La vénérable sonde Mars Express de l’Agence spatiale européenne (ESA) fonctionnerait-elle sous Windows 98 ? C’est en tous cas ce que l’on peut comprendre en lisant quelques titres de presse. La réalité est tout aussi épatante du point de vue technique, mais impose un titre moins « sexy ».
Lancée depuis Baïkonour au Kazakhstan le 2 juin 2003, Mars Express opère depuis le mois de décembre de cette année-là autour de la planète Mars. La mission est connue du grand public notamment pour son radar Marsis, dédié à la recherche d’eau à la surface de la planète rouge. Un outil impressionnant puisqu’il s’appuie sur une antenne de 40 m (dont le déploiement fut compliqué).
Après presque deux décennies de bons et loyaux services, la sonde a encore du potentiel, que l’ESA vient même d’améliorer en réécrivant toute sa partie logicielle. Et c’est là que l’(infâme) système d’exploitation de Microsoft apparaît. Pour des raisons de simplicité de développement et d’accès à des bibliothèques, le logiciel interne de la sonde a été conçu « sur un environnement de développement basé sur Windows 98 », comme le précise l’ESA sur son site web. Point de système d’exploitation, mais un logiciel « architecte » des outils qui fonctionnaient sous Windows pour des raisons de simplicité.
Le système de contrôle de l’engin n’est évidemment pas sous Windows : il s’agit de SCOS-2000, un logiciel maison développé par l’ESA pour ses satellites. Mais le traitement des données télémétriques par des outils externes (notamment Matlab), a nécessité de créer un contrôle Active X, une technologie de Microsoft qui permettait l’échange d’informations entre des programmes différents.
Le souci étant que le flux de travail du satellite d’observation « s’appuyait sur une technique complexe qui stockait beaucoup d’image haute définition et saturait rapidement la mémoire de l’appareil », explique l’ESA. La réécriture des outils, qui a permis notamment de se débarrasser des briques dépendantes de technologies issues de Windows 98 comme ces contrôles ActiveX ainsi que des bouts d’Excel (comme le détaille cet article scientifique de l’époque), a permis d’alléger le système. Le surplus de mémoire permettant à Marsis de fonctionner cinq fois plus longtemps et explorer une surface bien plus grande. Alors que le peu de mémoire disponible n’autorisait que 25 secondes d’observation avant de voir la mémoire saturée, désormais Mars Express peut balayer son radar Marsis sur 134 secondes. Un gain énorme qui montre à quel point le peaufinage logiciel est la clé pour allonger la durée de vie des satellites… comme celle de nos produits.
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Source : ESA