Pour la nouvelle version de sa suite bureautique, Office XP, qui sera diffusée dès le mois de juin, Microsoft a imaginé un système de protection contre le piratage fondé sur l’attribution, par l’éditeur, d’une clé d’activation unique pour chaque logiciel.Son principe est simple : lors de l’installation, le programme crée un numéro de série qui dépend du logiciel et de la configuration matérielle de votre PC. Vous communiquez ce numéro à Microsoft et ce dernier vous délivre une clé. Une fois cette dernière saisie sur votre PC, Office XP devient opérationnel.Que l’éditeur soit lassé du piratage à grande échelle de ses programmes se conçoit aisément. Ainsi, dans certains pays, il n’y a guère qu’une version d’Office achetée pour vingt utilisées. Mais la méthode de validation par clé, utilisée pour la première fois pour un logiciel à très grande diffusion, constitue-t-elle vraiment un obstacle pour les pirates ?Rien n’est moins sûr.En effet, le principe est que Office XP ne peut être installé qu’une seule fois. Que se passe-t-il lorsque le disque dur du PC est accidentellement effacé, ou quand la configuration matérielle est modifiée ? Vous devez alors demander une nouvelle clé de validation à Microsoft.Bien entendu, l’éditeur sait parfaitement que vous n’en êtes plus à votre première installation. Va-t-il, pour autant, vous refuser le précieux sésame ? Probablement non : Microsoft ne peut pas se permettre de refuser à un client d’utiliser Office. Et le principe de la présomption d’innocence lui interdit de mettre en cause une personne sans prendre le risque d’entamer un litige avec elle. Aux Etats-Unis, il faut moins que ça pour entamer un procès ! Alors comment réagira Microsoft lorsqu’il se trouvera devant des demandes manifestement abusives. Dans les premiers temps, il a annoncé qu’il conseillait à ses opérateurs chargés de délivrer les fameuses clés de validation de faire preuve de compréhension. Euphémisme bien français !Jusqu’où ira cette ” compréhension ” ? L’expérience nous le dira. Mais on pressent déjà que cette technique servira surtout à dissuader le piratage ” involontaire “, celui que commet le chef d’une PME qui n’a pas conscience qu’il est illégal d’installer le même logiciel sur plusieurs PC. Mais face aux pirates organisés, le système de clés, pour lequel il existera probablement des algorithmes de contournement sur Internet, ne sera pas totalement dissuasif.Seule consolation pour Microsoft : faute d’enrayer le piratage, l’éditeur pourra, avec son système de clés, établir des statistiques sur le taux de piratage de sa suite dans les différents pays du monde. C’est déjà ça !Prochaine chronique le mercredi 13 juin
2001
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