Géant mondial des télécommunications mobiles, Vodafone n’en est pas moins chahuté dans son propre pays. Selon les derniers chiffres publiés par l’Oftel, le régulateur britannique des télécoms, Vodafone occuperait toujours la deuxième place en terme de parts de marché, avec 25,4 %, juste derrière Orange, filiale de France Telecom, qui l’emporte avec 27,4 %. À y regarder de plus près, les chiffres sont toutefois trompeurs : en avril dernier, Vodafone indiquait que le total de ses abonnés britanniques se montait désormais à 13,186 millions. Or, les derniers résultats d’Orange, en septembre, font état de “seulement” 12,8 millions d’abonnés.
Course serrée au sommet
Au-delà des subtilités de méthodes de calcul, Vodafone enregistre néanmoins un tassement de sa base d’abonnés dans son troisième marché européen, après l’Italie et l’Allemagne. Au premier trimestre 2002, le “telco” britannique ne se serait enrichi que de 22 000 nouveaux utilisateurs alors que certains analystes tablaient jusqu’à 150 000 nouveaux abonnés. Les raisons à ce ralentissement sont nombreuses. Première d’entre elles : avec quelque 46 millions d’abonnés, le marché de la téléphonie mobile arrive aujourd’hui à un point de saturation en Grande-Bretagne. Si la croissance du nombre de souscripteurs d’abonnements a été de 5 % au premier trimestre 2001, elle n’est plus aujourd’hui que de 3 %. D’autre part, Vodafone doit aussi faire face à un paysage très compétitif, où tous les opérateurs sont au coude à coude. Ainsi, le numéro 3 du secteur, MMO2, né de la séparation des activités fixes et mobiles de BT Group en novem-bre 2001, détient de 23,9 % de parts de marché avec 11,084 millions d’abonnés… talonné de près par T-Mobile (groupe Deutsche Telekom), anciennement One-to-One, qui affiche 10,4 millions d’abonnés.Dans ce marché mature, les opérateurs tentent par tous les moyens de “booster” le revenu moyen par utilisateur, laissant ainsi de côté la course à l’acquisition de nouveaux clients : “À l’image de nombre de ses compétiteurs, Vodafone doit absolument convertir ses clients prépayés en consommateurs sous contrat, lesquels sont trois fois plus rentables”, indique Richard Clifford, analyste chez Datamonitor. À l’heure actuelle, les clients prépayés de Vodafone rapportent en moyenne 190 euros par an à l’opérateur contre 895 euros pour les abonnés. Pour augmenter ses revenus, l’opérateur a notamment annoncé le lancement de nouveaux services de données d’ici à la fin de l’année. Selon les prévisions de l’opérateur, ce secteur devrait générer 20 % des revenus globaux d’ici à 2004 alors qu’il ne représente aujourd’hui que 13 %. La stratégie a du sens, d’autant que les revenus issus de la téléphonie mobile de troisième génération ne sont pas prêts d’arriver. Vodafone a récemment annoncé qu’il repoussait à l’année prochaine la vente de terminaux 3G en Grande-Bretagne. De son côté, Hutchison, dernier entrant de la téléphonie mobile outre-Manche, a maintenu le lancement de son service pour la fin de l’année. Reste donc à Vodafone à prouver que son potentiel de croissance est encore bien réel.
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