A l’occasion des élections présidentielles et à la veille des élections législatives, la polémique sur le déclin de la France, rebaptisée “perte de compétitivité et d’attractivité”, est entrée de plain-pied dans le débat public. Face au réquisitoire sans concession des organisations patronales, les candidats n’ont avancé, jusqu’ici, que quelques propositions, axées tantôt sur la baisse des charges et de la pression fiscale, tantôt sur le dialogue social et l’assouplissement réglementaire…Mais quoi de très nouveau au regard des transformations profondes initiées par la “nouvelle économie”, qui émerge depuis bientôt trois décennies à l’échelle de la planète ? A aucun moment, chez aucun des candidats, il n’a été question du lien entre l’utilisation intensive des nouvelles technologies de l’information par les entreprises et la compétitivité de notre économie. Certes, chaque parti politique a exprimé un certain nombre de propositions sur le thème de la société de l’information ?” équipements informatiques dans l’ensemble des familles, démocratisation du haut débit, soutien aux start up technologiques ou développement de l’administration électronique. Avec, d’ailleurs, un certain consensus. En revanche, du point de vue de l’entreprise, c’est le statu quo. Où sont les propositions destinées à aider les entreprises à mieux s’informer, s’équiper, se former et innover ? Comment favoriser le développement des pratiques e-business dans notre tissu économique ? Comment aider l’industrie française des TIC, qui représente désormais une part non négligeable de nos emplois et de notre valeur ajoutée, à se restructurer et à retrouver le chemin de la croissance en accompagnant la nécessaire migration de nos TPE et PME nationales vers l’économie en réseau ?Pourtant, l’une des priorités du gouvernement en matière de compétitivité économique sera bien de formuler des propositions concrètes, destinées à accélérer la diffusion et l’intégration des NTIC dans l’ensemble de nos entreprises. Cela afin que chacune d’elles soit rapidement en mesure : d’innover en permanence pour se différencier et créer de la valeur ajoutée ; de s’adapter efficacement aux rapides changements de son environnement concurrentiel ; de mettre en place de nouveaux modes d’organisation articulés autour du client ; d’automatiser une grande partie de ses échanges informationnels et transactionnels par l’interconnexion, via internet, de son système d’information à ceux de ses partenaires ; et, enfin, de mieux concevoir, fabriquer et vendre ses produits, en atteignant un public plus large ou mieux ciblé, en réduisant ses coûts et en réalisant d’importants gains de productivité.Car, dans cette nouvelle économie, la productivité et la compétitivité des unités ou des agents dépendent désormais essentiellement de leur capacité à générer, traiter et appliquer une information efficace, fondée sur la connaissance. Par ailleurs, les activités clés de production, consommation et distribution, ainsi que leurs composants sont organisés à l’échelle planétaire en temps réel. Et ce grâce à l’infrastructure nouvelle, fournie par les technologies de l’information, et au mouvement de déréglementation des marchés, amorcé à partir de la fin des années quatre-vingt. De ce fait, l’avènement d’internet comme réseau de communication et d’interconnexion universel est devenu, depuis 1995, à la fois une puissante force motrice du mouvement de globalisation et un fantastique vecteur d’intégration des nouveaux procédés de collecte, de traitement et de transmission de l’information.Dans ce contexte, l’Etat doit, dès aujourd’hui, aider nos entreprises à affronter les nouveaux enjeux issus de cette révolution technologique. Car, dans cette nouvelle économie, les intérêts politiques particuliers de l’Etat sont, dans chaque nation, de plus en plus liés à la compétitivité internationale des entreprises nationales.Désormais, l’Etat doit encourager le développement technologique des industries nationales et de ses infrastructures productives afin d’améliorer la productivité et d’aider “ses” entreprises à devenir plus compétitives sur le marché mondial. Et si la déréglementation, la privatisation ou l’abaissement des charges fiscales et sociales peuvent faire partie de la stratégie de développement des Etats, leur effet sur la croissance économique dépendra essentiellement de leur lien avec les stratégies d’intervention, telles que les politiques de l’innovation, de la recherche, de l’éducation ou de la formation, visant à accroître les ressources du pays en facteurs de production informationnels. Notre capacité à nous former, à nous équiper, à inventer, à entreprendre et à évoluer dans le nouvel environnement technologique est plus que vitale pour notre compétitivité économique.Ainsi, selon la Commission européenne, les entreprises du Vieux Continent ne parviendraient toujours pas à rattraper leur retard de compétitivité à l’égard de leurs concurrentes américaines ?” principalement en raison de leurs contre-performances en matière d’innovation et d’utilisation des nouvelles technologies.La Commission va même jusqu’à chiffrer ce retard européen : cinq ans. Face à ces nouveaux compétiteurs qui ont déjà totalement ou en partie adopté les pratiques et les règles de l’économie en réseau, le renouveau de la compétitivité économique française se trouve donc bien dans la capacité qu’aura le prochain gouvernement à engager les réformes incontournables qui contribueront peut-être à faire de la France, en 2007, un pays en réseau.
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