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Comment Nvidia veut sortir gagnant de l’introduction en Bourse d’Arm

Proscrit des négociations de rachat, Nvidia revient à la charge d’Arm sur son projet d’introduction en Bourse. Au même moment, son propriétaire Softbank compte renflouer ses caisses en fixant la valorisation d’Arm à un niveau jamais atteint dans l’Histoire. Tout ceci déterminera la suite pour le marché de la tech, de la conception des produits au développement de l’intelligence artificielle.

Le prochain débat sur la libre concurrence dans la tech et l’abolition des monopoles impliquera de nouveau Nvidia et Arm, à deux mois d’une introduction en Bourse qui continue d’affoler les investisseurs et tirer vers le haut l’ensemble des marchés financiers. C’est la dernière ligne droite pour Arm qui se cotera à Wall Street en septembre prochain et voilà que nous apprenons d’un article du Financial Times que Nvidia serait revenu à la charge pour pouvoir négocier une participation de référence, un mois seulement après des rumeurs similaires concernant Intel.

Nvidia, véritable locomotive du Nasdaq depuis le début de l’année (en hausse de 196 %), ne s’est toujours pas remis de son interdiction de rachat d’Arm en septembre 2020, bloquée par les régulateurs américains et européens. C’est donc toujours Softbank qui est aux manettes du géant de la fabrication de puces britanniques, mais le conglomérat souhaite lui de son côté revendre sa participation et ainsi réaliser une plus-value confortable, qui lui permettrait d’effacer ses pertes de 2022 en raison de la débâcle du secteur technologique.

Nvidia Bourse 2023
Depuis mai 2023, Nvidia est le premier fabricant de puces a avoir atteint les 1000 milliards de dollars de capitalisation boursière © CompaniesMarketCap

Les dernières valorisations d’Arm remontent à 2016 par Softbank (32 milliards de dollars) et l’offre de rachat en 2022 de Nvidia (40 milliards de dollars). Aujourd’hui, selon le Financial Times qui s’appuyait sur des personnes au courant des pourparlers, Nvidia aurait voulu entrer au capital d’Arm en suivant une valorisation totale comprise entre 35 et 40 milliards de dollars. Du côté d’Arm (et donc de Softbank), les intentions sont plutôt d’aller chercher les 80 milliards. En août 2022, le conglomérat japonais évoquait des pertes de plus de 23 milliards de dollars, d’où son intérêt de se racheter avec l’IPO d’Arm.

Depuis que le constructeur de pick-up électriques Rivian est entré en bourse à 70 milliards de dollars, grâce notamment à Amazon qui a grandement participé au financement, jamais les États-Unis n’avaient connu d’aussi grosses introductions en Bourse que celle d’Arm, si son montant de valorisation se confirmait. La cotation de Rivian remonte à septembre 2021 et l’accès aux capitaux a bien changé depuis. En tant qu’actionnaire d’Arm, Nvidia souhaiterait être un investisseur « de référence » citait de ses sources le Financial Times, mais Arm ne devrait pas rencontrer de difficultés pour trouver d’autres entrants à son capital tant la société évolue sur un marché porteur et qu’elle a déjà été cotée en Bourse de 2013 à 2016.

nvidia superordinateur dgx gh200
Le projet de super-ordinateur DGX GH200 de Nvidia, ses 24 racks et ses 256 super-puces © Nvidia

Ce que veut Nvidia avec Arm

Pourquoi un aussi gros acteur de la conception de puces comme Nvidia veut à tout prix obtenir une participation dans Arm ? Pour peser dans ses décisions, les orienter dans ses projets de super-puce et se présenter en référent dans le matériel de l’intelligence artificielle et du calcul haute performance. Nvidia a déjà prouvé son intérêt dans cette voie en dévoilant la Grace Hopper lors de la conférence GPU Technology. Arm est devenue une référence, non pas seulement pour les smartphones et les tablettes, mais aussi pour les PC et les serveurs aujourd’hui.

Avec cette super-puce Grace Hopper (appelée H200), le projet aussi et surtout de lancer un super-ordinateur DGX GH200 disposant de 24 racks, avec jusqu’à 256 puces pour une puissance de calcul FP8 d’environ un exaflops pour en faire un composant clé dans la formation lourde et rapide de l’IA. Les super-puces sortiraient des chaînes de production de TSMC pour une commercialisation dès 2023, et Nvidia travaillerait avec Asus et Gigabyte pour les serveurs.

Comment se soldera l’affaire et qui entre Intel et Nvidia participera en tant qu’investisseur de référence dans l’introduction en Bourse d’Arm ? Si Nvidia ne laissait rien à son concurrent, alors l’écart se creuserait bel et bien. Pour Nvidia, le moment est opportun pour confirmer son avance sur Intel, qui a récemment renoncé à l’idée de poursuivre son projet de conception de super-puce baptisée XPU Falcon Shores. Cela dit, Intel reste tout de même très proche d’Arm avec son projet de puces gravées en 1,8 Nm, qui pourrait remettre sur le droit chemin l’Américain et tenter de rallumer la flamme avec Apple.

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Source : Financial Times