HP vient de lancer deux nouveaux serveurs Unix bas de gamme. Que représentent ces machines dans votre stratégie ?
Laurent Balaine : Il y a cinq ans, tous les analystes prédisaient la fin des Unix bas de gamme au profit de NT. Et HP, comme beaucoup d’autres acteurs du marché a suivi ces prévisions. Mais nous nous sommes leurrés et nous avons pris du retard sur IBM et Sun. Aujourd’hui, le marché des Unix bas de gamme n’a jamais été aussi dynamique et il s’est même diversifié. Toutes les strates professionnelles sont intéressées : les grandes entreprises qui veulent des machines plus légères pour certains déploiements, les acteurs de la nouvelle économie, FAI et FAH, et, bien sûr, les PME qui, pour être plus compétitives, ont besoin d’outils informatiques performants et fiables. Et, comme tous ces clients – surtout les prestataires Internet – doivent pouvoir faire face à des montées en charge rapides avec la même qualité de service, nous avons intégré dans cette offre des technologies de qualité de service web [WebQoS, Ndlr].
Quelle place accordez-vous à Linux dans ce schéma ?
Nos nouvelles machines sont équipées indifféremment de HP-UX ou de Linux. Je pense qu’à terme Linux sera la plate-forme de référence pour le développement. Mais la plate-forme de déploiement restera Unix, surtout pour les applications critiques. En effet, Linux n’offre pas encore un degré de sécurité suffisant et les entreprises ne peuvent pas prendre de risques.
Vous accordez beaucoup d’importance à l’hébergement d’applications. Comment voyez-vous l’avenir de cette activité ?
Il est énorme. Selon IDC, le marché européen devrait représenter 7,8 milliards de dollars [8,5 milliards d’euros] en 2004. Je pense que beaucoup d’offres vont passer par le canal des FAH, et l’on va même voir certains éditeurs commercialiser leurs logiciels uniquement à travers ce modèle. Mais on ne trouvera pas des PGI complets, par exemple. Ce seront plutôt des fonctions spécialisées ou des applications verticales. De toute façon, même si ce phénomène ne concerne que 10 % du marché, il aura malgré tout, un impact très fort.
Quand les annonces de HP vont-elles se concrétiser en France ?
Le marché des FAH est encore émergent en Europe et particulièrement en France. Il y a eu beaucoup d’annonces, car beaucoup d’acteurs sont intéressés par ce modèle. Cependant, cela pose de nombreux problèmes de mise en place car il faut presque réinventer un modèle économique. Cela nécessite de très gros investissements en termes d’infrastructure, car pour développer et rentabiliser l’hébergement d’applications il faut avoir beaucoup de clients. Par ailleurs, les éditeurs sont confrontés à un problème de tarification. Ils doivent trouver un moyen de rentrer dans leurs frais. En effet, comment passer d’un modèle de licence avec des annuités régulières à un revenu qui n’est pas garanti dans le temps, puisque le client paie à l’utilisation ? Le rôle de HP est de travailler avec les différents intervenants, notamment les opérateurs pour cartographier et structurer le marché. Nous allons également nous appuyer sur nos partenaires revendeurs, ISV et VAR. Mais il n’est pas question de les forcer à devenir FAH. C’est eux qui en feront le choix. Nous voulons simplement leur faire comprendre que c’est un moyen d’accro”tre leur valeur ajoutée.
À l’image de vos concurrents, vous vous agitez beaucoup autour du WAP. Qu’en est-il exactement dans les faits ?
Là encore, la sortie des nouveaux serveurs illustre bien notre stratégie. Ces serveurs sont en effet conçus pour développer des applications de commerce mobile [les deux modèles sont certifiés Nokia WAP Server v. 1. 1, Ndlr]. Nous pensons que, d’ici peu, il y aura des milliers de serveurs WAP à travers le monde et nous voulons être l’un des principaux fournisseurs. Mais notre engagement autour de cette technologie remonte déjà à plusieurs mois. Nous sommes en effet très bien implantés en Finlande, où nous avons noué des liens étroits avec Nokia. Cette position privilégiée nous a permis de voir émerger le WAP, début 1999.
En septembre de la même année, nous avons décidé de créer un site Internet [www. mobile-bazaar. com, Ndlr], où tous les partenaires HP qui travaillent autour de la technologie WAP, et plus généralement sur les e-services mobiles, peuvent se rencontrer, échanger des informations et trouver de nouvelles applications. Ce ” bazar ” est localisé à Helsinki, mais d’autres vont bientôt voir le jour à Singapour, à Palo Alto, à Tokyo et à Bangalore. Notre but est d’être rapidement présent sur toutes les tendances émergentes.
HP attaque sur tous les fronts et entend bien le faire savoir. Au-delà du discours marketing, on sent que, depuis l’arrivée de Carly Fiorina, le constructeur américain se donne les moyens de revenir au premier plan technologique. Néanmoins, certains pans de sa stratégie manquent de précision. Ainsi, le profil des fournisseurs d’applications hébergées avec lesquels HP souhaite établir des partenariats n’est pas clairement défini. Le constructeur semble aussi être encore à la recherche de sa politique commerciale.
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