre 64 et 46 ms. Des résultats de l’ordre d’une petite connexion ADSL, pas aussi bonne qu’à la maison. Mais surtout, ces performances restent très en-deçà de ce que l’on peut obtenir en 4G avec Orange dans le train en mouvement où nous avons atteint les 5,7 Mbit/s en download, 11 Mbit/sen upload et un Ping de 58 ms. De quoi hésiter à utiliser le Wi-Fi, à moins que l’on veuille absolument préserver son forfait mobile. D’autre part, vous n’aurez évidemment pas les mêmes débits si vous êtes chez un autre opérateur…
Des contenus seront proposés à terme via des partenaires
Le portail TGV Connect, en revanche, est prometteur. Tout d’abord, il y a quelques petites applications amusantes comme le fait de pouvoir commander une boisson au bar depuis son fauteuil ou encore partager automatiquement sur Twitter, mail ou SMS l’heure d’arrivée de son train avec une petite photo. Une alerte vous informe aussi quand le train atteint la vitesse de 300km/h pour partager l’événement sur les réseaux sociaux. On peut faire part de ses suggestions sur le portail et dialoguer avec le bot du TGV, baptisé Anatole à qui l’on demande quand ouvre la voiture bar, par exemple. A l’avenir, le portail devrait aussi proposer des contenus (presse, films) aux voyageurs via des partenaires. Tant pis pour la neutralité du net.
“La connectivité, c’était la première demande de nos voyageurs”, rappelait le président de la SNCF Guillaume Pepy lors d’une conférence de presse. Et on sait que le grand public attendait avec impatience l’arrivée du Wi-Fi dans les trains, maintes fois promise et maintes fois repoussée par le groupe de chemins de fer. “C’est vrai que cela fait dix ans que nous en parlons. Mais cette fois, nous disposons enfin d’une technologie robuste en nous appuyant sur la 4G”, a encore observé Guillaume Pepy. Prochaines étapes, Bordeaux, Strasbourg, Lille, Rennes, Marseille et La Rochelle. D’ici fin 2017, ce sont 80% des voyageurs TGV bénéficieront de TGV Connect.
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