Le premier est informaticien, le second chercheur en sciences cognitives. Cet été, Lionel Laské et Bastien Guerry ont fondé avec d’autres personnes sensibilisées à
l’opération OLPC (Un ordinateur portable par enfant) une association française destinée à soutenir le projet. Ils alimentent en informations
un
blog et un
site Internet pour expliquer au grand public les enjeux, en termes d’éducation et de développement, du projet OLPC.A l’occasion du Netbook World Summit, qui se tient les 1er et 2 décembre à Paris, ils font le point sur le programme de déploiement de l’OLPC, dans le monde mais aussi en France.01net. : Vous êtes à l’origine de l’association OLPC-France. Quels sont les liens entre votre structure et la fondation One Laptop Per Child, qui a lancé le projet ?
Lionel Laské : Il n’y a pas de lien organique, car nous ne sommes qu’une association de loi 1901 et, aux Etats-Unis, le projet OLPC est poussé par une fondation. Mais nous avons toujours entretenu des liens privilégiés avec
les créateurs de l’OLPC. C’est ainsi que nous avons récemment pu créer un centre de réparation officiel du XO [l’ordinateur vert, jaune et blanc au c?”ur de l’opération Un portable par enfant, NDLR].
Nous pouvons démonter la machine et proposer des pièces détachées. Par ailleurs, nous étions ce week-end à Bruxelles, où les responsables du projet OLPC à Boston et en Europe nous ont confié la mission d’assurer la promotion de
l’opération pour la France.Comment les internautes français peuvent-ils participer à ce projet ?
L. L. : Aujourd’hui, et c’est nouveau pour l’Europe, les internautes, y compris les internautes français, peuvent commander un ordinateur XO directement sur le site britannique d’Amazon. Le principe est simple. L’OLPC XO coûte
275 livres (environ 320 euros). En pratique, l’internaute paie deux OLPC XO pour un acheté, la seconde machine étant destinée à un programme de dons aux écoliers défavorisés d’un pays en voie de développement. C’est l’opération
Un chez toi, un chez moi. C’est un geste solidaire. Et si l’on commande aujourd’hui, les ordinateurs pourront être livrés avant Noël.Comment pensez-vous construire des solidarités autour de ce projet, notamment au niveau des pouvoirs publics ?
L. L. : Nous souhaitons étendre ce concept aux collectivités locales en France, en prenant l’exemple du jumelage. Ainsi, certains quartiers pourraient être équipés du XO, ce qui permettrait à la collectivité concernée de
parrainer une ville ou un village dans un pays en voie de développement. Nous avons eu quelques contacts avec le ministère de l’Education nationale et avec Eric Besson [ministre du Développement de l’économie numérique,
NDLR]. Pour l’instant, ce sont plutôt des pistes.
Bastien Guerry : Toujours dans l’esprit du projet, nous travaillons aussi au développement de communautés éducatives et technologiques dans le monde francophone. OLPC-Afrique est en cours de constitution. En Afrique, le pays
actuellement le plus équipé est le Rwanda, qui disposera à terme de 40 000 machines (20 000 ont été données et 20 000 autres ont été achetées par le gouvernement de Paul Kagame).
Les pays d’Afrique de l’Ouest, notamment le Sénégal, le Mali et le Cameroun, regardent comment cela se passe et pensent construire un projet OLPC. Depuis la France, des associations interviennent notamment autour des contenus liés au
logiciel libre.Quand l’OLPC a été lancé, les netbooks n’existaient pas, mais leur arrivée en masse cette année a quelque peu bouleversé le marché. Comment vivez-vous cette nouvelle concurrence ?
B. G. : Paradoxalement, c’est une concurrence qui a permis au projet OLPC de se démarquer. Nous sommes une organisation à but non lucratif, face à des constructeurs qui cherchent à investir des marchés. Et nous misons avant
tout, avec la création de communautés, sur l’éducation, avec une vision fondée sur le long terme. Résultat, ce sont près de 400 000 XO qui ont été déployés à ce jour dans le monde. Avec des pays phares et à l’avant-garde du projet, comme
le Pérou ou l’Uruguay, qui a monté un institut national pour mettre en commun les compétences de techniciens, de développeurs et d’enseignants autour de l’OLPC.Quels sont vos rapports avec le Fonds de solidarité numérique aujourd’hui présidé par
Alain Madelin,
qui semble plus intéressé par la diffusion dans les
écoles de tableaux blancs interactifs ?
L. L. : Tout d’abord, il faut souligner que quand l’OLPC implique l’élève et sa famille, le tableau blanc interactif implique le professeur. On est dans une logique un peu différente, qui pourrait certes être complémentaire,
mais ce n’est pas tout à fait la même chose.
B. G. : Personnellement, j’attends des retours d’expérience. J’attends de voir si les tableaux blancs interactifs que l’on vend aujourd’hui en Afrique de l’Ouest seront vraiment utilisés. Pour l’instant, moi, je vois des
OLPC dans les écoles, je vois des enfants qui les utilisent, je vois des communautés qui se construisent, je vois un vrai changement numérique. Et pour ce qui est des tableaux blancs interactifs, certains sont parfois laissés à l’abandon dans les
universités françaises, parce qu’ils sont jugés trop compliqués ou trop chers.
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