Olivier Heckmann et Michel Meyer forment un inséparable tandem. Aujourd’hui à la tête de PulseVision, une société qui conçoit des programmes pour la télévision interactive, ces amis de dix ans se sont rencontrés aux Etats-Unis. En 1994,
Olivier Heckmann travaille pour Ray Dream, un éditeur de logiciels d’images de synthèses. C’est là qu’il rencontre Michel Meyer, alors développeur stagiaire.
Dès 1995, les deux acolytes se lancent dans leur première expérience Internet. Ils créent The Virtual Baguette, un magazine décalé pour les Français à l’étranger. L’année suivante, c’est au tour de Multimania. Levée de
fonds, internationalisation, entrée en Bourse… tout semble réussir à la start-up.
La descente est tout aussi rapide, dégonflement de la bulle oblige. Dès 2001, Multimania enchaîne plan social et OPA. La jeune pousse passe sous la coupe de Lycos. Olivier Heckmann prend alors la direction des services d’hébergement en
Europe. Son comparse est, quant à lui, chargé de fusionner les différentes acquisitions de l’Allemand sur le sol français (Multimania, Caramail, Lycos). Des ‘ divergences stratégiques ‘ poussent Michel
Meyer à démissionner fin 2001. Olivier Heckmann l’imite quelques mois plus tard. Malgré les propositions d’intégrer de grands groupes, l’innovation et l’esprit d’entreprise seront les plus forts…01net. : Avec le recul, comment analysez-vous l’expérience Multimania ?
Olivier Heckmann : Extrêmement enrichissante. Nous avons eu la chance de vivre en quelques années tout le cycle de vie d’une entreprise. En 1999, Multimania employait 120 personnes. Nous nous sommes introduits en Bourse.
Puis, il y a eu l’éclatement de la bulle Internet. Il a fallu le gérer, nous repositionner et restructurer la société par des plans sociaux. Enfin, nous avons vécu une OPA avec le rachat de Multimania par Lycos.Malgré tout, vous croyez toujours en Internet ?
A 200 %. Ce qui n’était qu’une vision en 1995 est aujourd’hui une réalité. Internet est une bibliothèque mondiale dont la puissance augmente chaque jour grâce à la contribution de sociétés comme Google, mais également à celle de
millions d’internautes. L’e-commerce est devenu une réalité et nous entamons aujourd’hui un autre stade de développement avec la convergence téléphonie-télévision-internet.Avec Multimania, vous étiez là trop tôt ?
Multimania était là au bon moment. Il suffit de voir le succès de l’hébergement payant aujourd’hui et de celui des blogs. C’est la suite logique de l’hébergement des pages personnelles que proposait Multimania. Les choses ont juste évolué.
En 1999, il fallait s’y connaître en code HTML. Aujourd’hui, l’internaute n’est plus un développeur : il communique et publie instantanément.Pensez-vous que la télévision interactive pourrait connaître une bulle comme celle d’Internet ?
Je ne pense pas. Les fondamentaux sont sains. En 1999, il y avait un décalage entre la réalité et les attentes de chiffre d’affaires sur Internet. La télévision interactive engendre des revenus. Mais il est vrai que nous sommes dans une
phase de rupture. La télévision telle que nous la connaissons aujourd’hui n’existera bientôt plus. Le monde du petit écran connaît des changements structurels, dans ses coûts de fabrication et de diffusion par exemple, avec l’arrivée de la
télévision sur Internet. Le coût de la bande passante explose. Les chaînes doivent trouver des sources de revenus complémentaires.Proposer aux téléspectateurs de taper 1 ou 2, est-ce vraiment un modèle économique ?
La télévision interactive, ce n’est pas proposer aux gens de voter pour garder Loana dans le Loft. Nous fournissons des programmes clés en mains dans lesquels les téléspectateurs peuvent tchater en direct ou interviewer une personnalité,
par exemple. L’émission, c’est la participation du téléspectateur. Nous vendons déjà nos programmes à une dizaine de chaînes.
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