Passer au contenu

On a essayé l’Alpha A7 Mark III, la nouvelle bombe photographique de Sony

En intégrant une partie des technologies de l’Alpha A9  dans un boîtier à 2300 euros, Sony frappe encore les reflex de Canon et Nikon. Et propose ce qui semble être le meilleur rapport qualité/technique/prix de la gamme Alpha. Voire du monde du plein format.

La famille des boîtiers plein format de Sony accueille aujourd’hui son neuvième hybride avec le nouvel Alpha A7 Mark III, un appareil équipé d’un capteur 24 Mpix infusé de la puissance de son grand frère l’Alpha A9. Troisième boîtier de la lignée des A7, il représente un grand bond en avant dans cette sous-famille et pourrait être le best-seller de l’année 2018. Car sur le papier, il n’a pas vraiment de faiblesse. 

Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule nous avons eu la chance d’aller prendre en main la bête lors d’une présentation à la presse européenne dans la banlieue londonienne.

Le petit Alpha A9

Adrian BRANCO / 01net.com

Comme le premier A7 et son successeur l’A7 Mark II, le nouvel A7 Mark III est conçu autour d’un capteur 24 Mpix. C’est bien là l’une des rares éléments qu’il partage avec ses aïeux : sa mécanique et son électronique sont issus de l’Alpha A9. À commencer par le processeur d’image Bionz X et la stabilisation d’image 5 vitesses, quand le premier A7 en était dépourvu et l’A7M2 limité à 4,5 vitesses.

A.B. / 01net.com

Côté capteur, Sony a développé un tout nouveau modèle toujours pourvu d’un filtre passe-bas mais à conception « rétro-éclairée » (BSI dans le jargon) qui lui permet de monter plus haut dans les sensibilités. Bien plus haut : comme l’A9, l’A7M3 pousse la chanson jusqu’à 204.000 ISO (en mode étendu) quand l’A7M2 était limité à 51.200 ISO, deux paliers supplémentaires. La structure même du capteur BSI permet de récolter plus de lumière en plaçant une partie de la circuiterie à l’arrière du capteur, ce qui explique en grande partie ce progrès.

Par contre, le capteur de l’A7M3 n’est pas « empilé » (stacked sensor) comme celui de l’A9, c’est-à-dire qu’il n’intègre pas directement de la RAM : logique, cette technologie est très couteuse et si Sony avait fait ça, l’A9 aurait perdu une belle partie de son attrait.

Cela ne veut pas dire que l’A7M3 est manchot pour autant : par rapport au Mark II, la rafale est deux fois plus performante – 10 images par seconde contre 5 auparavant – et la mémoire tampon plus que triplée, passant de 52 images consécutives à 177 images : c’est deux fois moins que l’A9, mais largement suffisant même pour la plupart des usages professionnels. D’autant plus que le capteur de l’A7M3 profite du même système AF hybride qui joint, à la détection de contraste, le soutient de 693 points à corrélation de phase pour une couverture AF sur 93% du capteur. Avec, cerise sur le gâteau, la même fonction de maintien de la mise au point sur un œil en pleine rafale que les A9 et A7M3. Sans parler d’une plage dynamique annoncée pour 15 stops (oui vous avez bien lu).

Côté vidéo, l’A7M3 se place même au-dessus de l’A9 avec sa vidéo 4K captée, comme chez l’A6500 et l’A7M3, en 6K et avec une gestion de la 4K HDR (Hybrid Log Gamma) et des standards S-Log 2/3, ces modes plats (‘’flats’’) si chers au cœur des vidéastes qui corrigent les couleurs de leurs vidéos. Quand on se rappelle que l’A7M2 ne filmait qu’en Full HD, on réalise à quel point Sony a fait su chemin.

Et on constate qu’aucun reflex de sa gamme de prix – il sera lancé en avril à 2300 euros boîtier nu – n’offre une telle fiche technique.

Ergonomie V3

A.B. / 01net.com

Nous avons pu manipuler l’Alpha A7 Mark III pendant une bonne demi-journée avec des shoots intérieurs (avec et sans flash), sur des sujets en mouvement (intérieur, éclairé) et en extérieur. Mais avant de parler des performances à proprement parler, parlons prise en main et équipement.

A.B. / 01net.com

Et les comparaisons avec l’A9 vont continuer puisque les deux boîtiers sont du même gabarit, tant et si bien qu’il faut vraiment porter l’appareil à l’œil pour se rendre compte que le viseur n’est pas aussi bon – c’est ici celui le modèle 2,36 Mpix de l’A7R Mark II et non celui de l’A9 qui affiche 3,69 Mpix. Mais les commandes sont peu ou prou les mêmes, de même que la prise en main. Comprendre que l’A7M3 tient encore mieux en main que les génération 1 et 2, même si on est encore loin du concept de « cameraness » que Nikon met en avant sur son D850. C’est tant mieux en termes de poids, mais la prise en main est encore un peu déséquilibrée avec le gros 24-70 mm f/2.8 G Master avec lequel nous avons testé le boîtier.

A.B. / 01net.com

La batterie est une excellente surprise. Si c’est la même que celle de l’A9, son endurance est améliorée grâce à un capteur moins énergivore et à une électronique améliorée. Quand l’A9 affiche une autonomie CIPA (tests normalisés d’un consortium japonais) de 480 images, l’A7 Mark III profite de 710 clichés. Soit plus que deux fois plus que le Mark II qui plafonnait à 350 images par charge : ça change !

