Verra-t-on bientôt figurer, au bas des boîtes de cartes graphiques, « vente interdite aux mineurs » ? Si ce petit trait d’esprit a de quoi faire sourire, il faut bien avouer que la gangrène des cryptomonnaies est en train de grignoter tous les membres du marché des composants pour PC. Et plus particulièrement celui des cartes graphiques. Ce sont en effet ces dernières qui sont les plus performantes dans le minage de l’Ethereum et autre Bitcoin, monnaies virtuelles dont la valeur a explosé ces derniers mois.
Très simplement et en prenant de grands raccourcis, pour miner en masse, il faut beaucoup de puces graphiques, toutes reliées à une ou plusieurs plates-formes. Ainsi, lors du dernier Computex, nous avions pu voir une machine intégralement dédiée au mining sur le stand de Asrock (voir photo ci-dessous).
Rappelons que miner un Bitcoin, par exemple, prend un temps donné, déterminé entre autres par la puissance de calcul allouée au processus. Plus vous minez, plus l’extraction de monnaie prend du temps.
Les cryptomonnaies vampirisent l’offre
En juillet dernier, Business Insider Australia citait les propos tenus par Marco Streng, Chief Executive de Genesis Mining : « Nous louons des avions de transports de type Boeing 747, pour livrer nos fermes de minage en cartes graphiques. Les autres moyens d’acheminement nous font perdre trop de temps ».
On se doute que ce ne sont pas quelques dizaines de cartes qui se trouvaient dans les soutes de ces avions. Mais bien des centaines, voire des milliers. De quoi fortement secouer le marché du GPU. Ou plus exactement, créer des ruptures de stocks sur les composants, les usines ne pouvant pas produire plus et plus vite qu’elles ne le font déjà. Par effet de bord, aux Etats-Unis surtout, les prix ont commencé à flamber et les stocks sont très faibles.
En France, un rapide détour sur les sites spécialisés montrent que les GPU les plus efficaces sont pour beaucoup absents des étagères. Les références, tant AMD que Nvidia, sont bien listées mais les délais de livraison sont estimés à plusieurs semaines dans certains cas.
Même sur la boutique en ligne de Nvidia, les GTX 1070, 1070 Ti et 1080 Ti sont en rupture. Tout comme les modèles commercialisés par les sites marchands et sur lesquels Nvidia renvoie. En revanche, les GTX 1080 et 1060 demeurent, elles, disponibles. Amis gamers, il est peut-être temps de casser votre tirelire et de craquer !
Ainsi, si un joueur caresse l’envie de s’offrir une nouvelle carte 3D pour profiter des derniers titres sortis et de tous ceux qui sont en approche, il risque de payer le prix fort et/ou d’attendre plusieurs semaines avant de mettre la main sur son précieux composant.
Les joueurs d’abord, les autres ensuite
Une situation qui ne fait pourtant pas forcément plaisir à Nvidia. Interrogé par le site allemand ComputerBase.de, Boris Böhles, responsable des relations public de Nvidia pour les régions Dach & Benelux, déclarait : « Pour Nvidia, les joueurs sont prioritaires. Toutes nos activités autour de la marque et des produits GeForce ne sont pensés que pour eux. Pour être certains que nos joueurs puissent s’offrir une GeForce lorsqu’ils le désirent, nous recommandons à nos partenaires [NDLR : marchands en ligne et physiques] de faire en sorte de contenter les besoins des joueurs avant tout. » Reste qu’aucune solution concrète n’est avancée ou préconisée par Nvidia.
A quelques semaines de l’annonce des résultats financiers de Nvidia, une telle annonce a sans doute dû créer quelques remous dans les hautes sphères de la société américaine. Il ne serait donc pas étonnant que, début février, Jen-Hsun Huang – le CEO de Nvidia – ne se fende pas d’un commentaire officiel à propos de l’utilisation des GeForce pour le mining.
Endiguer la pénurie de GPU ? Certains revendeurs ont trouvé un début de solution : limiter le nombre de cartes commandables (2 au lieu de 5 par exemple) par un seul et même utilisateur. Cependant, les mineurs ne manquent pas de ressources et peuvent tout à fait passer par d’autres canaux d’approvisionnement (les distributeurs par exemple) pour mettre la main sur les cartes recherchées. Honorer une commande de plusieurs centaines de cartes ne doit pas pouvoir se refuser bien longtemps…
Et AMD dans tout cela ? Tout aussi touchée que sa concurrente, l’équipe rouge ce dernier ne communique pas beaucoup non plus. Toutefois, comme les Radeon RX 500 ou RX Vega ne parviennent pas forcément à rivaliser avec les GeForce de Nvidia, le marché du mining permet au concepteur d’écouler ses cartes, un peu boudées par la communauté gamer ces derniers temps.
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