Passer au contenu

On a testé BlackPills, le service vidéo qui veut rendre ses abonnés accros

Lancée ce 5 mai, cette offre de streaming est uniquement composée de séries courtes sur le modèle de ce que fait déjà Studio + de Canal. Gratuite pour le moment, elle devrait évoluer vers un modèle freemium.

« L’addiction commence ici ». C’est le message de BlackPills (pilules noires, en français), un nouveau service de streaming vidéo lancé le 5 mai 2017 en France et ciblant tout particulièrement les moins de 30 ans. Pour rendre accros ses abonnés, il mise sur des contenus courts : des séries de 10 épisodes maximum durant chacun de 6 à 15 minutes. Des productions à grignoter où l’on veut et quand on veut sur son smartphone, BlackPills étant disponible uniquement via une application mobile iOS ou Android.

BlackPills tutoie ses utilisateurs. Parce que ce sont des «jeunes». « Touche l’écran, prends ta dose », nous déclare-t-on d’emblée après avoir téléchargé l’appli. « Disturbing, creepy, intense, savage, sex, trouble », des mots chocs s’affichent sur une animation épileptique. La suite est d’une simplicité déconcertante puisqu’il suffit de donner son numéro de mobile pour accéder au service.

L'inscription à BlackPills est simple.
01net.com – L’inscription à BlackPills est simple.

Une interface efficace et fluide

L’interface est épurée et très bien pensée avec un minimum de réglages. On peut opter pour une qualité vidéo moyenne, qui permettra de consommer deux heures de stream avec 1 Go, ou pour une qualité élevée avec une heure de vidéo par Go. Reste enfin à choisir la langue de la version audio (français, anglais ou espagnol) et les sous-titres (français, anglais arabe, portugais, italien, espagnol et allemand), accepter ou non d’être averti de l’arrivée de nouveaux épisodes par des notifications.

BlackPills reprend quelques fonctionnalités inaugurées par Netflix et qui sont devenues maintenant des standards des plateformes de SVoD : l’accès à l’intégralité de la plupart des séries pour faire du binge watching, la reprise de la lecture exactement à l’endroit où vous vous êtes arrêtés quelque soit l’appareil que vous utilisez, ou encore le lancement automatique de l’épisode suivant. Il n’est, en revanche, pas encore possible de télécharger les épisodes pour les regarder en mode off line. A part ça, côté technique, c’est quasiment un sans-faute.

Pour le moment, le catalogue n’est pas très fourni avec seulement dix séries. Mais l’offre est en rodage et ses dirigeants veulent d’abord trouver un public avant de proposer une version payante. Ils promettent, par ailleurs, que des nouveautés viendront enrichir le catalogue chaque semaine. Un système freemium devrait ensuite être mis en place pour proposer, aux abonnés qui paieront, du contenu exclusif et peut-être aussi des fonctionnalités spécifiques.

Les séries de BlackPills.
01net.com – Les séries de BlackPills.

Des séries de qualité inégale

Zoe Cassavetes ou Louis Leterrier à la réalisation, Simon Abkarian dans la distribution, le parrainage de Luc Besson à l’écriture, Renaud Le Van Kim à la production, il y a du beau monde à l’affiche. Le choix a été fait de tout tourner en anglais. BlackPills a beau être une application française, née de l’imagination de Patrick Holzman (AlloCiné, Canal +) et Daniel Marhely (Deezer), dans laquelle Xavier Niel a investi, elle vise une audience internationale : quinze pays en Amérique du Nord et en France. Et travaille déjà en partenariat avec Vice aux Etats-Unis, depuis le 22 mars.

Lumières, décors, réalisation, le niveau de production de certaines séries vaut celui d’un long métrage. Mais cela manque parfois sérieusement d’âme. Si Junior, Pineapple ou encore Duels se distinguent par un univers et une vision d’auteur, le reste sent le formatage. A commencer par la série phare Playground qui recycle les motifs de Luc Besson sur les tueurs à gage, et Tycoon qui aligne les clichés sur un fils de riche incapable et pervers, ou encore Virgin qui échoue à copier l’esprit rebelle de Girls. Côté comédie, c’est maigre et la parodie You Got Trumped ne nous a pas convaincue. Une position assumée par BlackPills qui revendique un esprit noir à la BlackMirror.

Capter une audience jeune, difficile à fidéliser, c’est le graal de toutes les chaînes de télévision. Pour contrer les services délinéarisés, ces dernières ont d’abord proposé des contenus en replay ou en OTT. La seconde étape, c’est la conception de productions spécifiquement conçues pour le mobile. Et dans le domaine de la fiction, le groupe Canal a pris une longueur d’avance, investissant très tôt dans des chaînes YouTube, comme Studio Bagel, et lançant l’année dernière l’offre Studio +, une application de séries courtes et premium. BlackPills est le premier pure player à investir ce créneau. Son concept est malin et prometteur. Reste à monter en puissance avec des contenus de qualité, vraiment additifs.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Amélie CHARNAY