Dans les sous-sols du siège français d’Uber, au cœur de Paris, se cache une pépite : l’Advanced Technologies Center. Ce centre de technologies avancées créé il y a un an occupe depuis quelques mois un vaste espace à la décoration soignée. C’est là qu’une douzaine de chercheurs et d’ingénieurs venus de sept pays planche sur le futur service de taxis volants de la jeune société américaine, Uber Air. L’équipe n’est pas encore au complet, mais déjà à la tâche.
Comment combiner Uber Air aux autres modes de transport ?
Les premiers vols avec pilotes sont prévus en 2023 sur les sites de Dallas, Los Angeles ou Melbourne. L’équipe parisienne se focalise sur l’étape d’après, celle qui permettra de déployer le service à une plus grande échelle dans le monde.
Sa mission ? Développer les outils informatiques qui permettront d’intégrer ces drôles d’aéronefs au sein de l’application Uber et de les combiner avec les autres modes de transport urbain.
« Nous nous concentrons sur trois axes de recherche : l’intelligence artificielle, l’optimisation et la sûreté logicielle », nous explique François Sillion, le directeur du centre français d’Uber et ancien président de l’Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique).
Quelles seront les meilleures trajectoires pour épargner la batterie ? Comment répartir la flotte de manière efficace ? Le même modèle pourrait-il être utilisé dans chaque ville ?
Les données vont évoluer constamment
Il ne s’agira pas seulement de développer des algorithmes efficaces pour faire fonctionner Uber Air, mais de prouver aussi qu’ils sont sûrs.
« Pour obtenir des certifications, il faut prédire la façon dont nos logiciels vont pouvoir interagir avec le trafic aérien et coopérer », nous explique, par exemple, Rémi Delmas, chercheur scientifique senior venu de l’ONERA (Office national d’études et de recherches aérospatiales).
L’autre difficulté, c’est de travailler sur des équations à plusieurs inconnues. La réglementation aérienne va évoluer, les eVTOL (les engins électriques à décollage et atterrissage vertical) fabriqués par les partenaires d’Uber n’ont pas encore volé, et il n’y a pas de données de départ à exploiter puisque le service Uber Air n’existe pas encore.
Cela nécessite de travailler sur des jeux de données synthétiques, c’est-à-dire simulées, mais aussi de concevoir des modèles très souples, capables de prendre en compte des informations qui vont évoluer constamment.
Automatiser la gestion du contrôle aérien
L’équipe parisienne tente notamment d’imaginer comment se déroulera demain le contrôle aérien. Sa conviction, c’est que la gestion centralisée actuelle avec un contrôleur qui prend en charge une dizaine d’avions ne sera plus possible à l’avenir avec l’explosion du trafic et l’introduction de nouveaux aéronefs comme les drones ou les taxis volants. Il va falloir automatiser le système pour coordonner le tout.
Youssef Hamadi, chercheur scientifique passé par Microsoft Research à Cambridge, travaille sur l’optimisation, et plus particulièrement les algorithmes de déconfliction, c’est-à-dire de résolution de conflit.
Ce sont eux qui devront régler les problèmes qui pourraient se poser en vol avant le décollage.
« Si deux vols doivent emprunter le même couloir aérien au même moment, il faudra retarder le décollage de l’un d’entre eux », cite-t-il comme exemple. « Et si deux passagers sur des vols différents sont prévus sur le même Uber Pool à l’arrivée, on essaye de synchroniser leur trajet pour qu’ils ne s’attendent pas », ajoute-t-il.
L’idée étant de faire en sorte que le délai d’attente des utilisateurs soit minimal à chaque fois.
Les taxis volants seront-ils prêts avant la voiture autonome ?
Quand peut-on espérer un jour prendre un Uber Air ? Impossible pour les chercheurs du centre français de répondre précisément à cette question.
« Je dirais dans quelques années », avance François Sillion. « Le service va se développer très progressivement, d’abord dans des sites avec des dérogations et avec des pilotes aux commandes, puis plus largement, et enfin en mode autonome ».
Pour commencer, Uber n’envisage qu’un seul usage : celui d’une liaison centre-ville-aéroport avec quatre personnes à bord, de manière à parcourir 40 à 70 km. En deçà de cette distance, Uber reconnaît qu’il sera plus intéressant économiquement et environnementalement de recourir à un véhicule électrique.
L’équipe se montre en tout cas confiante dans les perspectives de ce nouveau mode de transport qui interviendra dans un espace bien délimité. Le nombre d’imprévus envisageable au cours d’un trajet dans les airs sera en effet bien moindre que celui rencontré par une voiture autonome sur une route. D’ici à ce que les taxis volants se généralisent avant les véhicules sans conducteur…
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