01net. : Pourquoi Canal+ s’est-elle associée au colloque antipiratage de Cannes ?Olivier Zagna-Rata : Si on ne prend pas les choses en amont, on risque d’avoir à lutter contre des comportements de piratage bien ancrés chez les internautes français. Il vaut mieux prévenir que d’avoir à
réprimer. C’est pour ça que l’on a organisé ce colloque. C’est une rencontre entre les acteurs de la lourde et fragile industrie du cinéma et ceux de l’Internet, pour trouver des solutions. En plus d’être un
diffuseur et un distributeur de contenus audiovisuels, Canal+ est le principal contributeur du cinéma français. Tous versements confondus, Canal+ consacre 30 % de son chiffre d’affaires au cinéma.Selon vous, quelle est la forme de piratage la plus dangereuse pour l’industrie du cinéma ?La copie pirate individuelle n’est pas le problème majeur. Mais dès que la copie privée fait l’objet d’un échange au-delà du cercle familial, cela devient dangereux. Cela risque d’affaiblir la rentabilité
des DVD, voire de faire diminuer les entrées en salle, surtout auprès des jeunes.Canal+ vient de faire l’acquisition de la plate-forme de téléchargement MovieSystem ; c’est une réponse au piratage ?Oui, ce sera un nouveau mode de distribution. On va le proposer à toutes les plates-formes qui le souhaitent. Nous allons travailler avec les ayants droit afin de disposer du catalogue le plus large possible. Si le téléchargement de
films se développe d’une manière anarchique et dérégulée, il risque d’affecter le modèle actuel du financement. C’est pour maîtriser le développement du téléchargement que Canal+ doit investir dans ce nouveau segment de marché.
Je pense que ça va aller très vite. Pendant que nous organisons un colloque pour réfléchir avec tous les acteurs, nous passons à l’action avec MovieSystem.Quelles sont, à vos yeux, les caractéristiques d’une offre payante susceptible d’enrayer le téléchargement illégal ?La première qualité, c’est la facilité d’accès. Il faut que le système soit nettement plus convivial que les systèmes actuels gratuits, qui nécessitent tout de même d’être familier avec l’outil
informatique. Il faut que la qualité de la copie soit bonne, que le téléchargement soit rapide et le mode de facturation simple. Enfin, la différence entre illégal et légal doit être financièrement aussi peu douloureuse que possible.Vos objectifs sont-ils de mettre en place votre offre le plus rapidement possible ou bien d’être rentable à très court terme ?C’est une question compliquée. Pour un groupe comme Canal+, il est essentiel que les conditions de développement d’une telle offre ne soient pas contraires à nos intérêts financiers. Mais c’est également une
priorité stratégique pour le développement du groupe, même si on ne mesure pas encore précisément la place que ce nouveau segment de marché occupera. Il y a de grandes chances que ce soit un nouveau mode de consommation du cinéma et on ne peut pas
ne pas en être.Quel est le modèle économique retenu ?Il est encore trop tôt pour le dire. Nous avons besoin d’une réponse du marché. Il n’est pas certain que les internautes aient comme motivation majeure l’envie de se constituer une DVDthèque. On ne sait pas encore
si l’on sera plus proche du modèle de la location ou de celui de la vente. C’est pour cela que nous menons ce travail d’actions prospectives et préventives.
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