A.B. / 01net.com

Pour vous donner un cas d’usage, j’ai shooté 650 images pendant la phase de prise en main (en RAW+Jpeg, soit 1300 fichiers) et la batterie était toujours à plus de 70% car j’ai shooté beaucoup de rafales. On sent que les acteurs des hybrides avancent dans la consommation énergétique de leurs appareils pour, on l’espère, venir rivaliser avec les reflex. Plus tôt qu’on ne le pensait ?   

A.B. / 01net.com

La connectique du boîtier est plutôt complète avec la sortie casque et l’entrée microphone pour les séquences de tournage vidéo, une prise Micro USB pour les accessoires et la recharge, une prise USB-C pour la recharge et le shoot studio en mode connecté. Et une sortie HDMI non compressée pour la capture de vidéo sur enregistreur externe ou un écran déporté.

A.B. / 01net.com

Deux regrets : toujours pas d’écran LCD sur le dessus de l’appareil comme le Panasonic G9 et le tout fraîchement annoncé Fujifilm X-H1. Et ce satané second emplacement SD est toujours limité à de l’UHS-I à cause du maintien de la compatibilité avec le standard Memory Stick. Heureusement le compartiment principal est toujours certifié UHS-II.

AF et rafale : le régal

Si nous ne pouvons pas annoncer de verdict final sur la simple base d’une demi-journée de manipulation, nous pouvons partager notre sentiment : c’est un petit monstre. L’AF est non seulement agressif, mais il n’y a aucune forfanterie dans les rafales revendiquées par Sony. L’A7M3 envoie 10 images par seconde en suivant les danseurs sans moufter et il faut lui mettre des images pendant plus de 17 secondes pour que la cadence baisse, le temps pour l’appareil de vider les images sur la carte. Et le tout avec une précision impressionnante.

Une précision que l’on retrouve dans les shoots de portrait, où une fois la détection de l’œil activée, l’A7M3 accroche l’iris de notre modèle comme un chien son os à moelle. A l’image de l’A9 et de l’A7R Mark III, ce suivi de l’œil améliore grandement le ratio de portraits avec l’œil net. Et limite donc le nombre d’images à shooter grâce à un taux de déchet bien inférieur à celui des reflex.

On note que l’A7M3 est toujours plus lent à sortir de sa léthargie qu’un reflex, mais une fois sollicité, il est aussi impétueux que les appareils de sa gamme de prix… tout en étant plus véloce dans la cadence de prise de vue et plus endurant dans l’enregistrement des images. Le monde du réflex doit être sacrément inquiet – et si ce n’est pas le cas, c’est nous qui le sommes pour eux.

Clichés magnifiques

Sony a fait le choix, comme sur l’A9, de maintenir le filtre passe-bas sur le capteur afin d’éliminer les effets de moiré. Le tour de force de Sony est ici d’avoir réussi, comme avec l’A9, à maintenir un haut niveau de détails. S’il est fort logiquement inférieur à ce qui proposer un appareil comme l’A7R Mark III (bientôt en test !) qui affiche 42 Mpix sans filtre passe-bas, le piqué est pourtant impressionnant sur cet A7 Mark III.

Testé avec le 24-70 mm f/2.8 G Master de Sony (une optique coûteuse), l’A7M3 s’est révélé une super machine à image, rapide et précise et surtout (presque) toujours nette : l’AF hybride est bien plus précis dans la netteté des images que le « simple » AF à corrélation de phase des reflex.

Les images sont incisives sans être surnaturelles, les couleurs sont justes et moins cliniques que par le passé – Sony a fait des efforts de ce côté-là. Les logiciels tiers – Adobe Lightroom Classic, etc. – ne prennent bien évidemment pas encore en charge le format RAW et pour l’heure seule la solution d’édition est le logiciel gratuit Sony Imaging Edge (disponible pour PC Windows et pour Mac OS).

Stratégie du rouleau compresseur

Devenu numéro 1 européen des appareils à capteurs plein format (reflex et hybrides confondus) Sony n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Ce qui explique que cet Alpha A7 Mark III ne succède pas vraiment à l’Alpha A7 Mark II : il s’ajoute à la gamme.

Née en 2012, la série des appareils plein format n’a jamais perdu aucun boîtier : le premier Alpha A7 lancé il y a bientôt 6 ans est ainsi toujours vendu (et donc toujours fabriqué !), de même que toutes les itérations d’A7S et d’A7R (même si l’A7R premier du nom semble en fin de vie). Ce qui permet à Sony de proposer 8 références de boîtiers à capteur 24×36 quand, à titre de comparaison, Canon ne dispose que de 4 références en plein format (6D Mark II, 5DS et sa variante 5DS R, 5D mark IV et 1DX Mark II) et Nikon de 5 boîtiers (D610, D750, D810 et sa variante astronomique D810A, D850 et D5).

Plus gênant pour Canon et Nikon, Sony est aussi le principal responsable de la démocratisation du plein format avec une plage de prix qui s’étale régulièrement de 900 euros (premier Alpha A7) à 4800 euros (Alpha A9) – le Nikon D610 est à 1300 euros et le 6D Mark II à 1950 euros ! Pour un néophyte, le système Full Frame de Sony est le plus accessible financièrement et celui qui offre le plus de références à différents budgets.

L’A7 Mark III sera disponible dans le courant du mois d’avril à 2300 euros boîtier nu et à 2500 euros avec l’optique FE 28-70 mm F3.5-5.6.

Mention spéciale à ce kit : si le 28-75 mm est loin d’être un modèle de précision, son faible coût d’acquisition (200 € !) en fait une optique de secours incontournable avec son prix modique.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.