Il y a cinq ans, la Wii essayait de révolutionner le jeu vidéo avec son combo Wiimote + Nunchuk, les deux périphériques à reconnaissance de mouvements qui devaient nous permettre de nous prendre pour John Woo et Luke Skywalker en même temps. La réussite économique fut totale, même si, d’un point de vue ludique, pas sûr que les joueurs y aient gagné grand-chose. On ne s’étonnera donc pas de voir Razer, constructeur de périphériques bien connu pour son degré d’excellence, s’y risquer. Et peut-être, au passage, en faire enfin quelque chose qui intéressera enfin les hardcore gamers.
L’hydre à deux têtes
L’Hydra ressemble à une paire de Nunchuks, à ceci près qu’en plus du stick et des deux boutons de façade, elle possède cinq boutons supplémentaires au sommet des sticks. Elle est aussi plus longue que le Nunchuk de Nintendo, est faite d’un plastique noir et classieux qui fait moins « jouet », et bénéficie d’une excellente prise en main. Les boutons sont réactifs et tombent bien sous les doigts, même si la gâchette de gauche s’est mise à grincer discrètement après quelques heures de test.
Mais la grosse différence avec la Wiimote, c’est la technologie utilisée. Plutôt que de jouer la carte du sans-fil, Razer assume sa « geekitude » et relie ses deux manettes, via des câbles, à une étrange boule, posée sur un socle à mettre sur son bureau. Cette boule, c’est une bobine qui génère un champ magnétique basse intensité, ce dernier détectant avec une précision diabolique le moindre de vos déplacements. Et pour nous en convaincre, l’Hydra est livrée avec une extension pour Portal 2, le FPS casse-tête et génial de Valve.
I’m back in space !
Premier contact, première déconvenue : il faut faire attention à garder les manettes à la même hauteur que la bobine, sous peine de voir le curseur s’affoler et de se retrouver à jouer à un simulateur de Michael J. Fox. Une fois stabilisé, on constate avec plaisir que contrairement à la Wiimote, l’Hydra prend en compte tous les mouvements dans l’espace, jusqu’à la moindre rotation du poignet.
Elle les exploite d’ailleurs dans les nouveaux niveaux pour Portal 2 et trois nouvelles fonctions : tout d’abord, il y a la possibilité de faire tourner les portails à 360°, pour pouvoir par exemple les présenter horizontalement. Autre nouveauté, on peut désormais approcher ou éloigner un objet de soi en avançant ou reculant la manette, ce qui ne va pas sans quelques heurts quand le jeu interprète mal nos gestes. Enfin, on peut utiliser et déformer certains blocs en éloignant ou en rapprochant les deux manettes, ce qui demande aussi un peu de dextérité. Loin d’être évident, mais on s’y fait.
Les énigmes des nouveaux tableaux sont moins imparables et moins ciselées que celles du jeu original, mais bon, c’est gratuit. Et ce n’est après tout qu’un prétexte pour nous faire la démonstration d’un produit, qui, jusqu’ici, fonctionne plutôt bien. Sauf que ça se gâte quand on essaye d’autres jeux.
Ca casse pas des Brink
Avec un autre FPS, ça fait mal. Brink, Fallout New Vegas ou Deus Ex par exemple. Dans Portal 2, le curseur ne reste pas fixé au milieu de l’écran : il faut le bouger jusqu’au bord pour modifier son champ de vision, ce qui permet de le ramener ensuite au centre sans que le regard ne le suive. Mais dans les autres jeux testés, pourtant spécifiquement compatibles Hydra, rien de tout ça. Quand on ramène la manette devant soi après avoir déplacé son regard, la caméra revient aussi. Il est strictement impossible de se déplacer dans ces conditions, à moins que les développeurs de chacun des jeux compatibles ne revoient entièrement leur copie. On peut toujours rêver.
De toutes façons, malgré ses quatorze boutons ainsi que ses deux sticks, et même en passant un temps déraisonnable dans les réglages, pas sûr que vous trouviez la configuration de touches parfaite, celle qui vous permettra de jouer sans vous prendre la tête et sans avoir à garder votre combo clavier/souris à portée de main. Pire : certains jeux, comme Left 4 Dead 2 ou Amnesia, ne reconnaissent même pas tous les boutons de l’Hydra.
La souris a encore de l’avenir
Les jeux en 2D ne s’en sortent pas mieux. Enfin, certains, si : comme Civilization 5, même si on cherche encore l’intérêt d’y jouer avec un tel périphérique. Mais dans Torchlight et Cogs par exemple, en position de repos, le curseur va se loger en bas à droite de l’écran. On est du coup obligé de jouer en permanence le bras tendu. Tout simplement inenvisageable, même pour les gamers les plus musclés.
Il semblerait donc pour le moment que l’Hydra n’ait d’autre intérêt que ces nouvelles maps assez moyennes pour Portal 2. Ce qui ne vaut certainement pas les 140 euros que Razer en demande. Reste à voir de quelle façon les développeurs de jeux vont s’emparer de ce nouveau périphérique. Peut-être aura-t-on droit à de nouveaux jeux entièrement conçus autour de ces manettes. Mais en l’état, c’est loin d’être le cas. On fera donc l’impasse sans trop de scrupules.
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