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Non, Mega n’est pas un repaire de pirates, pas plus que Google Drive ou Dropbox

Dans un rapport détaillé, un cabinet international d’avocats a battu en brèche une étude qui concluait que Mega était un havre pour les pirates. Les prémices d’une contre-attaque de la société de Kim Dotcom ? Peut-être.

Janvier 2012, Megaupload mord la poussière. Un an plus tard, Kim Dotcom revient avec Mega. Une filiation qui ne plaide pas forcément en faveur du nouveau venu. Le fait que le nouveau service chiffre les données stockées, rendant difficile la chasse aux fichiers piratés, ajoute évidemment de l’eau au moulin des ayants-droits et lobbies qui veulent la tête de Kim Dotcom et de son service.

Une campagne à charge

Pas étonnant dès lors qu’en septembre 2014 une étude menée par NetNames, pour le compte d’un lobby pro-copyright, ait classé Mega dans la catégorie des cyberlockers, ces services réputés pour héberger des fichiers pirates en vue de partages illégaux. Le document expliquait comment Mega endossait le rôle de voleur de contenus et gagnait des millions de dollars grâce à ces vols.

Le résultat de cette étude ainsi que la publicité qu’elle avait générée ont évidemment fortement déplu à Mega. Aussi, dans le plus grand secret, la société néo-zélandaise a-t-elle alors commissionné un cabinet d’avocats international pour auditer son service et apporter ses propres conclusions. Un travail de commande dont on pourrait facilement remettre en cause la position ? Pas si facile que ça. Car Mega a fait appel à Olswang, une entreprise britannique réputée qui a travaillé avec le gouvernement du Royaume-Uni sur le dossier de la propriété intellectuelle et du copyright. Un acteur reconnu pour son sérieux et ses compétences techniques, dont certaines des positions ont été adoptées par la MPAA.

Un problème de méthode

Le rapport d’Olswang vient d’être rendu public et diffère beaucoup de celui de Netnames. Avant toute chose, le cabinet réfute le fait que Mega soit un cyberlocker. Pour les experts britanniques, le service s’apparente à un hébergement dans le cloud chiffré et dont la responsabilité des usages est donnée aux utilisateurs en même temps que l’assurance du respect de leur vie privée.

De manière plus tangible, Olswang démonte l’argumentation et les méthodes de NetNames. Pour le cabinet spécialisé, il n’y a pas de preuve que la majorité des fichiers stockés sur Mega violent les lois du copyright. Tout d’abord, une mesure effectuée pendant 24h sur les fichiers mis en ligne sur Mega a montré récemment que seulement 2% de ces documents pesaient plus de 20 Mo… Ce qui laissent 98% de fichiers trop petits pour être des vidéos de films piratés. Ensuite, Olswang rappelle que Netnames n’a analysé que très peu de fichiers pour son étude. Alors que Mega héberge environ 2,5 milliards de fichiers, dont la grande majorité est chiffrée et stockée de manière privée, Netnames n’a étudié que 500 fichiers, partagés publiquement. Son rapport repose donc sur 0,00002% du volume total de données hébergées.

Un panel étroit qui pose davantage problème quand on sait que les fichiers repérés comme pirates l’ont été sur la base de leur nom et n’ont pas été téléchargés pour vérification, insiste Olswang.

Un service légitime, comparable à Google Drive?

Le cabinet d’avocats continue ensuite à avancer ses arguments pour démontrer que Mega n’est pas un cyberlocker. Il indique par exemple que le service néo-zélandais est surtout destiné aux usages personnels de stockage, s’appuyant pour cela sur le fait que le chiffrement complique le partage… Le rapport met également en avant les différences de modèle économique : publicité pour les cyberlockers contre abonnement pour Mega, etc. La liste est longue.

En définitive, pour Olswang, Mega partage les mêmes caractéristiques que Google Drive, OneDrive de Microsoft, Dropbox ou encore iCloud d’Apple. Le cabinet « conclut que les allégations du rapport de NetNames sont hautement diffamatoires envers Mega et apparaissent n’avoir aucune base factuelle quelle qu’elle soit ». Et Olswang de continuer qu’en l’état, Mega ayant lourdement souffert dans sa réputation et ses finances de l’étude de NetNames, est tout à fait en droit d’attaquer en justice pour obtenir réparation. D’autant que NetNames n’a pas souhaité retirer le document quand Mega lui a demandé par la voie légale.

Dès lors, cette réponse en règle pourrait être la base d’une contre-attaque de Mega et de Kim Dotcom dans le combat qui l’attend face à la justice américaine.

Les vrais responsables du piratage

Dans une interview récente accordée à Bloomberg, Kim Dotcom glissait d’ailleurs que le piratage est le fait d’Hollywood et de son extrémisme vis-à-vis du copyright. Et de préciser sa position : « L’extrémisme, c’est, si vous êtes un studio hollywoodien, de sortir votre contenu dans un seul pays, aux Etats-Unis, puis de le lancer dans d’autres pays à travers le monde quelques mois plus tard en vous attendant à ce que la communauté du Net attendent tout ce temps », expliquait-il. « Si les gens n’y accèdent pas, ils vont le chercher ailleurs », continuait-il. « Si [Hollywood] avait une offre qui proposait tous les contenus au niveau mondial pour un prix honnête sur tous les appareils, le piratage diminuerait jusqu’à être insignifiant. Mais Hollywood ne fait pas ça », concluait-il. Une position proche de celle tenue par le patron de Netflix, il y a quelques semaines. Signe d’un changement à venir ou simple hasard ?

A lire aussi :
Netflix voudrait offrir un service mondial unique pour lutter contre le piratage
– 30/03/2015

Sources :
Rapport d’Olswang (PDF) via Torrentfreak

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Pierre Fontaine