Est-il possible d’électrifier une voiture aussi emblématique et à la conduite si particulière sans que cela ait de conséquences sur les sensations offertes ? C’est tout le pari de BMW avec cette Mini Cooper SE qui en se lestant d’une batterie et en troquant son moteur pour une version plus silencieuse prend le risque de s’éloigner de ce qui a forgé son identité.
Design : une Mini avant tout
BMW a une approche assez pragmatique concernant l’électrification de sa Mini. L’image de la petite citadine serait tellement liée à son design qu’il ne serait pas nécessaire de développer un style spécifique à la version SE. Et pour cause avant d’être une voiture électrique, la Cooper SE est une Mini. Il faut être fin connaisseur, ou au minimum observateur, pour remarquer l’absence des grilles d’aération, de ligne d’échappement ou à défaut s’en remettre au logo « E » pour avoir la certitude qu’il s’agit d’une version zéro émission.
Pour le reste, le design est fidèle à celui d’une Cooper S que ce soit dans les formes ou dans les proportions. Bien évidemment le châssis a été légèrement rehaussé et renforcé (18 mm) pour permettre de loger les batteries mais c’est à peu près la seule variation notable par rapport à une version thermique trois portes. Sur ce point BMW tient sa promesse : les fans de Mini auront une Mini.
Un intérieur chargé comme un Juke Box
A l’intérieur, les similitudes sont également au rendez-vous et ce n’est peut-être pas le choix le plus judicieux de la citadine. Le tableau de bord très chargé déborde de boutons en simili chrome. La console centrale s’articule autour d’un modeste écran de 9 pouces (ou 7 pouces sur le premier niveau de finition) dédié à la navigation et l’info-divertissement. Ces choix esthétiques tranchent avec ceux d’une partie de la concurrence qui tend de plus en plus vers des intérieurs épurés.
Côté conducteur, il faudra se contenter d’un modeste écran de 5 pouces aux bords arrondis. Dans les faits il est amplement suffisant et Mini a su faire le nécessaire pour le rendre parfaitement utilisable. Sa position légèrement avancée l’expose davantage au soleil, mais un filtre anti-reflet efficace garantit sa lisibilité. Quant à sa composition, elle est, là aussi, impeccable. Les informations essentielles à la conduite (vitesse/limitation/direction) placées sur la partie centrale sont entourées des informations liées à l’autonomie (à droite pour la jauge de la batterie, à gauche pour la puissance moteur et la récupération).
Pour le reste, les différences avec la Mini 3 sont là aussi très subtiles. Le système de navigation n’est pas des plus lisibles mais, fort heureusement, il peut être remplacé par CarPlay en un tour de main… et plus précisément en Bluetooth. Quant à Android Auto, il est plus que probable que la récente annonce de la compatibilité de BMW avec le système de Google concerne également la Mini. Elle devrait être effective cet été.
Sensations de conduite : le « Go kart feeling » au rendez-vous
L’enjeu majeur de cette Mini Cooper SE repose sur les impressions de conduite. La petite citadine électrique prétend procurer les mêmes sensations que la version thermique malgré un surpoids de 145 kg par rapport à une Mini Cooper S en boîte automatique (l’équivalent le plus proche avec un moteur traditionnel). Cette conduite assez particulière est, outre le design, l’un des arguments massue de la Mini. En effet, son centre de gravité bas et ses roues excentrées peuvent donner l’impression d’être au volant d’un kart. Ce sentiment est d’ailleurs assumé de la part du constructeur qui lui a trouvé un terme marketing adéquat : le « Go kart feeling ».
Dès les premiers virages à bord de la Cooper SE, cette impression est évidente. L’inquiétude liée au surpoids de la batterie s’envole aussitôt, la voiture vire à plat… comme un kart. Celle-ci, en forme de « T » est logée sous le plancher et sous la banquette arrière ce qui a même tendance à renforcer l’assise de la voiture. La répartition du poids a été bien optimisée, la position de conduite basse et la direction assez ferme (notamment en mode sport) renforcent l’aspect dynamique de cette Mini 100% électrique qui mange la route avec une agilité assez incroyable.
Sous le capot, le moteur de 135 kW (184 ch), le même que celui de la BMW i3s, assure une accélération assez impressionnante. Le 0 à 60 km/h se fait en 3,9 secondes, comme pour la version thermique. Quant au 0 à 100 km/h, il est réalisé en 7,3 secondes, à peine moins vite qu’une Cooper S de 192 ch (6,9 s). Il n’y a effectivement pas de quoi pâlir face aux performances de la version thermique. La similitude entre les deux écoles est telle qu’on la retrouve également dans les défauts de cette nouvelle Mini. En effet, la suspension bien ferme qui convient tant à la conduite dynamique nuit forcément au confort. Certes, la Cooper SE est davantage faite pour la ville que pour les longs trajets mais c’est un aspect qui peut dérouter les non-initiés.
