En début de semaine, nous avons été conviés par Intel et Samsung a une surprenante rencontre. Le thème tenait en deux caractères : 8K. A notre arrivée, nous avons vite compris de quoi il allait retourner… On découvre un PC monstrueux, relié à l’unique modèle de téléviseur 8K disponible sur le marché grand public, un Samsung QLED Q900R.
Les yeux pétillent, les mains tremblent un peu d’excitation… Car le dispositif que nous avons en face de nous est prêt à faire tourner les derniers jeux vidéo à la mode dans une définition qui, hier encore, appartenait à la science fiction.
Un PC de fou, une TV de rêve
Assemblée avec soin par un moddeur français (Axiomodding), la grosse machine amenée par Intel – visible sur le stand de Millenium à la Paris Games Week – renferme une configuration de pointe. A commencer par le tout dernier processeur du fondeur, le Core i9-9900K, ses 8 coeurs et ses 16 threads, capable d’atteindre 5 GHz dans certains cas de figure. Pour l’épauler, 32 Go de mémoires DDR4 de marque XPG sont là et brillent de mille feux.
Sur le versant graphique, attention, Intel met le paquet avec deux GeForce RTX 2080 Ti de Nvidia (modèles customisés MSI) reliées grâce au NVlink pour unir leurs efforts dans l’épreuve de la 8K. Tout le stockage est assuré par des SSD Intel (760P de 512 Go et 660P de 1 To) et le tout est monté dans le tout dernier boîtier de Cooler Master, le Cosmos C700m, et alimenté par un bloc de 1200W. Un monstre, on vous dit.
A machine de jeu exceptionnelle, écran exceptionnel. Nous avons pu (re)voir le Samsung QLED 65 pouces (QE65Q900RAT) 8K en action, relié à la machine en HDMI et capable d’afficher tant de l’upscale 4K/8K que du 8K natif. C’est dans cette dernière définition que nous avons pu essayer bon nombre de jeux vidéo afin de voir si, oui ou non, cette déferlante de pixels était prête pour le jeu vidéo… et inversement.
Mais c’est que ça tournerait presque bien !
Première impression, à chaud : wahou. Jouer à un petit échantillon de titres PC sur un écran aussi grand nous a quelque peu émoustillé. Imaginez vivre les dernières aventures de Lara Croft, piloter un X-Wing ou encore arpenter les chemins de la Grèce Antique en 7680 par 4320 pixels, avec tous les graphismes à fond ou pas loin. Grisant.
Nous serions bien restés quelques heures de plus devant cette configuration exceptionnelle. Toutefois, force est de constater que nos PC et, surtout, nos jeux, ne sont pas vraiment près pour la 8K.
D’abord parce que s’offrir une machine dont la partie graphique représente à elle seule le prix d’un PC de gaming neuf digne de ce nom (2680 euros pour rappel) n’est pas tout à fait dans les cordes de la majorité des joueurs, soyons honnêtes, et c’est aujourd’hui la seule solution pour s’offrir de la 8K digne de ce nom.
Ensuite, Windows 10 ne connait pas (encore) la 8K. Nous avons dû manuellement créer la définition dans l’OS de Microsoft. Et celui-ci n’a eu de cesse de nous proposer – à grand renfort de messages et de notifications – de lisser les fenêtres, grossir les polices, tant le nombre de pixels lui semblait titanesque pour nos pauvres petites pupilles.
Nous avons dû aussi composer avec les contraintes techniques imposées par la TV de Samsung. Finesse d’écran QLED oblige, le coréen déporte toute la connectique sur un boîtier externe. C’est à ce dernier que le PC se connecte et, pour le moment, les prises HDMI implantées ne prennent pas en charge la 8K à plus de 30 Hz. Aïe ! En passant par du DisplayPort, nous n’aurions pas eu de soucis.
Ainsi, à plusieurs reprises, nous avons ressenti des ralentissements plus ou moins prononcés et constaté du tearing (déchirement d’images) car la fréquence de rafraîchissement du moniteur ne parvenait pas à suivre la cadence imposée par les cartes graphiques. Samsung nous a toutefois affirmé que la prise en charge du HDMI 2.1 (permettant de passer à la 8K à 60 Hz) allait arriver à horizon 2019 sur les TV 8K.
Autre paramètre important entrant dans l’équation, les moteurs 3D des jeux. Nous avons constaté que beaucoup n’étaient – et c’est un peu normal – pas prêts pour la 8K malgré la puissance graphique mise à disposition. C’est notamment le cas de ceux de Forza Horizon 4, Shadow of the Tomb Raider, Call of Duty Black Ops 4 ou encore Assassin’s Creed Odyssey qui étaient certes jouables, mais très sensibles au taux de rafraîchissement un peu limité de la TV.
A contrario, les moteurs de Star Wars Battlefront ou de Project Cars – plus anciens – s’en sont tirés très honorablement. Parfois, en ajustant un peu les paramètres graphiques tels que les filtres ou simplement le « champ de vision » (très important car impactant le nombre d’images par seconde), nous sommes parvenus à retrouver un peu de fluidité, même si la limitation du rafraîchissement se faisait tout de même sentir.
Nous avons aussi pu mettre à l’épreuve les capacités d’upscaling de la TV. Comment ? En lançant des jeux en 4K (qui tournaient à plus de 120 images par seconde avec les deux monstres de Nvidia…) puis en activant les algorithmes chargés d’améliorer la qualité de l’image pour simuler de la 8K. Le résultat est assez probant, bien que, comme dans toute opération de ce type, nous ayons constaté quelques imperfections sur le rendu. Des impressions de flou, des couleurs qui bavent un peu… Des effets notamment constatés dans Shadow of War ou CoD : Black Ops 4 par exemple.
Une belle prouesse, de bonne augure pour le futur
La 8K sur PC, c’est possible mais ce n’est pas encore pour demain. Cette démonstration le prouve. Elle incarne cependant une prouesse technologique, une vitrine du savoir-faire d’Intel, Samsung et Nvidia en matière de démesure et de débauche de puissance. Incarne-t-elle le futur du jeu vidéo ? Oui mais soyons lucides, la 4K a déjà suffisamment de mal à s’imposer comme cela pour ne pas déjà penser à la 8K ailleurs qu’au cinéma pour le moment.
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