“Les commerciaux doivent savoir vendre de l’UMTS (Universal Mobile Telecommunication System) en l’espace de trois mois. “ Cet exemple type, repris par les différentes sociétés spécialisées dans l’e-learning, témoigne non seulement des besoins de formation, mais aussi de recrutement de toute entreprise liée aux nouvelles technologies.Bien souvent, le temps que le savoir technologique intègre un cursus universitaire, les commerciaux ont déjà établi leurs argumentaires de vente. En outre, les entreprises souhaitent parfois conserver la confidentialité sur le mode de fonctionnement de leurs produits spécifiques.Tenant compte de ces différents paramètres, la société spécialisée dans les solutions de téléphonie et réseau de données pour l’internet Nortel Networks, qui emploie 7 000 personnes en France, a noué un accord, il y a trois ans, avec l’université privée Supmediacom d’Amiens. “
Le socle de ce partenariat est la compétence universitaire, adaptée à la compétence Nortel
“, prévient Halim M’Silti, directeur des études de Supmediacom.De son côté, Marie Farigoule, chef de projet e-learning chez Nortel Networks, justifie : “
La certification des diplômes est un élément en plus pour motiver les salariés. “ Après un diplôme sur les réseaux et technologies des centres d’appel, c’est une formation de troisième cycle que les deux complices ont mise en place l’année dernière.Ce ” World Master Telecom ” s’adresse aux jeunes diplômés (Bac + 4/5) mais aussi aux salariés de Nortel. Ceux-ci doivent être titulaires d’un Bac + 2 et justifier de cinq ans d’expérience. Si la société entend pourvoir à des recrutements, elle ne s’engage pas à embaucher tous ces étudiants. “ Nortel tient à sélectionner le personnel embauché
“, stipule Halim M’Sliti.La promotion 2000 n’a réuni que 11 personnes, mais cette année, 34 étudiants, dont un tiers de salariés, participent à la formation. Le coût du World Master Telecom revient à 3 963 euros (26 000 francs), dont 1525 environ à la charge de salariés de l’entreprise… à moins qu’ils ne bénéficient d’une bourse de la fondation Nortel. Celle-ci a accordé, en 2001, quelque 30 490 euros répartis “ selon des critères sociaux, et au regard des résultats scientifiques “, précise Halim M’Sliti.
“
Le modèle pédagogique de ce World Master Telecom constitue le point de départ d’une université corporate Nortel aux quatre points cardinaux (Amiens, Quimper, Sophia Antipolis et Lyon). “ Depuis septembre 2000, un intranet de formation, baptisé DUO (Développement université online), complète ce projet, pour l’heure uniquement à Amiens, et dont le budget global s’élève actuellement à 760 000 euros.La plateforme a été mise en place par la société spécialisée dans l’e-learning Tutorobject, non sans quelques soubresauts. Marie Farigoule évoque “
des problèmes, au début du lancement, au niveau de la sécurisation des formations produits spécifiques “. De son côté, Jean-Christophe Bardin, PDG de Tutorobjects, précise qu’elles étaient liées aux différentes sources de connexion des salariés en formation. Car ils doivent pouvoir accéder à l’intranet depuis leur bureau, domicile, hôtel, ou de chez un client.
Gare à la démotivation
Exclusivement réservés au personnel de l’entreprise, des cours génériques (langues, bureautique), mais aussi sur les produits spécifiques Nortel, sont proposés aux non-techniciens (commerciaux, assistantes, responsables de projets…).Toujours selon le même principe, Supmediacom fournit le contenu pédagogique et certifie les formations, directement ou non. Ainsi, les cours d’anglais sont validés par l’université de Cambridge. L’objectif : adjoindre d’autres modules pour tous les salariés.Cette année, 200 salariés de Nortel France ont d’ores et déjà suivi des cours en ligne. Mais l’entreprise veut réaliser 30 % des formations via internet d’ici à trois ans. De l’aveu de Marie Farigoule, l’utilisation de formations en ligne n’engendre pas de réductions de coûts pour l’entreprise, mais elle permet de “
proposer un plus large éventail de jours de formation aux salariés “.Et d’énumérer les avantages de l’e-learning : l’étudiant peut se former où il veut, quand il veut… L’air est connu. Halim M’Sliti rappelle, quant à lui, le frein essentiel à cette méthode : la démotivation de l’internaute. D’où la nécessité de concevoir des modules de courte durée, idéalement une quinzaine de minutes. “
Il ne s’agit pas de scanner les cours existants “, insiste le directeur d’études.S’il est trop tôt pour tirer un bilan de cette expérience, Marie Farigoule estime que les premiers retours sont positifs : “
Les salariés manifestent, dans un premier temps, beaucoup de réticences : le plus gros du travail reste la conduite de changement. “ Aussi, Nortel n’envisage pas de migrer l’ensemble de ses formations sur le net. Le mélange sera préservé.Mais, au vu de la récente restructuration annoncée par Nortel Networks ?” soit 15 000 licenciements sur le plan mondial ?” il y a fort à parier que l’université en ligne ne se déploiera pas, sur le plan national, de sitôt.
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