“L’objectif de faire de la France la première économie numérique d’Europe est le bon. Encore faut-il lui en donner les moyens.” En mars dernier, le candidat Jacques Chirac confiait au Nouvel Hebdo son intention de faire du dossier technologique l’une des priorités de son nouveau septennat.Cette ambition risque toutefois d’être contrariée par la conjoncture politique et économique. Politique d’abord, car certains ministres comme Nicolas Sarkozy à l’Intérieur, Dominique Perben à la Justice ou Pierre Bédier pour la construction des prisons ?” il est secrétaire d’État au programme immobilier de la Justice ?” sont déjà sûrs de disposer de rallonges budgétaires, thématique sécuritaire oblige.
Les menaces
Or, les promesses de baisse de 5 % de l’impôt sur le revenu (soit 2,5 milliards d’euros de ressources en moins), combinées à un contexte économique plutôt faible, risquent de coûter cher à des départements ministériels jugés, peut-être, moins stratégiques. Une définition qui pourrait correspondre au portefeuille de ministre délégué à la Recherche et aux Nouvelles Technologies détenu par Claudie Haigneré. Il faut savoir que, l’an dernier, le budget civil de recherche et développement, qui rassemble les crédits d’État destinés au financement de la recherche civile, se montait à 8,4 milliards d’euros.En ce qui concerne l’environnement économique, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit pour notre pays une croissance de 0,9 % en 2002 et de 2,6 % en 2003. Des scores très en deçà des 1,4 et 3 % avancés par les services de Bercy pour préparer le budget 2003. D’où l’inquiétude qui agite le petit monde des technologies. En effet, début août, le quotidien Libération mentionnait une note ministérielle qui réclamerait une baisse de 7,3 % des crédits accordés à la recherche et la suppression de 200 postes dans le domaine des services publics scientifiques. Info ou intox ? L’été est toujours l’occasion pour les cabinets ministériels de négocier leurs enveloppes budgétaires. Il s’agit de plaider sa cause auprès de Matignon et de Bercy pour voir son montant au mieux progresser, au pire maintenu, le scénario catastrophe étant qu’il soit diminué. Pour répondre aux rumeurs, le site internet du ministère de la Recherche se contente d’afficher, depuis quelques jours, un communiqué lapidaire qui “dément formellement que le projet de budget soit établi sur une base de réduction rapportée de manière erronée par certains organes de presse” (visible sur www.recherche.gouv.fr/discours/2002/budget.htm). Le ministère ayant mis une semaine à publier ce bref avis, il y a fort à parier que les tractations ont été intenses pendant cette période pour lui permettre d’obtenir satisfaction.
Les appuis
Les encouragements extérieurs ne manquent pourtant pas. Ainsi, ses services ont pu faire valoir la recommandation de la Commission européenne de voir les États membres de l’Union consacrer 3 % de leur produit intérieur brut (PIB) à la recherche d’ici à 2010. Une perspective que Jacques Chirac a reprise à son compte à la mi-juillet alors qu’il inaugurait le site de la future usine d’assemblage des Airbus A380, près de Toulouse. Favorable encore, la récente édition d’un rapport rédigé par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE, disponible sur le site www.ocde.org), intitulé Dynamiser les systèmes nationaux d’innovation, qui incitait fermement les pouvoirs publics à favoriser l’intégration de la recherche dans le cadre général de la politique économique.Interrogé par Le Nouvel Hebdo sur ses perspectives budgétaires, le cabinet de Claudie Haigneré s’est cantonné à rappeler la consigne de discrétion imposée par Jean-Pierre Raffarin. Histoire justement d’éviter les voix discordantes, et de donner rendez-vous le 18 septembre, date à laquelle le projet de loi de finances pour 2003 sera présenté en Conseil des ministres. Ou peut-être avant, si des impératifs de communication gouvernementale lexigeaient…
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