Contrairement à ce que beaucoup imaginent, il existe plusieurs sociétés d’électronique françaises dont le chiffre d’affaires croît annuellement de plusieurs dizaines de pourcents. Soitec et Free sont les plus connues, mais LaCie et
Archos par exemple affichent un succès tout aussi méritoire.Leurs recettes pourraient-elles être utilisées par d’autres sociétés d’électronique ? Pas toujours. Car il faut que les produits concernés aient la chance d’être positionnés sur un marché qui est projeté sous les feux de
l’actualité et pour lequel les technologies disponibles sont encore en évolution.Mais ceux qui adoptent ces recettes devraient normalement avoir des atouts en main pour figurer parmi les meilleurs de leur secteur. La chance, de toute façon, se mérite. Elle bénéficie à ceux qui ont des idées, mais aussi, et
surtout, à ceux qui ont la volonté de prendre des risques et d’arriver avant les autres sur le marché.Parmi toutes les sociétés citées, Soitec est un cas à part : elle surfe en effet sur l’originalité d’un procédé technologique issu d’un laboratoire de recherche au sens traditionnel du terme.Ce procédé étant nettement moins coûteux à mettre en ?”uvre que les autres, l’essentiel du mérite de la société est aujourd’hui de bien gérer une croissance exceptionnelle face à des besoins (la faible consommation des circuits
électroniques) en croissance tout aussi exceptionnelle.Les trois autres sociétés citées n’ont pas la chance de Soitec : le succès de Free repose sur l’originalité d’un modèle économique qui plaît au public ?” mais copiable ?” et sur des produits
?” également copiables ?” pour soutenir le service proposé. Free suscite beaucoup d’admiration et cela est normal : toujours plus pour le même prix, cela plaît. Jusqu’ici, Free n’a pris essentiellement que des risques
économiques.Au niveau technologique, notre savoir-faire télécoms en France a pu permettre à la société de ne prendre que des risques limités. Mais la capacité de réaction de Free et sa gestion de la sous-traitance des productions de série ont été
également remarquables. Free reste toutefois aujourd’hui face à des enjeux tout aussi importants : proposer ‘ toujours plus ‘ au public implique de réfléchir à des offres liant des logiciels et des
matériels toujours plus complexes.Des matériels fatalement de plus en plus coûteux. Les ingénieurs de Free devront-ils donc se lancer, pour limiter les coûts, dans la conception non plus d’un boîtier, éventuellement double, mais d’une famille de boîtiers plus
particulièrement adaptés à des besoins réduits, ne correspondant qu’à certains profils d’utilisateurs (entreprises, photographes, surfeurs, tchatteurs, cinéphiles…) ?Ou sera-t-il préférable de continuer dans la voie d’une box la plus universelle possible ? Auquel cas, ils devraient s’attaquer à un concept de PC satellite. Ce PC dédié communication se complexifiant, la société sera-t-elle
ensuite amenée à adopter une organisation de type Dell pour répondre à tous les souhaits du public ? A n’en pas douter, la réactivité devra en tout cas rester au centre de la stratégie de la société.
Un marché, une recette
Celle d’Archos ne suscite pas moins d’admiration mais elle est différente de celle de Free. Les lecteurs multimédias portables de la société sont un peu moins des ‘ produits
d’ingénieurs ‘ que ceux de Free ; le succès vient ici avant tout de l’écoute des souhaits et des réactions des utilisateurs. La concurrence étant omniprésente, les détails comptent, particulièrement en matière
d’esthétique et d’ergonomie. L’avance technologique d’Archos n’est pas basée sur un savoir-faire typiquement français. C’est simplement celui d’une société internationale qui veut rester leader dans son secteur. Bravo, donc, aux équipes françaises
qui osent relever ce défi. Qui plus est dans le secteur grand public, domaine de prédilection des Asiatiques.Le succès de LaCie n’est pas moins méritoire car il s’opère sur un secteur où l’Europe a démissionné, celui des périphériques informatiques. Ce spécialiste, des disques durs externes de hautes performances en particulier, réussit à
rester un leader avec des produits dont les sous-ensembles sont presque tous importés. Coup de chapeau, donc, à LaCie pour sa capacité à exploiter une culture de produit haut de gamme sans que son pays d’origine soit particulièrement demandeur pour
ce type de produit.* Rédacteur en chef d’ Electronique InternationalProchaine chronique jeudi 8 juin
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