Une nouvelle console Nintendo à installer dans notre salon, ça ne nous était pas arrivé depuis 2006. A l’époque, il y avait dans l’air une certaine frénésie, une impatience à voir celle qui avait été appelée Revolution pendant son développement. Six ans plus tard, la Wii U sent le café. Nous avons passé une grosse semaine en sa compagnie. Nos impressions.
Work in progress
Avant même de se pencher sur la console en elle-même indiquons que nous avons pu utiliser une version non mise à jour. Cette dernière a été mise à disposition, aujourd’hui, 30 novembre 2012, au moment de la sortie officielle de la Wii U. Nous avons donc eu entre les mains une console privée de son eShop, de son Mii Ware, de ses chaînes You Tube, de son service de vidéo, etc. Autrement dit, une console qui ne sert que de console et rien d’autres. En 2012, c’est beaucoup mais bien peu.
Espérons d’ailleurs, pour en finir avec cette introduction, que la mise à jour déployée améliorera les temps de chargement de l’interface de la Wii U. Car passer des réglages à un jeu ou même la faire démarrer est plutôt lent. Un peu plus même qu’avec la Wii.
Boîtier conséquent et finition
Passons maintenant à un rapide tour du propriétaire. Extérieurement, la Wii U a des airs de Wii en un peu plus massive. Elle propose une sortie vidéo propriétaire, introduite avec la Wii, un port HDMI, pour profiter de la HD, et quatre ports USB, ce qui est une bonne chose pour pouvoir brancher des disques durs externes, puisque le stockage est limité à 32 Go dans sa version maximale. Difficile, sans avoir accès à l’eShop de savoir si les jeux téléchargeables et les DLC seront très consommateurs d’espace. Pour autant, il ne nous a pas semblé possible d’installer les jeux sur le disque local, comme on peut le faire sur une Xbox 360 ou une PS3.
Le lecteur optique – au format mange-disque, comme sur la Wii – aura donc tendance à faire un peu de bruit, rejoint dans cette tâche par le gros ventilateur positionné à l’arrière de la bête. Par ailleurs, à en croire plusieurs sites Web, dont iFixit, l’intérieur de la Wii U contient beaucoup de vide. On ne peut pas dire que Nintendo ait cherché à optimiser son design industriel. L’adaptateur électrique en est une autre preuve. Sans atteindre la taille de celui de la première Xbox 360, il est énorme et représente presque un tiers du volume de la console.
Dans le reste du carton d’emballage on trouve d’autres éléments plus ou moins accessoires. L’ensemble – berceau, manette, console et même les petites cales pour tenir la console verticale – donne une impression de finition honnête mais un peu au rabais malgré tout. Ainsi, chaque secousse du Wii U Gamepad est accompagnée d’un petit grelin grelot qui provient du léger jeu dans les touches et le pad directionnel.
La star du jour
Le Wii U Gamepad a lui aussi droit à son chargeur indépendant. On pourra soit le connecter directement à la manette pour continuer à jouer en la chargeant, soit le brancher à une station d’accueil, qui n’est pas sans rappeler celle de la 3DS première du nom. D’ailleurs la mablette de la Wii U a en commun avec les premiers modèles de 3DS d’offrir une autonomie assez réduite. Comptez environ 3h avant de voir clignoter l’indicateur de recharge. C’est court.
Ergonomie du Wii U Gamepad
Pour autant, mis à part un petit temps d’adaptation nécessaire au vu de la disposition des boutons à la verticale des sticks analogiques, la prise en main de la manette est agréable. Son plastique un peu léger fait de son poids un avantage pour les longues sessions de jeu. L’écran tactile de 15,7 cm de diagonale s’avère lui réactif – même si le fait d’être confronté à une interface monotouch est parfois un peu surprenant dans une ère où le multipoint est roi.
La résolution de 854×480 points, à environ 158 ppp, en ratio 16/9, est très satisfaisante pour jouer. Même si les petites icônes auront tendance à être pixellisées et certains éléments des graphismes comme entourés d’un petit flou.
Un gamepad, des usages
A l’usage, le Wii U Gamepad mérite toutefois son rôle de star de la console. Si on cherchait à dresser une classification, on pourrait dire que son écran est utilisé de trois manières. Comme écran étendu, comme écran concurrent et enfin comme écran déporté. Dans le premier cas, on y affiche des informations complémentaires à l’écran principal. Cela peut être un inventaire ou même, dans certains titres, un moyen de voir au-delà de la limite d’affichage du téléviseur.
