Prenez The Voice, remplacez les chanteurs par des développeurs et le jury par des entrepreneurs et vous aurez Planet of the Apps, la première émission de télé-réalité Made in Cupertino. Ici pas de fauteuils qui tournent mais un escalator sur lequel les développeurs présentent leur application. Si au bout des 60 secondes de descente, aucun membre du jury n’est convaincu, alors l’aventure s’arrête brusquement. En revanche, si un juré fait part de sa curiosité, les développeurs gagnent le droit de faire une démonstration de l’application et de répondre aux questions du jury. A l’issue de cet entretien, les juges peuvent se proposer comme « mentor » et devenir les conseillers des développeurs.
La Silicon Valley pour tous
Un show TV sur les développeurs peut-il séduire le grand public ? Dans ce premier épisode, Planet of the Apps réussit à trouver le bon équilibre entre série pour initiés et débutants. On découvre par exemple une application de dating, une application pour partager sa localisation quand on marche dans la rue ou une application de réalité augmentée, du contenu varié donc. Si beaucoup de vocabulaire technique et business est utilisé (préparez-vous à entendre parler de “VC”, de “B2B”, d'”AR”), Apple indique toujours en bas de l’écran la définition de la formule utilisée. Planet of the Apps parvient bien à vulgariser le développement d’applications sans pour autant le caricaturer. Bon point pour la série d’Apple.
Autre point positif : Planet of the Apps n’est pas un simple coup de comm’ ayant pour but de montrer que tout est rose dans le monde des développeurs. La série n’hésite pas à montrer les difficultés du métier et renvoie l’image d’un monde crispé où la concurrence est rude. Mauvais modèle économique, incapacité de présenter son produit ou risque de se faire copier par un géant comme Google… ou Apple, les participants de l’émission se font réprimander tout au long de l’épisode et ne viennent clairement pas que pour la promotion.
Mise en avant sur l’App Store
Mais alors, pourquoi un développeur souhaiterait-il participer à cette émission ? Tout simplement pour la mise en avant sur l’App Store. A la fin de chaque épisode, l’animateur Zane Lowe rappelle en effet les noms de toutes les applications présentées (même celles qui n’ont pas été qualifiées). Et Apple leur offre une place de choix : la page d’accueil de l’App Store. Un pari 100% gagnant pour les développeurs qui profitent ainsi d’une excellente promotion.
Le problème du jury
Si la série séduit sur de nombreux points, d’autres nous ont agacés… Apple a recruté un jury « VIP » pour attirer les masses. Jessica Alba, will.i.am ou Gwyneth Paltrow ont beau avoir tous les trois le statut de chef d’entreprise, il ne fait aucun doute que leur notoriété d’artiste est à l’origine de leur présence dans l’émission…. pas leur passion pour les nouvelles technologies. Seul Gary Vaynerchuk, inconnu du grand public, vient réellement de la Silicon Valley. Cet entrepreneur est notamment connu pour conseiller Uber ou Snapchat et est très respecté dans le domaine.
Dans ce premier épisode, on suit le sort de deux applications : Companion (pour partager sa localisation) et Pair (application de réalité augmentée). Gary Vaynerchuk est le mentor de Companion et ne cesse de maltraiter ses développeurs dans tout l’épisode à coup de « punchlines » comme il aime les appeler. Les coups d’éclat de l’entrepreneur contre les deux jeunes à l’origine de Companion sont presque dérangeants tellement ils sont cruels. Pourtant au final, ses conseils portent leurs fruits et leur permet de décrocher un investissement.
En revanche, le développeur de Pair, qui a choisi Jessica Alba, a eu beaucoup moins de chance. Si l’actrice est adorable tout au long de l’épisode et ne cesse de le pousser vers le haut, ce sont ses conseils qui font finalement échouer le développeur… qui aurait mieux fait de ne pas l’écouter. La notoriété c’est bien, la compétence c’est mieux.
Un montage problématique
La phase de recrutement sur escalator est sans aucun doute la meilleure partie de l’émission. Pendant ces 20 premières minutes, on se prend facilement au jeu et on s’intéresse réellement aux histoires des développeurs. Malheureusement, on se sent vite abandonné par la série. Une fois le recrutement de deux développeurs terminé, on abandonne complètement la phase de sélection (et deux des membres du jury) pour se concentrer sur les rendez-vous entre mentor et développeurs. On a comme l’impression d’avoir raté un gros morceau de l’histoire. L’épisode ne revient finalement jamais aux sélections et laisse le téléspectateur perdu. Tout sauf une bonne stratégie pour fidéliser l’audience : c’est généralement de la dernière partie d’un épisode dont on doit se rappeler, pas du début.
Au rythme d’un épisode par semaine, on aurait sincèrement préféré voir les deux ou trois premiers se concentrer sur les recrutements puis voir la série évoluer vers un suivi des développeurs. Le concept aurait été plus intéressant que ce format qui nous semble presque bâclé et illogique.
A l’issue de ce premier épisode, le format d’Apple nous a suffisamment intéressé pour nous donner envie de télécharger une des applications présentées. Si l’on attend maintenant la suite avec curiosité, Apple ne doit pas répéter cette formule à chaque épisode si elle ne souhaite pas lasser ses téléspectateurs.
Si vous voulez voir Planet of the Apps, le premier épisode est disponible gratuitement sur le site d’Apple ou en VOSTFR sur l’iTunes Store. Les prochains épisodes seront réservés aux abonnés Apple Music.
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