Un ami un peu désabusé me confiait récemment qu’il y a un an l’entreprise qui l’emploie était une start-up, il y a neuf mois une dot-com, il y a six mois elle faisait du B-to-B, et depuis trois mois, cette fois c’est certain, elle est un ASP.A-t-elle changé pour autant d’activité ? Pas vraiment. De business model ? Plus probablement. Quant à sa réussite, lui-même ne parierait pas un beenz dessus.Cette anecdote souligne assez bien l’intensité du tourbillon médiatique dans lequel se débat la nouvelle économie, et laisse imaginer le cauchemar des responsables de la communication, dont les migraines ne doivent avoir d’équivalent que dans le bureau d’en face, au marketing. On a ajouté des ” @ “, puis des ” e “, puis des ” i “, puis des double ” o “, puis des ” m ” ; tout est devenu ” .com ” avant de devenir ” .net “, et aujourd’hui de se retrouver obsolète compte-tenu de l’ouverture des nouveaux noms de domaine.Grâce à la forme de son nom ” Internet “, on pourrait quasiment dater un produit à quelques semaines près. Bien entendu, à la tâche ardue de découvrir la prochaine tendance, comme les créateurs de mode doivent parier sur les couleurs de l’été, s’ajoute celle de faire discrètement oublier ce que l’on a été. Désormais, on vous reprend vigoureusement quand vous prononcez le mot start-up, on vous jure que le passé n’était qu’une phase expérimentale et que le positionnement actuel correspond exactement à ce qui avait toujours été envisagé.Lassés par cette valse des appellations, les observateurs, les consommateurs et les investisseurs ont perdu confiance. Aujourd’hui les jolis rubans ne suffisent plus à convaincre que l’on a été gâté et tout le monde veut voir ce qu’il y a vraiment dans le paquet. Parce qu’une fois Noël passé, la bûche digérée et le sapin à la poubelle, ce qui reste, ce n’est pas lemballage, mais le cadeau.Joyeuses fêtes.Prochaine chronique le 11 janvier 2001
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