L’écran concurrent est typiquement au cœur de l’asymétrique gameplay en multijoueur tant vanté par Nintendo. Un joueur voit, sur la manette, une interface différente de celle de ses camarades qui eux regardent le téléviseur.
Enfin, l’écran déporté est une duplication de l’affichage principal. La meilleure illustration est bien entendu une partie solo de New Super Mario Bros. U. Dans ce contexte, le Wii U Gamepad peut tout simplement remplacer le téléviseur si on souhaite libérer ce dernier pour d’autres usages. C’est à ce moment d’ailleurs qu’on demeure un peu frustré. Frustré que le Wii U Gamepad ne soit qu’une manette et pas une console autonome. Frustré de ne pas pouvoir plus s’éloigner de la Wii U, comptez trois ou quatre mètres, un peu plus sans obstacle. Frustré même de ne pas pouvoir en profiter sur la Wii… Avec la question coup de cœur d’une membre de la rédaction novice en terme de console : « mais pourquoi je ne peux pas juste avoir la manette ? J’ai déjà une Wii. »
L’ambiguïté de la relation Wii U et Wii U Gamepad
Autrement dit, l’œil inexpérimenté ne voit pas forcément l’apport de la console au-delà de la manette. Le fait que la Wii U soit donnée pour être au moins aussi puissante que la Xbox 360 n’y fait rien. Car, en définitive, les graphismes HD (mais pas Full HD) sont agréables. Ils flattent nos rétines habituées aux pixels de plus en plus petits, mais leur apport n’est pas toujours flagrant. Zombi U pourtant très honnête graphiquement est de ceux-ci. Just Dance 4 est également le genre de jeu qui peut s’accommoder de décors assez peu détaillés. En fait, la Wii U arrive trop tard pour pouvoir séduire par ses graphismes tant nous sommes habitués à la HD et tant la Wii était un OVNI sur ce point.
Bref, Nintendo a encore du travail pour faire comprendre que sa Wii U, ce n’est pas que le Wii U Gamepad, c’est un couple indissociable, qui a besoin de la puissance de l’une pour animer l’autre.
On peut même dire que la Wii U sans son gamepad n’a pas grand chose d’attirant. Ce qui focalise donc l’attention sur le Wii U Gamepad. Or, le Wii U Gamepad est utilisé de manière très différente selon les jeux, avec plus ou moins d’inspiration. Plutôt moins, pour les adaptations de jeux déjà disponibles, ce qui devrait toutefois tendre à être moins fréquent. Ce qui signifie que l’intérêt du Wii U Gamepad, dans certains jeux, n’est pas toujours évident et conséquemment ne justifie pas que le joueur opte pour la Wii U. Conclusion lourde de conséquences pour une console qui se lance sur le marché.
Parfois, pire, l’usage du Wii U Gamepad donne l’impression que la tablette est une fausse bonne idée, une sorte de gimmick, comme a pu l’être l’utilisation systématique de la Wiimote. Heureusement à d’autres, il devient évident que c’est une réussite et une vraie bonne idée.
En revanche, les éditeurs, et Nintendo le premier, devront faire attention à l’avenir à éviter la confusion introduite par ce double écran. Parfois, on ne sait simplement plus lequel regarder. Le téléviseur ou le gamepad ? Et cela commence dès la configuration de la console, preuve qu’il y a encore du travail de conception et de pédagogie d’un côté et un besoin de s’habituer de l’autre.
Un potentiel prometteur
En définitive, la Wii U est une console qui semble pleine de potentiel. Le problème est qu’une bonne partie de ce dernier n’est pas encore présent. Au-delà des manques liés à la version non mise à jour que nous avons testée, qui ne proposait pas de multimédia ou de services en ligne, la Wii U manque encore de jeux qui font envie et sauter le pas. Pire, on sait par expérience qu’une grosse partie de ce potentiel de séduction future repose sur Nintendo et un petit groupe d’éditeurs qui seront capables de produire des titres moteurs. Tout n’est pas perdu, toutefois, des titres phares existent déjà. Zombi U, Nintendo Land et New Super Mario Bros. U sont de bons prétendants à ce rôle d’incitateur à l’acte d’achat. Pour autant, à l’heure actuelle, le prix de la console de Nintendo semble encore un peu trop élevé, pour craquer sans réfléchir.
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