La sauce a bien pris pour financer le développement de la troisième itération du GPD Win, une série de PC portables intégrant toutes les commandes d’une manette de jeu. Pour ce nouveau Win Max, appelé ainsi car il dispose d’un écran largement plus grand que les deux précédentes moutures, les petits génies de GPD ont encore explosé le seuil de leur financement participatif. Alors que leur campagne Indiegogo ne demandait que 22.277 € pour être viable (200.000 HK$), elle s’est clôturée à plus de cent fois ce montant – 2.558.220 euros pour être exacts (22.967.891 HK$).
Un record pour ces Hongkongais passionnés de « mini-machines », déjà responsables de deux itérations de PC gaming portables, le GPD Win 1 (que nous avions testé) et le GPD Win 2. Et c’est avec plaisir que nous avons pu prendre en main les premiers exemplaires arrivés dans l’hexagone.
Plus gros avec son écran de 8 pouces, le GPD Win Max est une évolution logique de ses précédentes itérations. Si de nombreuses améliorations ergonomiques et techniques sont perceptibles, il profite en premier lieu des importants progrès graphiques réalisés par Intel dans sa dernière génération de puces « Icelake ». Ainsi, outre que le processeur intégré soit un Core i5, puissant pour une si petite machine, les équipes de développement du GPD Win Max l’ont surtout choisi pour son GPU. Il intègre en effet la version mobile la plus haut de gamme d’Intel, l’Iris Plus G7.
Celui que l’on retrouve dans le plus puissant des Icelake, le Core i7-1065G7, et qui dispose de 64 unités d’exécutions. Un GPU qui double les performances de la génération précédente et qui offre un rapport performances/consommation électrique de premier ordre, assez proche d’une Nvidia MX250. Pas de quoi remplacer une RTX2080 Ti, mais de quoi jouer à tous les jeux en extrême mobilité.
Tous les jeux PC semblent à sa portée
YouTube pullule de vidéos où les équipes de GPD ainsi que les utilisateurs des premières unités illustrent la puissance de cet hybride PC/console. Et après avoir non seulement joué avec la console/PC, mais aussi avoir visionné la multitude de retours d’expérience autour des mises à jour de drivers, bidouillages de fichiers .ini et autres sous-voltages de la machine, on est en droit d’affirmer qu’il s’agit de la première machine de GPD à pouvoir faire tourner l’intégralité de votre ludothèque – à condition de faire des concessions sur le niveau de détails.
Configurable dans le bios en version 15W, 20W et 25W, le GPD Win peut basculer d’un mode « je joue longtemps à mes vieux jeux en 2D » à un mode musclé capable de faire tourner même les jeux les plus récents. Nous avons ainsi pu jouer quelques minutes à Star Wars Jedi: Fallen Order pour vérifier ces dires. Et le jeu était parfaitement fluide, au-delà de 30 images par secondes en moyenne – mis à part quelques ralentissements dans les changements de zones à cause du chargement des shaders. Le niveau de détails était certes bas, mais avec un si petit écran en 1200 x 800, cela reste joli. Nous ne manquerons pas lors du test de lui faire avaler du Witcher 3, Doom 2016 et consorts pour voir ce que la machine a dans le ventre.
Connectique complète, le TB3 en soutien
Il suffit de faire un tour du propriétaire de la connectique pour se rendre compte que non seulement les équipes de GPD ont pensé à tout, mais aussi que les Dell, Apple et consorts ne font pas beaucoup d’efforts en comparaison. Dans cette petite machine, certes un peu plus épaisse que les ultraportables du monde PC, on profite d’une horde de connecteurs.
Le dos est le mieux équipé avec une prise HDMI plein format, deux prises USB 3.1 Type A, une prise USB 3.1 Type C. Et une prise magique : un Thunderbolt 3 au format USB type C. De quoi relier à la machine un boîtier pour GPU externe (eGPU) dans une configuration plus sédentaire. Et décupler les capacités graphiques de la machine en ajoutant une grosse carte qui ne donnera certes pas toute sa puissance, mais permettra d’envisager un bureau minimaliste relié à un PC miniature.
Sur le côté droit, on profite d’un RJ45 gigabit (là encore pour un usage sédentaire) ainsi que d’un emplacement pour carte Micro SD. Côté gauche, on découvre le commutateur qui permet de basculer d’un mode où le touchpad est actif à un mode qui active les boutons « console ».
