…] Ainsi, tout va bien. La météo économique est au beau fixe, et rien n’entame la confiance générale. Les Français ont le moral, et l’été maussade n’a pas affecté le climat des affaires. L’anticyclone des Açores n’a pas été au rendez-vous, mais la nouvelle économie, éclairée par le soleil des technologies de l’information, est dans toutes les têtes et fait la une des médias. […] Pourquoi les experts n’avaient-ils pas vu venir cette ” nouvelle croissance ” dont ils parlent tous ? Est-elle vraiment portée par les nouvelles technologies ? L’embellie est-elle durable ? N’est-elle pas à la merci d’un choc pétrolier ou d’un krach boursier et monétaire qui viendrait des Etats-Unis ? […] Les TIC jouent bien un rôle déterminant dans la concurrence, la baisse des prix, et la réduction des stocks. Et, par conséquent, elles facilitent – tout comme la libéralisation – une croissance plus saine : moins inflationniste et moins volatile. Il faut cependant relativiser leur part quantitative dans l’économie et dans la croissance elle-même. […] Serait-ce la fin du fameux paradoxe de Solow ? Ce prix Nobel d’économie avait remarqué en 1987 : “On voit des ordinateurs partout, sauf dans les statistiques de productivité.” Interrogé récemment sur ce point, le professeur du MIT (Massachusetts Institute of Technology) reste prudent : “Il est possible que ce soit la fin du paradoxe des ordinateurs, mais je n’en suis pas sûr.” En effet, l’accélération récente de la productivité du travail est encore loin des performances des années 1950, alors qu’il n’y avait pas d’ordinateurs. […]Cependant, on le sent bien, les instruments statistiques actuels sont incapables de prouver par la mesure l’éventuelle dimension technologique de la croissance. La même impuissance de mesure empêche d’ailleurs de prouver le contraire. Ce qui permet d’entretenir aussi bien les doutes que les espoirs et, du même coup, de nourrir les controverses.[…] L’hypothèse que nous privilégions est la suivante : les facteurs économiques classiques jouent un rôle plus important que les technologies dans la nouvelle croissance. […] Le prospectiviste que je suis, pour qui l’avenir est d’abord le fruit de la volonté et de la détermination, ne peut s’empêcher d’être sceptique vis-à-vis des lectures où le déterminisme religieux d’antan a fait place à un déterminisme technologique à prétention scientifique. […] Il y a longtemps que nous avons remarqué, avec Jacques Lesourne, que, s’il y a des cycles longs, ils sont plutôt socio-organisationnels que technologiques. […]
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