Après avoir à plusieurs reprises vilipendé le service Google books du moteur de recherche, le ministère de la Culture sera-t-il contraint d’assouplir sa position vis-à-vis du géant du Web ? Nommée par Frédéric Mitterrand pour étudier la numérisation des fonds patrimoniaux des bibliothèques, la commission Tessier a rendu son rapport, hier, mardi 12 janvier.
Contre toute attente, elle suggère un partenariat donnant-donnant avec Google. Cet accord pourrait viser, non pas à faire prendre en charge l’effort de numérisation, mais à le partager, en échangeant des fichiers de qualité équivalente et de format compatible. Autrement dit, un fichier contre un fichier. Google books serait enrichi par les ouvrages français numérisés par la France, et en échange, le service donnerait à la plate-forme numérique nationale des livres de son catalogue en ligne.
Dans une interview accordée au Figaro, Marc Tessier précise « que ce partenariat devra se faire dans des conditions économiques équilibrées, prévoyant entre autres le partage de recettes liées à la vente croisées de ces fichiers ». Le tout, dans le respect des droits d’auteur.
« Je n’ai pas envie de me passer de Google, a déclaré Frédéric Mitterrand, selon Reuters. Nous allons leur proposer (…) un tout autre dialogue : un échange de fichiers sans confidentialité ni exclusivité, dans la transparence et le respect des auteurs. »
Un bilan peu convaincant pour Gallica
Pour autant le ministre de la Culture ne donne pas un blanc-seing à Google. Frédéric Mitterrand souligne au quotidien Le Monde que les accords signés entre la bibliothèque de Lyon et le géant du Web sont « inacceptables ». Ce partenariat confère en effet une exclusivité de 25 ans sur les fichiers numérisés au moteur de recherche (voir le très intéressant papier de nos confrères de Télérama sur le sujet).
Mais sans la force de frappe de Google, il convient de constater que le bilan de la Bibliothèque nationale est peu convaincant. Aujourd’hui, seuls 145 000 ouvrages francophones et 650 000 revues (ainsi que 115 000 images) sont présents sur son site Gallica selon Marc Tessier, alors que plusieurs centaines de milliers de livres en langue française sont accessibles depuis Google books.
Pire, les rapporteurs notent que la seule version du Rouge et le Noir de Stendhal, « facilement consultable, provient du service du moteur de recherche. Aussi les rapporteurs préconisent-ils de réformer profondément le pilotage et les fonctions » de Gallica.
Google n’a pour l’heure pas commenté ces propositions. Frédéric Mitterrand, selon Reuters, rencontrera les dirigeants de Google aux Etats-Unis en mars prochain. Pour rappel, 750 millions d’euros provenant du Grand emprunt seront affectés à la numérisation des contenus des musées, des bibliothèques et du patrimoine cinématographique de la France.
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