Enfin, la version 100% électrique dispose de quatre modes de conduite qui changent autant les sensations que les performances. Le mode « Sport » est à notre sens le plus adapté aux qualités de cette Mini et offre bien plus de plaisir qu’un mode « Mid » bien tendre. Bien évidemment, il est aussi plus gourmand en batterie. Quant aux modes « Green » et « Green+ », ils privilégient l’autonomie au détriment des performances, voire du confort dans le cas du second. En effet, celui-ci coupe toutes les fonctions de chauffage et réduit la puissance moteur. Il doit surtout être considéré comme un mode de survie lorsque la panne de batterie guette.
Autonomie : la même consommation qu’une Tesla
Citadine par essence, la Mini Cooper SE n’a pas la prétention d’embarquer ses passagers pour de longues virées. Pour autant, il convient d’assurer un minimum d’autonomie. Celle-ci est évidemment dépendante du niveau d’équipement de la voiture, du nombre de passagers à bord, du mode de conduite et surtout du type de parcours effectué. De fait, BMW communique une fourchette comprise entre 235 et 270 km (cycle mixte WLTP).
Dans notre cas, après près de 200 km parcourus, nos conclusions sont un peu moins optimistes mais tout de même très encourageantes. En utilisant principalement le mode « Sport » dans un parcours qui a mêlé ville, autoroute et routes intermédiaires nous sommes parvenus à une consommation moyenne de 17 kWh, inférieure par exemple à celle de la Renault Zoé (environ 20 kWh). C’est évidemment au-dessus des 13,2 kWh annoncés par BMW, un objectif qu’il est sans doute possible d’atteindre en se limitant au mode Green, en ville… et avec le vent dans le dos. Dans tous les cas, la performance de Mini mérite d’être saluée. Sa petite batterie de 32,6 kWh (96 cellules) devrait dans tous les cas permettre de dépasser les 200 km puisque sa consommation est tout simplement au niveau d’une Tesla. Quant à la recharge, elle peut aller jusqu’à 50 kW en courant continu, soit une charge pleine en 1h35.
Afin de prolonger ou de soigner ce capital autonomie, la Mini dispose d’un mode de récupération d’énergie réglable sur deux niveaux. Il permet de récupérer de l’énergie sur chaque phase de décélération et se met en route dès lors qu’on lève le pied de l’accélérateur. Le niveau le plus élevé convient parfaitement à une conduite en ville dans la mesure où ce mode décélère suffisamment pour qu’on ait presque pas à mettre le pied sur le frein. Le niveau de récupération inférieur sera, lui, réservé à l’autoroute ou dès que la Mini sort de la ville, mais ne fera pas oublier l’absence d’un mode roue libre qui permet de se laisser porter par la route.
À noter également que le choix des jantes pourrait influer sur l’autonomie de la Mini. En effet, le pic d’autonomie de 270 km est atteint avec la version « Electric Corona Spoke bi-ton ». Il s’agit de jantes aérodynamiques spécifiquement conçues pour la version électrique et qui offrent peu de prise au vent. Cette subtilité permettrait de gagner entre 2 et 5% d’autonomie en fonction du parcours et de la vitesse. Elle sont proposées de série.
Chère à l’achat, intéressante à la location
La tarification de la Mini Cooper SE pourrait bien être le talon d’Achille d’une voiture très réussie par ailleurs. Certes, elle bénéficie d’une bonne qualité de finition et de très nombreux équipements de série (toit panoramique, jantes, pompe à chaleur, navigation, etc.) mais le ticket d’entrée se situe à 37 600 euros pour la version Greenwich. Quant à la version Yours, elle débute à 40 800 euros. Le surplus par rapport à la Cooper S de 192 ch à laquelle nous l’avons comparée jusqu’ici est d’environ 4 000 euros, ce qui est tout de même conséquent. Les fans de cette version électrique de la Mini devront peut-être s’en remettre au système de location de BMW qui nous paraît bien plus pertinent. En effet l’offre d’appel débute à 360 euros par mois, sans apport, pour une durée de 36 mois et dans la limite de 30 000 km. Quelle que soit la formule choisi, elle sera disponible en France dès le 5 mars.
Verdict de l’essai :
À n’en point douter, avec cette version Cooper SE de la Mini, BMW a tenu son pari. Celui d’avoir réussi à reproduire les sensations de conduite si particulières de sa citadine sur une version 100% électrique. Certes, tout n’est pas parfait, et il est possible de déplorer un certain manque de confort ou encore un tableau de bord trop chargé, mais pour ce qui est du design extérieur et de la conduite, le cahier des charges est respecté à la lettre. Malgré ce quasi sans faute, la Mini Cooper SE reste chère. Mais après tout, qui attendait de BMW qu’il oeuvre à la démocratisation de la voiture électrique ?
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