L’union fait la force. Telle semble être la philosophie d’Olivier Morel, directeur informatique de la filiale française du tour-opérateur Kuoni. PME au sein d’un groupe international, le DSI se plaît à jouer sur l’ambiguïté du
statut de son entreprise pour mener en interne ses projets. Et, exceptionnellement, il n’hésite pas à collaborer avec ses concurrents pour définir des standards communs de conception des systèmes d’information pour la profession.Comment une PME telle que la vôtre fait-elle pour mener ses projets quasi uniquement en interne ?En fait, nous sommes une PME au sein d’un grand groupe, et nous jouons sur l’ambiguïté de ce statut. Aussi nous comportons-nous tantôt comme une PME en réalisant nous-mêmes nos développements, tantôt comme un grand groupe en nous
appuyant sur ceux déjà menés par d’autres filiales de Kuoni. Ainsi, le moteur de recherche de notre site Internet français a été réalisé par nos homologues britanniques. Pour nous aider à créer des synergies entre nos différentes filiales, nous
disposons d’un intranet qui recense l’ensemble des projets menés au sein du groupe. Cela nous permet de ne pas dépendre d’une société de services (SSII) ou d’une technologie propriétaire.Pourquoi ne pas recourir, comme bon nombre de PME, à des sociétés de services ?Nous avons vécu une expérience malheureuse avec une grande SSII. Cela a eu un impact direct sur les coûts et la durée du projet que nous menions alors. Nous conservons donc désormais la maîtrise de nos projets. Disposer des
compétences en interne nous permet, par ailleurs, de gagner en efficacité sur le long terme. Mais cela serait sans doute différent si nous n’appartenions pas à une organisation internationale.Vous ne vous appuyez donc jamais sur des partenaires externes ?Si, mais ils sont issus essentiellement de notre profession. Les principaux voyagistes français sont regroupés au sein d’une association, le Ceto (Cercle d’études des tour-opérateurs). En septembre dernier, s’est constitué en son sein
un comité informatique dont l’objectif est d’établir des standards et d’inciter les tour-opérateurs français à les adopter. Car Internet et les nouveaux modes d’échange des informations ont accru l’importance de l’informatique. Nous devons nous y
adapter. Ainsi, en matière de B to B, nous avons tout à faire. Nos partenaires nous réclament des interfaces standards. Ce n’est qu’en collaborant entre eux que les tour-opérateurs arriveront à les établir. Il ne s’agit pas d’aider la concurrence,
mais d’éviter à chacun de construire des systèmes qui deviendraient ingérables dans le temps. Ce comité a d’ores et déjà permis à Kuoni d’avancer dans ce sens.Ce comité informatique vous a-t-il déjà permis d’établir des standards ?Oui. Il nous a conduits à choisir XML comme format d’échange de données. Celui-ci s’est imposé à nous lorsque nous avons voulu réaliser une brochure électronique dynamique pour notre site web. A l’époque, nous avions étudié les
différentes solutions sur étagère qui existaient pour la constituer. Mais aucune ne nous satisfaisait vraiment. Nous aurions pu, par exemple, construire des pages statiques, que nous aurions régulièrement mises à jour, ou mettre en ligne notre
catalogue au format PDF. Mais nous n’aurions pas pu gérer en ligne dynamiquement le contenu de notre brochure, et encore moins travailler avec une base de données. Nous avons donc développé nous-mêmes une interface XML sur notre serveur iSeries,
avec l’outil Netdata d’IBM. Désormais, nous nous interfaçons sans difficulté avec nos partenaires. Pour le moment, seuls deux tour-opérateurs sont en mesure de le faire : Kuoni et Marmara.La mise en place de ces standards a-t-elle modifié votre façon de travailler ?Oui. Nous avons dû nous adapter. Avant le développement de notre interface XML, nous envoyions un document Word à notre éditeur pour qu’il élabore notre brochure papier. Désormais, les informations de notre catalogue sont saisies dans
une base de données que nous adressons à l’éditeur. Il nous la renvoie corrigée. Elle alimente alors notre site web.Le développement du commerce électronique fait donc désormais partie de vos priorités ?Effectivement. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons complètement refondu notre site Internet. Nous en tirons aujourd’hui les premiers bénéfices, tant au niveau de sa fréquentation que des affaires qu’il génère. Notre problématique
n’est cependant pas de faire de l’audience, mais d’accroître nos ventes directes. Actuellement, celles-ci sont encore réalisées à 85 % par le biais de nos distributeurs, mais nous souhaitons les développer sur Internet. Nous avons déjà relevé
un premier défi : réussir à vendre en ligne des forfaits voyages à plus de 1 500 euros ! En ce début d’année, nous avons doublé notre chiffre sur Internet par rapport à 2002. Néanmoins, celui-ci ne représente encore qu’une part
infime des ventes globales.Et quel en est l’impact dans vos relations avec vos distributeurs ?Le B to B prend très bien avec nos agences de voyages. En 2001, il a généré un chiffre d’affaires de 192 000 euros. En 2002, nous avons atteint les 6 millions d’euros. 10 % de nos ventes effectuées par les agences
de voyages sont directement réservées par Internet.Ces débuts prometteurs ont-ils suscité de nouveaux projets ?Oui. Nous lancerons prochainement deux nouveaux sites web : Scanditour et Celtictour. Développés à partir de notre site actuel
kuoni.fr, ils intégreront des caractéristiques qui leur seront propres. Nous essayons de mener tous nos projets ainsi. A savoir mettre en place des solutions pérennes, sur lesquelles nous pourrons nous
appuyer par la suite pour d’autres développements.
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