On le sait, les sociétés du net convoitent toutes les mêmes profils. Et les salariés n’ont plus aucun scrupule à passer d’une entreprise à l’autre. Comme l’explique Vincent Montet, directeur associé d’Emansearch, un cabinet de recrutement et de conseil en ressources humaines pour (et par) internet, “les start-up ont de plus en plus de mal à embaucher et ne peuvent plus se permettre de turn-over important. Pour optimiser le recrutement, elles doivent donc soigner l’accueil des nouveaux. Mais nombre d’entre elles n’en sont encore qu’au stade de la prise de conscience. Et elles n’ont pas encore de vraie politique d’intégration.”
Mais si les politiques d’accueil des start-up n’ont encore rien à voir avec celles de nombre d’entreprises “traditionnelles”, certaines commencent à mettre en place un programme pour faciliter l’intégration des nouveaux embauchés. Et les rendre opérationnels le plus rapidement possible, histoire de rentabiliser leur recrutement…Pour guider le nouvel arrivant, l’outil classique mais toujours efficace reste le livret d’accueil. Et si le papier fait encore recette, même dans la net économie, toutes les sociétés utilisent l’intranet. Elles mettent ainsi à la disposition des salariés des informations pratiques sur l’entreprise (organigrammes, congés, etc.) À titre d’exemple, Babelatstal, spécialisée dans la conception et la réalisation d’applications interactives, profite du réseau pour envoyer à l’ensemble des collaborateurs les coordonnées du nouvel embauché. On y trouve aussi sa photo, l’intitulé de son poste et un résumé de son CV.Dès leur arrivée, les nouveaux consacrent souvent quelques heures à faire la tournée des bureaux, histoire de se familiariser avec leur environnement. Chez Monte Cristo, éditeur de jeux vidéo, ils commencent par une visite des 600 m2 de locaux et rencontrent leurs interlocuteurs dans les départements de l’entreprise. “Pour se faire une première idée de l’ambiance et se familiariser avec les différents métiers “, précise Sandrine Giglioli-Perrien, directrice des ressources humaines.Certaines entreprises complètent cette visite par une réunion d’information. Jobpilot, un site de recrutement en ligne, a choisi de rassembler, tous les deux mois, les nouveaux embauchés des différents services, pendant une demi-journée. Au programme : une présentation de la société et de ses objectifs. Avec, en conclusion, l’inévitable discours du patron.
L’entreprise passe à table
Accueillir les nouveaux est également l’occasion de développer, dès le départ, un sentiment d’appartenance à la société et de créer une cohésion dans l’équipe. Monte Cristo a opté pour le creative lunch. L’entreprise au complet ?” y compris les chefs ?” se retrouve, chaque dernier vendredi du mois, autour d’un repas à thème.Les nouveaux venus se présentent et, transparence oblige, les fondateurs communiquent des informations stratégiques sur la société. “Cela nous permet de poser des questions en direct et d’être informés des projets en cours, explique Martin, 25 ans, développeur, recruté il y a deux mois. C’est aussi un moyen efficace de savoir où nous allons. Lorsqu’on nous donne les résultats des ventes d’un jeu, par exemple, c’est stimulant.”
Pour plonger les nouveaux dans le bain sans perte de temps, Beijaflore, société de conseil en technologies, sort le grand jeu. Et pour cause : en 2001, elle prévoit d’embaucher 200 personnes ! Au menu : pot d’accueil, déjeuner au restaurant et soirée dansante. D’autres événements, comme des week-ends de ski ou des courses de kart, sont organisés pour faciliter le contact entre les collaborateurs.Une recette qui fonctionne, à en croire Stéphane Moreau, directeur de la division télécoms, arrivé en janvier : “Cela permet de voir tout de suite ses futurs collègues dans un autre cadre et de parler de façon plus décontractée de sujets professionnels ou non. C’est très motivant, car cela prouve que l’entreprise s’intéresse à nous.”L’un des objectifs de l’accueil est aussi de rendre le salarié opérationnel le plus vite possible. Owendo, qui développe des activités d’intégration web, calcule les dates d’arrivée des nouvelles recrues en fonction des séminaires de formation organisés pour ses salariés. Ils peuvent donc apprendre, en quelques jours, à maîtriser les outils de développement (Java, Outside, etc.)Mais les vrais programmes de formation sont encore rares, et certaines sociétés de la nouvelle économie leur préfèrent les systèmes de parrainage. Chez Jobpilot, il est réservé aux commerciaux, débutants ou expérimentés. Le nouveau venu est confié à un cadre confirmé. Celui-ci le prend sous son aile et l’aiguille dans ses choix. Pendant un mois, il part en rendez-vous avec lui et son équipe. Le nouvel embauché pourra ainsi se bâtir un argumentaire de vente, connaître les clients, mais aussi et surtout connaître ses collègues.Du sur mesure qui devrait inspirer bien des sociétés de la net économie qui, faute d’avoir la cote auprès des candidats, doivent rivaliser d’imagination pour séduire et accueillir de nouveaux embauchés.
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