C’est une attaque frontale de Nintendo contre Yuzu, un célèbre émulateur de sa console Switch, et contre les émulateurs en général. Le géant des jeux vidéo a porté plainte contre Tropic Haze LLC, le créateur de Yuzu, devant un tribunal américain le 27 février dernier, rapporte le journaliste américain Stephen Totilo sur X. La firme japonaise a littéralement décidé de faire disparaître cet émulateur open source, qui permet à des utilisateurs de passer par des ordinateurs ou des smartphones Android pour faire tourner des jeux Switch. Les émulateurs permettent de reproduire les fonctions des consoles, en interprétant et en décodant les jeux vidéo.
Jusqu’à présent, l’émulation des jeux n’est pas illégale en soi, à partir du moment où l’on possède la console et le jeu en question. Elle permet de continuer de jouer à des jeux ou des consoles qui ne sont plus commercialisés. Mais ce qui a particulièrement agacé Nintendo est que Yuzu a permis à des joueurs de jouer à The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom avant sa sortie officielle, ce qui lui aurait constitué un manque à gagner important, argue la société dans sa plainte.
Yuzu accusé de « faciliter le piratage à grande échelle »
Dans l’action en justice de Nintendo, Yuzu est accusé de « faciliter le piratage à grande échelle ». Concrètement, Nintendo reproche à Yuzu de donner un véritable mode d’emploi, bien trop détaillé, pour contourner les mesures de protection et les techniques de chiffrement de la console ou des jeux. De quoi permettre de faire fonctionner sans Switch – la console étant toujours commercialisée – les jeux de l’éditeur, dont Tears of the Kingdom. L’émulateur propose aussi des liens vers plusieurs systèmes externes, qui « cassent » directement les techniques de chiffrement de la console ou des jeux.
Pour Nintendo, Yuzu viole ses droits d’auteur, Yuzu étant « principalement conçu » pour contourner plusieurs clés de chiffrement de la Switch, en permettant à ses utilisateurs de jouer à ses jeux. Yuzu violerait les dispositions anti-contournement d’une loi américaine, le « Digital Millennium Copyright Act (DMCA) ». Pour l’entreprise, « il n’existe aucun moyen légal d’utiliser Yuzu pour jouer à des jeux Nintendo Switch ». En achetant un jeu Switch, l’utilisateur ne pourrait jouer à ce jeu que sur une console Switch non modifiée, est-il soutenu dans la plainte. Ses auteurs ajoutent que « Nintendo a le droit de décider si et quand entrer sur le marché des jeux pour des plates-formes autres que sa propre console ».
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Le géant japonais demande des dommages et intérêts salés, en plus d’ordonner que Yuzu cesse ses pratiques. Mais ce n’est pas tout : l’entreprise veut littéralement « effacer » l’émulateur. Elle demande à ce que ses noms de domaine, ses URL, ses forums de discussion, ses comptes sur les réseaux sociaux et ses disques durs soient supprimés…
Pour un avocat interrogé par le média américain ARS Technica, les arguments développés par Nintendo ne sont pas tout à fait exacts. Un contrat de licence n’imposerait pas de manière absolue à ce que le jeu acheté soit strictement limité à la Switch – un point que le tribunal devra trancher.
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Source : Tweet de Stephen Totilo