En façade on retrouve un jack 3,5 mm pour les écouteurs et autres casques audio. Impossible de trouver quoi que ce soit à redire dans le domaine de la connectique !
Construction propre, ergonomie gamer crédible
Du côté de la construction, GPD a fait d’énormes progrès. Aucune pièce ne présente a priori de jeu, rien ne grince, les ajustements sont parfaits. L’équipement mécanique « gaming » marque une vraie montée en gamme de la série. La croix directionnelle qui semble issue de la PS Vita est bien meilleure que sur les versions précédentes et s’avère agréable en prise en main rapide – un vrai toucher « console ».
Même constat pour les boutons ainsi que pour les deux sticks analogiques cliquables. Les boutons L/R nous ont paru un peu sensibles, mais il s’agit peut-être d’une histoire de goût. Seule petite ombre au tableau : des boutons Menu, Start et Select excentrés et de petit format. Mais rien qui ne pourrait nuire à la prise en main.
Cette prise en main qui nous a rassurés par rapport à nos doutes sur le poids. Non, les 800 grammes ne semblent pas handicaper le joueur qui serait lové dans son siège de train ou d’avion. Sur le long terme la présence d’une table ou tablette pour soutenir les coudes semble cependant souhaitable, mais côté équilibre on sent que les équipes de GPD ont réalisé un bon travail.
Plus anecdotique quant à l’usage, mais appréciable : le clavier chiclet nous a paru impeccable. Tolstoï n’aurait peut-être pas apprécié écrire Guerre et Paix dessus, mais le toucher est franc, la frappe est propre et agréable, compte tenu du gabarit râblé de l’appareil.
L’engagement de la communauté française
Qui s’occupe de la commercialisation et de la promotion de cet appareil en France ? Légalement, personne. Si la machine est arrivée entre nos mains, c’est grâce au travail de deux passionnés, Benjamin L. et Florian J. Le premier assure le lien avec les journalistes locaux, le second est un relai culturel et conseiller technique en lien direct avec les équipes hongkongaises. Un « simple passionné bénévole » comme il se définit, qui a pourtant eu de vrais impacts sur le développement. Impliqué depuis la fin du financement participatif du GPD Win 1, Florian « entretient des relations amicales » avec les équipes de GPD et son avis a pesé sur des éléments comme « l’ajout d’un ventilateur sur le GPD Win1 […], des modifications de clavier […] sur le GPD Win 1, la modification du mod souris de la manette avec Phawx de Discord, l’ajout des touches média et de la touche menu du clavier, etc. ».
Il faut dire que loin des mastodontes chinois ou taïwanais, les Hongkongais de GPD sont une petite équipe de vrais passionnés qui produisent en petite série. Et la communauté francophone est à son image, « au mieux une centaine de personnes ». Ce qui explique que si la présence d’un clavier AZERTY semble techniquement possible – « il faudrait une précommande unique de 500 machines minimum sur le marché français » explique Florian qui a eu les chiffres en demandant directement aux équipes de GPD – la chose est pour l’heure irréalisable. Du fait du caractère exotique non seulement de la marque, mais aussi du format de l’engin. Seuls une poignée de distributeurs passionnés prennent le risque financier de faire venir une telle machine, comme l’équipe belge de Belchine, réputée pour son sérieux dans le domaine du gaming. « Ce sont les seuls à offrir la garantie européenne de 2 ans sur les produits qu’ils vendent », explique Florian.
Gageons que si test est bon – nous devrions le publier d’ici l’automne – la mise en lumière d’un tel appareil pourrait créer une émulation. Car loin d’être un « machin » bizarre et imparfait comme le fut le premier modèle, le GPD Win Max a non seulement bien progressé, mais est aussi beaucoup plus dans l’air du temps.
De grands constructeurs commencent à expérimenter ce genre d’appareil, à l’instar de Dell qui a présenté son prototype Alienware au CES au mois de janvier dernier. Et bien que commercialisé à un peu plus de 800 euros, le PC GPD reste la « console » la moins chère côté logiciel : soit vous avez déjà une ludothèque PC conséquente, soit vous pouvez vous en constituer une à moindre coût grâce aux nombreux soldes et prix cassés que pratique le monde informatique par rapport à ce type de produit.
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