Après six mois d’attente, l’Hadopi peut à nouveau fonctionner normalement avec un collège au complet. Ou presque. Si l’arrivée de Denis Rapone (ex-membre de l’Arcep et du CSA) et de Bernard Tranchand (vice-président de l’Union des Associations familiales) ne fait pas débat, celle d’Alain Lequeux (responsable du Groupement des intellectuels aveugles et amblyopes, GIAA) en a surpris plus d’un.
Quel lien entre cette association et la mission de l’Hadopi ? D’autant que pour remplacer Jacques Toubon, la personne qui figurait en bonne place pour représenter la Culture dans le collège de l’Hadopi était Rémy Mathis, président de Wikimedia France.
Pour garantir la neutralité de cette haute autorité, les nominations se font sur proposition de différents acteurs de l’État. Pour Denis Rapone, c’est le vice-président du Conseil d’État qui a fait ce choix. Pour Bernard Tranchand, la décision vient du ministre chargé de la Consommation. Quant à Alain Lequeux, sa nomination émane d’Aurélie Filippetti, ministre chargée de la Culture. Ce qui questionne encore plus…
Personne n’ose ouvertement évoquer l’affaire, mais lorsqu’on évoque cette nomination, les langues se délient. Le bruit court qu’en refusant de choisir Rémy Mathis, Aurélie Filippetti voudrait régler des comptes pour les propos publiés dans sa fiche Wikipedia.
Un fiche Wiki trop engagée ?
Après une présentation plutôt objective de son parcours, le texte de l’encyclopédie collaborative évoque ses ambitions ministérielles. Avant d’être nommée, Mme Filippetti se donnait pour mission de protéger les sources des journalistes, de « refondre » l’Hadopi, de sécuriser le financement de l’audiovisuel public et de modifier la procédure de nomination des dirigeants des chaînes publiques.
Le paragraphe final retrace ce qui a été fait depuis. « Pour 2013, le budget de son ministère est en baisse de 2 % par rapport à celui de 2012. Finalement en avril, la loi Hadopi n’est pas modifiée. Seule une application de la loi est modifiée par décret. Le budget de la Culture est annoncé en baisse de 2,8 % en 2014. Son absence le 21 septembre, à l’inauguration de la Cité du cinéma à Saint-Denis lui vaut les critiques du producteur Alain Terzian. »
Selon nos informations, ces propos -ainsi que ceux tenus sur sa vie privée dans l’espace de discussion de la fiche par Rémy Mathis- expliqueraient le choix d’Alain Lequeux contre celui du président de Wikimedia France. Mme Filippetti aurait donc fermement refusé de lui confier un siège au collège de l’Hadopi, lui préférant une autre personnalité moins attendue pour ce type de poste. « C’est absurde, mais c’est comme ça », a conclu notre source. Reste qu’Alain Lequeux n’est pas un novice. En plus de sa fonction de secrétaire général adjoint au GIAA, il représente les consommateurs au conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique.
Filippetti ponctionne de 1,4 million d’euros à l’Hadopi
Une autre affaire illustre les tensions entre l’Hadopi et la rue de Valois. Aurélie Filippetti ne lui aurait pas totalement versé son budget de fonctionnement de 8 millions d’euros pour l’année 2013. Le ministère de la culture aurait « sucré » 1,4 million d’euros. Sur ce montant, un million a été versé au spectacle vivant et 400 000 euros ont été gelés. Pour combler la baisse de 2013, l’Hadopi a puisé dans son fonds de roulement constitué avec les économies réalisées les années précédentes.
Pour 2014, les choses n’iront pas en s’améliorant. Le budget pour l’année en cours ne devrait pas non plus être totalement versé. « Sur les 6 millions d’euros prévus, seuls 5,6 millions ont été versés, le solde étant pour l’instant “gelé”. Et tout dégel parait très improbable… », indique BFM Business qui révèle cette information.
Aurélie Filippetti n’a jamais caché son intention de supprimer cette haute autorité. Par contre, elle n’a jamais dit comment. Il semble clair que sa stratégie passe par des moyens pour le moins inattendus.
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