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Nous avons testé trois livres numériques

A quoi ressemblent ces fameux livres électroniques dont on entend beaucoup parler ? Sont-ils aussi simples et pratiques à utiliser qu’on le prétend ? Pour le savoir, nous les avons feuilletés, non sans mal.

Le Salon du livre, qui s’est tenu il y a moins de deux semaines à Paris, a marqué une étape importante dans l’émergence de ce que l’on appelle le « livre électronique ». Pour la première fois en France, un livre était publié simultanément sous forme imprimée et numérique. Il s’agit de La nuit de Geronimo, de Dominique Sylvain, aux éditions Viviane Hamy. L’occasion d’établir un parallèle entre les deux modes de diffusion. Dans le cas du livre papier, il suffit de se rendre dans n’importe quelle librairie digne de ce nom, de payer le livre pour l’emporter et de le lire où l’on veut, sur le banc d’un parc ensoleillé comme au fond d’un lit à la tombée de la nuit. Formule simple, éprouvée depuis plus de cinq siècles, merci Monsieur Gutenberg.

Compte client obligatoire

Pour le livre dans sa forme numérique, c’est un brin plus compliqué. Le livre cité n’est disponible que sur le site de la Fnac. Pour l’acheter, il est impératif de créer un compte client chez le libraire en ligne. Ensuite, il est nécessaire d’installer un logiciel spécifique (Adobe Digital Editions, gratuit, c’est la moindre des choses) pour télécharger le livre acheté. Mais pour installer le logiciel, il faut d’abord ouvrir un compte chez Adobe avec une adresse électronique identique à celle utilisée pour acheter le livre sur le site de la Fnac. Bien. On apprend au passage que l’on est limité à six ordinateurs par livre acheté. Jusqu’à présent, personne ne vient vérifier à combien de personnes on prête le livre imprimé qui nous a tellement plu…

Une fois le livre dans sa version numérique téléchargé, le lecteur peut enfin prendre connaissance de l’ouvrage. Une consultation sur l’écran de l’ordinateur, par l’intermédiaire obligatoire du logiciel Adobe.

Trois formats différents

C’est à cette étape qu’intervient la tablette de lecture numérique, appelée aussi, sans crainte du contresens, « livre électronique », « e-book », « reader », et même « liseuse » au Québec. On y transfère l’ouvrage pour un plus grand confort de lecture. Ça tombe bien, en France, on a le choix : au moins trois tablettes sont disponibles.

Mais ce n’est pas si simple ! Comme le livre a été acheté sur le site de la Fnac, il est dans un format particulier appelé Epub, créé par Adobe, que seule la tablette de Sony est capable de lire à l’heure actuelle. Les tablettes de Bookeen et d’iRex, elles, préfèrent les livres au format Mobipocket, proposés par d’autres librairies en ligne, et qui exigent un autre logiciel pour le téléchargement et le transfert. Du coup, selon la tablette que l’on choisit, on n’a pas accès à la même bibliothèque. Comme si, dans votre ville, vous ne pouviez acheter des livres que dans certaines librairies. Frustrant. On peut se consoler en se rabattant sur les écrits tombés dans le domaine public. Mais, là aussi, selon les sites et les formats, le résultat n’est pas garanti, comme l’ont montré nos tests : fichiers PDF reconnus une fois sur deux, texte grossi sans respect de la justification, format populaire comme le HTML non pris en compte…

Une satisfaction toutefois : ce n’est pas le procédé de l’encre électronique qui est en cause. Il permet d’obtenir un rendu étonnant, proche du papier imprimé (voir l’article page 54 du n° 527 de Micro Hebdo). Avec l’encre électronique, on est dans les mêmes conditions de lecture qu’un livre papier. Pas de système de rétro-éclairage, c’est la lumière ambiante, bien moins fatigante pour les yeux, qui éclaire la page.

Les efforts à venir doivent donc porter, en priorité, sur le contenu. Adobe et les principaux fabricants de tablettes de lecture (dont Bookeen et iRex) ont signé un accord en février. Il est probable que le format Epub se généralisera pour le contenu payant.

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Olivier Lapirot
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