La grève, ce n’est pas seulement à la SNCF ni dans le métro parisien. C’est aussi au cinéma. Ce week-end, en effet, des projectionnistes du réseau UGC ont cessé le travail, et certaines salles sont restées fermées. Comme aux Forum des halles à Paris, à Rouen, à Lille, à Villeneuve-d’Ascq et à Noisy-le-Grand. En cause, un plan social visant à supprimer 95 postes sur 162, dans le cadre de la numérisation des systèmes de projection. Avec eux, exit les pellicules et les bobines, bonjour les disques durs et les mégaoctets : UGC compte équiper toutes ses salles d’ici à la fin 2012.
« Nous ne critiquons pas cette évolution, nous avons conscience des mutations technologiques, c’est normal, explique Damien Mullatier, porte-parole de l’UGC-CFDT, mais on aurait pu mieux anticiper ce plan social. UGC avait toujours dit qu’elle serait la dernière à numériser, mais ils se sont pris une claque au moment d’Avatar [pour la version 3D, qui nécessitait une projection numérique, NDLR]. Alors, d’un coup, ils changent leur fusil d’épaule. »
Les projectionnistes reprochent à la direction une adaptation à marche forcée et un plan de départs mal préparé, sans possibilité de reconversion pour les opérateurs, plus que la numérisation en elle-même. « Ces derniers mois, on a envoyé les directeurs de salle et les directeurs adjoints en formation sur le numérique, pas les opérateurs », note Damien Mullatier.
Pathé se numérise depuis 2008
Une première grève a eu lieu mercredi 30 juin, à l’occasion de la sortie de Shrek 4 et de Millenium 2. Puis le mot d’ordre a été reconduit vendredi soir dernier à partir de 19 heures pour tout le week-end. Selon la CFDT, la moitié des salles se seraient déclarées en grève, et un tiers auraient effectivement débrayé, annulant des projections. Les négociations entre la direction et les instances représentatives du personnel devaient reprendre ce lundi 12 juillet.
La France compte un peu plus de 5 000 écrans de cinéma. Jusqu’au mois de janvier dernier, UGC n’en possédait aucun qui soit équipé d’un projecteur numérique. Désormais, trois salles de l’UGC Ciné-Cité-Les Halles, trois autres de l’UGC de Noisy-le-Grand et toutes celles de l’UGC Normandie, sur les Champs-Elysées, sont notamment équipées. L’UGC de Lille s’y est mis en mars, pour la sortie d’Alice au pays des merveilles de Tim Burton.
Le groupe a en effet signé en février avec le prestataire technique Ymagis, qui est chargé d’équiper 600 salles UGC (encodage des fichiers, création de masters numériques, installation de projecteurs). Cette société née en août 2007 a déjà signé en septembre 2009 avec le groupe MK2. Ce dernier veut faire passer ses 58 salles en numérique d’ici à la fin 2010. Chez Pathé, les choses ont commencé à bouger en 2008, avec huit salles du complexe de Vaise, dans le 9e arrondissement de Lyon.
En février, le Centre national de la cinématographie (CNC) annonçait un dispositif d’aide, la conversion au numérique d’une cabine de projection traditionnelle coûtant quelque 70 000 euros. Mais, pour le spectateur, ces bouleversements restent en grande partie transparents. Si ce n’est une majoration du prix du billet pour les films en 3D, comme cela se pratique actuellement.
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