Pas de mauvaise surprise dans le catalogue du nouvel HP. Le constructeur évite l’arrogance et reprend les carnets de route de Compaq. Mais plusieurs questions restent posées sur Linux, les logiciels et la distribution. Catégorie par catégorie, tous les détails de l’évolution des gammes professionnelles du nouvel HP.
On s’attendait à un bain de sang. Que cette fusion, avant tout financière, entre HP et Compaq fasse le ménage sur l’offre serveurs pour ne conserver que les produits les plus rentables. Eh bien non ! Pour les trois prochaines années au moins, l’ensemble des carnets de routes ” préfusion ” de HP et de Compaq seront repris… Même OpenVMS, le mal aimé.A partir de 2004, l’ensemble des environnements HP-UX, OpenVMS ou encore NonStop devrait fonctionner sur une même plate-forme Itanium. Mais les utilisateurs pourront migrer à leur rythme, avec un support technique assuré, parfois, jusqu’en 2011. De quoi rassurer les utilisateurs.En fait, un seul produit disparaît et ?” on pouvait s’y attendre ?” il s’agit de Tru64, l’Unix de Compaq. Son portage sur Itanium est annulé. Mais ses fonctions cluster et son système de fichiers seront greffés à HP-UX qui bénéficie, il est vrai, de plus d’applications.Contrairement à Compaq lors du rachat de Digital, HP a donc évité l’arrogance. Les produits du texan sont préférés aux siens pour les serveurs Intel, la micro, le stockage et les assistants personnels. Le directeur général mondial, le grand patron des serveurs, le responsable de l’entité européenne et le directeur général France sont tous issus de l’ancien Compaq.Mieux, la marque Compaq sera conservée pour les PC de bureau et les portables professionnels du nouvel ensemble ?” tous les autres produits arboreront le logo HP. Du jamais vu pour une fusion dans l’industrie informatique.
Plusieurs points restent néanmoins à éclaircir
Linux, par exemple. Il n’en a quasiment jamais été question lors de l’annonce de la nouvelle stratégie. Certes, en étant le premier vendeur de serveurs Intel, Compaq ?” et maintenant HP ?”, il peut se targuer d’être aussi le premier vendeur de serveurs Linux.Néanmoins, HP semble tout faire pour ne pas compromettre ses relations avec Microsoft. On se souvient que Bill Gates avait usé de sa personne pour soutenir la fusion. Il serait donc déplacé de pousser Linux avec le même zèle qu’IBM. HP devra rapidement s’expliquer sur ses intentions.HP n’est pas non plus très disert sur ses ambitions dans le logiciel. Après le rachat de Bluestone, il y a deux ans, le constructeur avait développé toute une suite de logiciels de connectivité (middleware) sous la bannière Netaction. Force est de constater que le succès n’est pas au rendez-vous. Même après avoir donné ces produits gratuitement. Aujourd’hui, Carly Fiorina rappelle que, par sa taille, “le nouvel HP devient un partenaire essentiel pour des acteurs comme Microsoft, BEA, SAP ou Oracle”. Ira-t-il jusqu’à abandonner son offre Netaction au profit de WebLogic, comme la rumeur le répète ?Pour le Hurtwitz Group, cela ne fait aucun doute : ” L’offre logicielle du nouvel ensemble se résumera, pour longtemps, à OpenView, bonifié des fonctions d’administration de Compaq, tant du côté serveur télécoms que du stockage. “Autre point obscur, la distribution. HP souhaite accroître ses ventes en direct, tout en continuant à s’appuyer sur un réseau de revendeurs. Ce message ambigu effraie des distributeurs. En France, par exemple, HP a conquis la première place du marché de la micro grâce à un réseau de revendeurs motivés par son programme Topvalue. Il devra rapidement s’expliquer sur ses intentions.