Après Symbioz Demo Car et EZ GO, le constructeur Renault montre une nouvelle fois sa volonté d’aller vite, très vite sur le sujet de la voiture autonome. Associé au spécialiste du transport Transdev, les deux géants de la mobilité nous ont présenté leur navette autonome qu’ils mettront gratuitement à disposition des Rouennais dès le mois de septembre. Nous sommes montés à bord pour tester cette solution sur une boucle de 1,6 km. Voici nos premières impressions.
Encore des ajustements nécessaires
Notre essai a consisté à rouler à bord de deux ZOE (la petite citadine électrique de Renault), évoluant en pleine autonomie sur routes ouvertes. Quelques précautions restent d’usage. Impossible pour nous de nous installer derrière le volant comme nous avions pu le faire sur Symbioz. La place est strictement réservée au « safety driver » comme l’appelle Renault. Comme son nom l’indique, ce « pilote de sécurité » est là pour veiller à ce que tout se passe bien. Ce qui a été le cas lors de nos boucles d’essai, même si quelques ajustements devront être apportés pour ne pas « inquiéter » les futurs usagers.
En effet, dans notre premier véhicule testé, la conduite s’est montrée assez dynamique, mais les mouvements du volant sont assez étonnants. Sous nos yeux, celui-ci guidonne légèrement pour suivre sa trajectoire.
Heureusement, les passagers à bord (que nous sommes) ne ressentent pas trop de secousses. C’est aussi à bord de cette première ZOE que nous avons eu droit à un freinage un peu appuyé à l’approche d’un rond-point, comme si les capteurs de la voiture avaient détecté un obstacle. Un comportement qui n’est toutefois pas rare à bord des véhicules autonomes.
Mais comme nous le disions, pour rassurer l’utilisateur lambda, c’est bel et bien pour parer à type de petits aléas que Renault doit continuer le travail sur sa plateforme. Améliorer la sensibilité de ses capteurs, mais l’intelligence du logiciel aussi pour que tous deux soient capables de ne pas considérer les fausses alertes – une simple feuille d’arbre ou un oiseau peuvent suffire à créer des situations étranges – comme des dangers imminents à l’origine de réactions franches.
La seconde démonstration était-elle beaucoup plus agréable. Et pour cause, dans cette configuration où les passagers avant et arrière se font face, la ZOE a été programmée pour une conduite plus souple, moins rapide. La balade n’est que plus agréable, mais peut-être peut-elle aussi devenir ennuyeuse à l’avenir, car ici on ne dépasse pas – ou pas souvent en tout cas – les 30 km/h.
Renault et ses partenaires ont encore quelques semaines pour affiner les réglages avant l’accès au public en septembre. Puis, c’est ce dernier lui-même qui fera office de bêta testeur. A ce moment-là, chaque avis sera pris en compte pour réaliser ensuite le « robot taxi parfait ».
Des capteurs en pagaille
Forcément pour circuler dans ce quartier de la banlieue de Rouen, les ZOE ont été équipées en conséquence. Et si nos essais ont été vécus à bord de deux voitures conçues différemment, Renault et Transdev mettront quatre ZOE au service des utilisateurs. Toutes sont équipées sensiblement de la même manière. On trouve ainsi une ZOE équipée de six lidars (système de balayage laser), de caméras stéréoscopiques au pare-brise (portée jusqu’à 100 mètres), de radars et capteurs à ultrason, mais aussi de GPS différentiels (assurant une précision centimétrique) et de caméras contextuelles.
Ces dernières sont équipées d’optique très grand-angle pour surveiller et identifier les obstacles qui surgiraient juste devant la voiture, à l’avant comme à l’arrière. Un équipement qui confère à ces ZOE une vision à 360 degrés.
Mais Renault nous a aussi dit mener d’autres essais. Notamment autour de la 5G et de la technologie Wi-Fi 802.11p. Deux technologies aux faibles temps de latence qui prendront le relai de la 4G utilisées ici pour communiquer avec l’infrastructure. Et pour ne pas être tributaire du déploiement de la 5G, Renault nous a également indiqué travailler à une connexion 4G sécurisée en partenariat avec Ericsson.
Les usages liés à cette 4G ne nous ont pas été décrits précisément, mais elle est aujourd’hui suffisante pour pousser des messages légers aux clients (localisation, heure estimée d’arrivée, etc.) ou encore diffuser du contenu multimédia (musiques, films, publicités, etc.). Enfin, si la charge de ces voitures électriques va être assurée manuellement, Renault nous confesse qu’il compte tester des solutions de recharge par induction sur ses ZOE.
Et Rouen devient une « smart city »
La connectivité avec l’infrastructure est tout aussi importante. C’est pourquoi on trouve des capteurs de présence sur les deux ronds-points qui composent le parcours. Ces capteurs sont là pour indiquer à la voiture si des piétons sont à proximité et seraient sur le point de traverser.
Tous ces capteurs, comme les quatre Renault ZOE elles-mêmes sont sous le contrôle permanent du PCC de Transdev. C’est à ce Poste de Commandement Central que les experts des transports Transdev opèrent pour gérer les réservations et les déplacements des ZOE.
Transdev dispose même d’un retour vidéo pour voir ce qu’il se passe à bord des voitures grâce à des caméras embarquées. À tout moment, si le téléopérateur de Transdev considère que les conditions météos ou de circulation nécessitent de revoir la vitesse des navettes, il peut en brider ou augmenter la vitesse par palier de 10 km/h depuis le PCC.
En plus de cette première boucle de 1,6 km qui ouvrira en septembre donc, Renault et Transdev envisagent de créer une seconde boucle d’ici la fin de l’année et une troisième boucle début 2019. L’objectif étant que ces trois boucles représentent environ 10 km pour multiplier les tests et collecter toujours plus de retours de la part des utilisateurs. Pour Renault, Transdev et leurs partenaires (Métropole de Rouen, Région Normandie, la compagnie d’assurance Matmut ou encore la Caisse des dépôts), cette expérimentation – qui aura nécessité 18 mois de travail et environ 11 millions d’euros – s’achèvera à fin de l’année 2019, sans doute pour laisser place à de véritables navettes autonomes sans plus aucun « safety driver » à bord.
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